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par Benoit Basirico
- Publié le 17-06-2019Kenji Kawaï retrouve le japonais Mamoru Oshii sur une animation après PATLABOR (1989), MAROKO (1990) et PATLABOR 2 (1993) et reprend son style électronique planant au service de cette aventure animée futuriste. Ses sonorités à la fois enveloppantes (nappes atmosphériques, tout droit sorties du score de "Blade Runner" par Vangelis) et rythmiques (avec des tambours au son métallique) approfondissent l'univers cyberpunk du film. Il ajoute au synthétiseur des choeurs féminins pour convoquer l'humanité des cyborgs et installer une étrangeté. Cette vision musicale singulière participe à une dimension métaphysique, lorsque le chant énigmatique (écrit dans un ancien japonais sur des harmonies bulgares) questionne les origines, et le sens de la vie.
Cette voix prend toutes les formes, d'une version a capella elle devient lyrique, et touche au spirituel. Associée à des textures aériennes (presque new-âge), elle invite à la méditation, elle nous berce, et parcourt le film sans altération en fonction du récit. Cette nature méditative et mélancolique dans la partition épouse un chemin parallèle, et semble atténuer la violence lors de l'affrontement brutal. En décalage, lente et calme, la musique se nourrit d'éléments organiques (cordes, bruitages, guitare hispanisante) pour distiller des traces d'une humanité enfouie au sein d'un monde technologiquement avancé. Kenji Kawai retranscrit l'intériorité du personnage et participe à l'élaboration d'un véritable conte philosophique, précurseur de "Matrix", ou "Surrogates".
par Benoit Basirico
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