LA PEAU DOUCE (1964) : la flûte de Delerue

peau-douce2020051417, - LA PEAU DOUCE (1964) : la flûte de Delerue


par Benoit Basirico

- Publié le 04-03-2020




Il s'agit de la troisième collaboration sur les dix films du tandem. Georges Delerue retrouve en effet son cinéaste fétiche François Truffaut après "Tirez sur le pianiste" (1960) et "Jules et Jim" (1962), dont il reprend ici le thème du triangle amoureux. Pierre (Jean Desailly) s'éprend de Nicole (Françoise Dorléac) tandis que son épouse Franca (Nelly Benedetti) découvre cette liaison. Le ton du film est à la fois tragique et passionné.

La partition de Delerue oscille ainsi entre le lyrisme d'un thème d'amour pour flûte soliste et cordes et la tristesse d'un thème aux violons, avec flûte traversière et harpe. Le compositeur traduit l'ambiguïté latente au centre du récit. Les gestes de tendresse dans le film sont parfois illustrés par des sonorités pudiques qui suggèrent la montée du désir, et à d'autres instants contrariés par une certaine légèreté ironique que vient appuyer l'insouciante flûte traversière. L'instrument semble traduire une forme d'incertitude chez le personnage masculin partagé entre les deux femmes.

La musique dit le contraire de ce qui se joue à l'image. Évitant tout soutien romantique à l'histoire amoureuse, elle prend acte du drame conjugal. La flûte semble aussi provenir d'une autre époque. Par son emploi anachronique et son ton désinvolte, elle renvoie l'adultère à son tabou ancestral pour mieux installer le discours progressiste du cinéaste à partir de cette jeune femme qui vit naturellement ses amours, tout en refusant la vie de couple. L'instrument soliste contribue enfin à l'économie de moyens du film, aux décors dépouillés, et au récit ténu.

par Benoit Basirico


En savoir plus :

Vos avis