Disparition : Angelo Badalamenti, immense mélodiste et l'un des plus grands sentimentaux du cinéma

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par Benoit Basirico
- Publié le 13-12-2022




Le compositeur Angelo Badalamenti est mort à l'âge de 85 ans. Il restera pour toujours associé au cinéma de David Lynch pour lequel il a signé l'une de ses premières partitions pour le cinéma, "Blue Velvet" (1986) à l'âge de 49 ans (précédé de seulement deux longs métrages signés sous pseudo 12 ans plus tôt). Il a contribué largement à l'adjectif "lynchienne" pour désigner cette musique planante, inquiétante, au bord de l'étrangeté, mis en contraste avec des instants jazz plus feutrés. Cette collaboration fait partie des plus incontournables du cinéma, allant jusqu'à la série ("Twin Peaks") et le domaine de la chanson. On se souvient de la voix spectrale de la chanteuse Julee Cruise, récemment disparue en juin 2022.

Mais il ne faut pas réduire le compositeur à ce tandem. Il a pu apparaitre dans d'autres filmographies, notamment 5 films - autant que pour Lynch en dehors de l'univers "Twin Peaks" - pour l'américain Paul Schrader ("The Comfort of Strangers", "Witch Hunt", "Les amants éternels"...), pour les français Jean-Pierre Jeunet ("La Cité des enfants perdus") pour lequel il a contribué à un récit sur la première guerre mondiale ("Un long dimanche de fiançailles"), Josée Dayan ("Cet amour-là "), et Nicole Garcia pour le drame "Un Adversaire", l'anglais Danny Boyle ("La Plage"), la néo-zélandaise Jane Campion ("Holy Smoke") ou encore le brésilien Walter Salles ("Dark Water").

Il a su être un véritable compositeur de cinéma, capable de s'adapter aux univers très divers, aussi bien illustrer la romance (avec le bouleversant thème romantique "Dark Lolita" dans la Palme d'Or "Sailor et Lula") que l'épouvante ("The Wicker Man" de Neil LaBute, "Freddy 3 : Les Griffes du cauchemar").

Il avait aussi le double talent de grand mélodiste et d'immense faiseur d'atmosphère. Il savait comme personne dilater un thème, presque indiscible, camouflé dans un climat singulier, qui nous hante étrangement, au point que celui-ci nous attrape par surprise et que l'émotion puisse jaillir profondément. C'est pour cela qu'il était l'un des plus grands sentimentaux du cinéma. Avec ses notes, Laura Palmer fait palpiter notre coeur et une moindre image colorée de sa musique nous chavire. 

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par Benoit Basirico

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