par Benoit Basirico
- Publié le 16-06-2019Hans Zimmer signe la musique de son premier film d'animation, et son unique pour Disney avant de les enchainer par la suite chez DreamWorks (Le prince d'Égypte, Spirit, Gang de requins, Madagascar, Kung Fu Panda). A chaque fois que Disney renouvelle son compositeur, c'est dans l'objectif d'un changement d'ère. Ici, Hans Zimmer succède à Alan Menken qui opérait depuis 1989 et trois films. Mais malgré le succès de cette partition (qui gagna un Oscar), il s'agira d'une collaboration unique avec le compositeur et Menken reviendra sur les films suivant du Studio.
L'une des singularités de cette partition revient aux différentes collaborations du compositeur, avec le chanteur sud-africain Lebo M, qu'il avait déjà invité sur THE POWER OF ONE (1992), histoire d'un boxeur en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale, avec la pop-star anglaise Elton John sur plusieurs chansons originales, ou bien Nick Glennie-Smith & Mark Mancina à la musique additionnelle. Ce partage de la B.O marque l'aube d'un renouveau de la musique de film initié par Hans Zimmer depuis la création du Studio MediaVentures (aujourd'hui Remote Control), démarche qui s'intensifiera par la suite.
L'autre particularisme de l'approche du compositeur allemand est de négliger l'illustration mécanique des mouvements ou enjeux des images, mais davantage de capter l'âme global du film. Il le fait en convoquant les chants africains pour illustrer la savane (peuplées de nombreuses girafes, antilopes, hippopotames, éléphants et oiseaux), à travers de véritables hymnes à la vie sauvage et au règne animal, sans oublier de magnifier les superbes paysages dessinés ou de soutenir les scènes d'action (des lionceaux pourchassés, un troupeau de gnous déferlant dans le canyon à l'annonce d'une tempête, ou encore le combat final) avec la répétition de motifs de cuivres et des choeurs massifs.
Enfin, avant de devenir incontournable à Hollywood (auprès de Christopher Nolan) dans un sound-design permanent et une approche sonore de la musique se détournant des thèmes, Hans Zimmer parvient avec ce film d'animation à faire exister des mélodies, notamment celle qui accompagne le lionceau Simba, et ainsi favoriser l'empathie pour ce personnage. Pour transmettre sa solitude et sa naïveté, il choisit d'employer astucieusement la flûte en soliste, instrument fragile qui parcourt toute la partition comme la présence continue du jeune héros.
par Benoit Basirico
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