A WALK THROUGH H (1977, Michael Nyman), la réincarnation d'un ornithologiste

,@,a-walk-through-h2023082815,nyman, - A WALK THROUGH H (1977, Michael Nyman), la réincarnation d'un ornithologiste


par Julien Mazaudier

- Publié le 07-05-2008




A Walk Through H (Promenade à travers H) est un moyen métrage en 16mm réalisé en 1978. Il s’agit de la présentation d’une série de 92 cartes de pays imaginaires qui mènent l’âme défunte d’un ornithologue vers sa prochaine vie, si l’on croit en la réincarnation. Un voyage labyrinthique qui le conduit jusqu’aux profondeurs du paradis ou de l’enfer. Dans le dictionnaire anglais, la lettre H étant la première lettre d’Heaven (Paradis) et Hell (Enfer). Durant tout le film, la caméra parcourt, sur les murs d’un musée les tableaux cartographiques (peints par Greenaway) morcelés par le cadrage. Le réalisateur inclus en insert, des images d’oiseaux filmés dans les paysages splendides de la région du Wiltshire. La composition de Michael Nyman qui illustre ces cartes est utilisée comme un aspect structurant du montage. Le réalisateur avait demandé à Nyman de composer 5 musiques pour 5 lieux différents comme la campagne, la ville ou le désert. Pour respecter la structure du film, chaque morceau devait être lui-même subdivisé en 10.

Durant la présentation des cartes par le narrateur Colin Cantlie (en off) la musique est très inspirée par la Musique Minimaliste et certaines des premières pièces de Terry Riley dont In C (pour la rythmique des cuivres) ou celle de Philip Glass, Music in Similar Motion (pour la partie jouée au piano). Elle utilise par contre, à la différence de ces compositeurs, de fréquents changements harmoniques ce qui convient parfaitement à la construction du montage étroitement lié au thème musical. A chaque changement correspond un nouveau plan, celui de la découverte d'une nouvelle carte.

Dans l'ouvrage collectif qui lui est consacré, Peter Greenaway. Edition Dis Voir (1987), le réalisateur s'explique sur cette méthode :
"Il existe une première manière d'employer la musique au Cinéma : pour créer une atmosphère, pour amplifier un sentiment. C'est son emploi habituel. Mais ça ne me paraît pas suffisant. La musique doit faire plus. Dans mes films, la musique de Michael Nyman crée l'ambiance, mais elle est aussi une structure du film : elle organise l'information."

Ce qui différencie également Michael Nyman des grandes figures de la musique contemporaine du minimalisme est le lyrisme romantique qu'il intègre à l'orchestre. Le superbe enchevêtrement des cuivres et du piano qui illustre le début du parcours de l'ornithologiste est en ce sens particulièrement révélateur et anticipe déjà sur les futures compositions "habitées" de La Leçon de Piano ou La fin d'une Liaison.

par Julien Mazaudier


En savoir plus :

Vos avis