Concert : Hans Zimmer à Gand (Belgique)

10 octobre 2000

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Texte et Photos du concert et de la répétition : Sylvain Rivaud

- Publié le 10-10-2000




En octobre 2000, Hans Zimmer donnait à Gand (Belgique) le premier concert de sa carrière. Sylvain Rivaud (rédacteur de CInezik) y était, et cinq ans avant la naissance du site, écrivait déjà son impression de cet événement. Voici le texte qu'il a rédigé à l'époque. Depuis, Hans Zimmer ne s'est produit sur scène qu'à l'occasion de ciné-concerts autour d'un film (Spirit, The Dark Knight, Inception), mais n'a jamais réitéré l'expérience d'un concert-carrière tel que celui-ci.

En deux mots : Eclectique ! Epoustouflant !

Accompagné de Quentin Billard et Maxime Marion, tout deux rédacteurs du site français Goldenscore, j'ai eu l'impression de vivre un grand moment de la carrière de Hans Zimmer ! Qualificatifs pour ce concert : éclectique, émouvant, enlevant... unique !

Hans Zimmer était donc bien au rendez-vous... tout comme Lisa Gerrard (l'incroyable voix dans Gladiator et M:I 2), Heitor Pereira (guitariste pour M:I 2), Pete Haycock (pour la guitare électrique dans Thelma & Louise) ainsi que John Powell (compositeur de la BO de Volte/Face et de Chicken Run) sans oublier le chef d'orchestre (et compositeur de BO à ses heures) Dirk Brossé et son orchestre de la Radio Belge Flamande... Avec tout ça je peux vous dire que ce fut impressionnant ! Nous avons même eu droit à une petit intervention de monsieur Morgan Freeman en personne (Miss Daisy et son chauffeur, Seven, Les Evadés, Deep Impact...), invité spécial du Festival du film de Gand...

Quentin, Maxime, et moi nous sommes retrouvés vers 14 h 30 à Gand (après de longues heures de train en ce qui me concerne). Nous sommes directement allés au Kuipken Concert Hall, la grande salle de spectacle où a lieu le concert le soir même à 20 h 00. Entre 15 h 00 et 16 h 00 devait se produire la répétition générale du concert, en présence, bien sûr, de Zimmer et ses confrères, et de Dirk Brossé et son orchestre. La répèt' n'était malheureusement ouverte qu'aux journalistes ou personnes munies d'appareil photo. Comme j'étais le seul avoir mon appareil à ce moment, je dû quitter Quentin et Maxime et assister seul à la répèt' (notre négociation en franglais avec le type de la sécurité fut vaine : "One person for one camera". OK, tant pis...).
Ce fut une grande émotion lorsque j'entrai dans les tribunes alors que l'orchestre répétait le merveilleux thème de TRUE ROMANCE. Zimmer était sur scène, et allait et venait en fermant les yeux, et agitant ses bras au rythme de la musique, comme pour apprécier l'interprétation de Dirk Brossé. Comme j'étais trop loin pour prendre des photos potables avec mon petit appareil photo, je redescendis et contournai la salle par l'extérieur afin de passer par la trappe qui mène jusqu'à la scène et aux places des VIP (Very Important Persons, les invités qui n'ont pas payés leur place et se retrouvent aux premiers rangs !).

Les premiers rangs VIP étaient occupées par la dizaine de journalistes et photographes de presse déjà présents, qui allaient et venaient le long de la scène leur gros reflex à la main. Moi j'avais vraiment l'air de petit amateur qui semblait avoir filtré les types de la sécurité, avec mon petit appareil automatique zoom 38-76mm (je n'avais pas pris mon reflex perfectionné avec téléobjectif 300mm, ce que je regrette un peu maintenant), et mon gros sac à dos sur les épaules...
Cela ne m'empêcha pas, comme les autres, de prendre des photos de la répèt'. Ce fut vraiment très émouvant de voir Hans Zimmer "en vrai" et en plein dans son travail musical, tantôt donnant des conseils à ses collaborateurs (Powell, Pereira...), tantôt donnant des instructions au chef d'orchestre Dirk Brossé. A peine fus-je arrivé qu'ils répétèrent "Journey to the Line", l'un des meilleurs extraits de ma BO préférée, THE THIN RED LINE (La Ligne Rouge). J'en tremblais d'émotion tellement j'attendais ce moment depuis ma découverte de ce film et de cette musique incroyable. A un moment, Zimmer sauta de la scène pour prendre du recul et donner des instructions à la régie, située au fond du parterre VIP. Il se balada dans les tribunes, comme pour apprécier le son dans la salle. Quelques instants plus tard, voici qu'arrive Suzanne Zimmer, la femme du compositeur, qui ne l'avait semble-t-il pas vue depuis son départ de Los Angeles.

Il était déjà presque 16 h 00, et après avoir grillé toute une pellicule 24 poses et commencé une autre, je dû quitter la salle avec regret pour retrouver Quentin et Maxime à la sortie du Kuipken Concert Hall. Ce que je regretta encore plus, car ils n'étaient pas au rendez-vous... Ils étaient partis chercher la Fnac de Gand, située à l'autre bout de la ville et n'avaient pas encore eu le temps de revenir... Bref, nous nous sommes finalement retrouvés à 17 h 00, et nous sommes allés reserver notre hôtel pour la nuit.

Nous sommes revenus au centre ville vers 19 h 00 pour manger un casse-croûte dans un snack. Nous nous en sommes un peu mordus les doigts, car comme snack on a vu plus rapide... En effet nous avons eu notre croque-monsieur plus d'une demi-heure après commande, ce qui fait que nous avons dû le manger en cinq minutes pour être à l'heure au concert, qui commençait à 20 h 00 précises. Evidemment quand nous sommes rentrés dans la salle de concert, elle était déjà comble de plus de 2000 personne (je pense), ce qui ne nous a pas empêché de trouver nos places, qui étaient réservées. En ce qui me concerne j'étais au premier rang (ceci dit à 20 ou 30 mètres de la scène, les nombreuses places VIP étant entre les deux !). Quentin et Maxime étaient un peu plus haut. Vers 20 h 05, les lumières s'éteignent et les deux écrans géants placés de chaque côté de la scène s'allument. Zimmer fait son entrée dans un fracas d'applaudissement après que se soient installés tous les musiciens. C'est parti pour près de trois heures de bonheur...

Pour commencer, Zimmer s'est éclaté dans la musique de "DRIVING MISS DAISY", jouée en l'honneur de Morgan Freeman, acteur de ce film et assis au premier rang lors du concert... Puis, le président du Festival a déclaré ouvert le 27ème Festival du film de Gand et annoncé Morgan Freeman, qui nous a fait un petit speech dont je n'ai pas compris grand chose, car je ne suis malheureusement pas encore parfaitement bilingue (pas de traduction française simultanée, bien sûr...). Bref, il en a profité pour serrer la pince à Zimmer qui s'est remis à son synthé pour se préparer à jouer l'un des grands moments du concert : CRIMSON TIDE (si je me souvient bien c'est à ce moment là). Le morceau joué, "Roll Tide", est l'un des meilleurs de l'album, c'est vous dire qu'on frissonnait pendant que l'orchestre commençait à jouer l'air magnifique d'une des partitions emblématique du Zimmer des années 90. Ce fut très majestueux, surtout grâce aux choeurs chantant l'hymne "Eternal Father Strong to Save" à la fin. On regrettera tout de même le petit couac des cuivres qui ont plutôt mal joué le thème principal (au moment où ça pète bien), car c'était un peu sacadé. Mais bon, on peut pas trop leur en vouloir... C'était beau quand même !

Si je me souviens bien, ce fut ensuite le meilleur moment du concert : THE THIN RED LINE. Que dire sinon que c'est une musique incroyable qui vous prends au plus profond de vous même. L'interprétation de l'orchestre était parfaite... La salle était remplie d'une harmonie parfaite que seul cette partition sait rendre. Je dois vous avouer que quelques larmes sont venues me titiller tout au long du morceau ("Journey to the Line, qui dure plus de 9 minutes et que j'avais entendu à la répèt'), tellement c'était beau et fort. Et je ne fut pas le seul d'avoir été pris d'une telle émotion. Quel ne fut pas mon bonheur, juste après le fin de ce fabuleux morceau, quand Zimmer a annoncé "Light", un second passage de La Ligne Rouge, que d'adore également ! Deux morceaux de ma BO préférée : j'étais comblé ! Ce second morceau (de plus de 7 minutes) était tout aussi bien interprété, et là encore j'eu les larmes aux yeux tellement la musique était belle. Bref, rien que ces deux morceaux valaient déjà à eux seuls le concert. Zimmer a ensuite interprété (dans le désordre) les fabuleuses musiques de RAIN MAN (version orchestre + synthé, très original et très réussi), NINE MONTH (très belle musique que je ne connaissais pas encore).

Ce fut encore plus impressionnant juste après, lorsque l'orchestre à joué "The Battle" de GLADIATOR, après l'agréable intervention de Lisa Gerrard qui a chanté "The Wheat". Là, on peut dire que l'orchestre s'est surpassé : comme dans le disque, ça a bien pété, et c'était génial (à part la thème du début, qui fut une véritable catastrophe - mais il ne dure que 10 secondes) ! Un super moment de musique, où l'on apprécie d'être au coeur du concert et pas devant une platine CD... Zimmer a ensuite enchaîné "Patricide", et Lisa Gerrard a conclu merveilleusement avec la chanson "Now We Are Free". Un grand moment d'émotion ! Et ce n'était pas fini...

Puis ce fut l'entracte, d'une durée d'environ 20 minutes, pour permettre à tous les fumeurs (y compris Zimmer, sûrement), de s'en griller une, et tous les amateurs de bière de se rafraîchir le gosier (j'en suis un, mais je n'ai pas profité de l'occasion... Bref).

A la reprise du concert, Zimmer a repris son synthé et donné le ton pour l'interprétation du thème formidable de TRUE ROMANCE, joué par trois immenses xylophones. Là aussi, un moment de pur bonheur vraiment inoubliable ! Il a ensuite laissé sa place à son ami le compositeur John Powell (auteur des BO de Volte-Face et Fourmiz) pour interpréter sa dernière production (co-écrite avec Harry Gregson-Williams, visiblement absent), Chicken Run, "egg-cellent music" du dernier film de Nick Park (le papa des célèbres Wallace & Gromit) ! Une musique énergique et pleine d'humour, à l'image même du film (pas encore sorti en salles à l'époque). Zimmer a ensuite repris son clavier tout en laissant la place de soliste à Heitor Pereira, l'excellent guitariste qui a joué les passages de guitare dans Gladiator, mais surtout dans M:I 2 (thème de Nyah). Une formidable musique tendance espagnole, comparable à celle de James Horner pour The Mask of Zorro (mais là c'est du Zimmer !). Vient ensuite un autre grand moment du concert : l'interprétation du thème de THELMA & LOUISE par le guitariste Pete Haycock et sa guitare électrique, celui-là même qui avait enregistré avec Zimmer pour cette BO en 1990. Une musique excellente, douce, où tout le savoir-faire de Haycock ressort à merveille grâce à la magnifique partition de Zimmer. Un grand moment !

Vint ensuite la dernière partie du concert, l'une des plus fortes et des plus intéressantes : l'intervention de Lebo M, chanteur africain qui a collaboré avec Zimmer pour les chants africains de POWER OF ONE et THE LION KING. Accompagné de ses choeurs et d'une chanteuse africaine, il a interprété deux chansons inédites sur le thème de THE LION KING après avoir chanté POWER OF ONE (que je ne connaissais pas). Un moment très chaleureux du concert, d'une très bonne humeur, qui a ravi tout le public qui applaudissait au rythme du chant : c'était vraiment très sympa cette reprise du thème du Roi Lion en chanson africaine (tiré de l'album RYTHM OF THE PRIDE LANDS) !

Puis, Zimmer annonce la fin du concert et s'en va dans un fracas d'applaudissement suivi d'un rappel assourdissant ! Puisque tout le monde était d'excellente humeur, Zimmer revient, bien sûr, accompagné de Lebo M. et de sa bande, pour chanter un nouveau morceau de RYTHM OF THE PRIDE LANDS ! Quel meilleur moment pour terminer ici ce fabuleux concert, qui fut vraiment marqué d'un éclectisme certain. Musique d'action, de comédie, de guerre, de film dramatique, d'humour, musique ethique (africaine et espagnole) : aucun doute, ce concert était sous le signe de la diversité. Même si on regrettera l'absence d'extraits de Backdraft ou The Prince of Egypt, qui étaient pourtant annoncé, c'était quand même génial et unique au monde ! Bravo Hans, bravo Lisa, bravo John, bravo Heitor, bravo Lebo, et bravo Dirk et ton orchestre, vous avec tous été fabuleux et avez parfaitement sû rendre l'émotion des musique de Hans avec enthousiame ! On attend avec impatience la sortie du CD du concert (et oui, il a été intégralement enregistré), et de la vidéo (intégralement filmé aussi !)...

En espérant un jour qu'un tel concert se renouvellera, peut-être en France (on peut toujours rêver), voilà quand même de quoi avoir de bons souvenirs avant longtemps.

Texte et Photos du concert et de la répétition : Sylvain Rivaud


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