Star Wars : Episode III - La Revanche des Sith (John Williams), un accomplissement

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par Sylvain Rivaud

- Publié le 01-01-2008




John Williams cloture la prélogie de Georges Lucas avec ce 6e film de la saga. Annoncé comme le film le plus sombre, et rassemblant tous les thèmes, développant l'avènement d'Anakin Skywalker en Darth Wader tout en s'ouvrant vers la trilogie originelle.

Enregistrée en deux semaines début février 2005 au studio Abbey Road de Londres, avec le mythique London Symphony Orchestra et les London Voices (choeurs à qui l'ont doit aussi les voix du Seigneur des Anneaux), cette nouvelle partition de John Williams ressemble encore à un véritable chef d'oeuvre qu'on a pas fini de décrypter tant il semble complexe et bourré de subtilités. On s'y attendait, bien sûr, et on pensait être surpris. C'est tout à fait le cas.

Si le disque d'ouvre avec la traditionnelle fanfare de STAR WARS, rapidement, l'auditeur plonge très vite dans l'action avec une reprise trépidante du thème de A NEW HOPE (1977), qui démontre à quel point Williams a une parfaite maîtrise du rythme et de ses thèmes. Si parfois il évite de développer ouvertement un thème précédent, il s'en rapproche par le rythme ou l'instrumentation, laissant travailler l'imagination et de la mémoire du spectateur, censé avoir digéré les cinq films précédents et connaître - au moins inconsciemment - à quoi tel rythme ou motif fait référence, parmi les dizaines de thèmes issus des opus précédents composés depuis 28 ans.... En ce sens, l'approche de Williams sur ce dernier opus de STAR WARS ressemble davantage à un HARRY POTTER (bourré de thèmes subtils et de motifs réminiscents) qu'à l'un des scores de la trilogie originale (et le très injustement critiqué score de L'Attaque des Clones le laissait déjà clairement entendre).

Les morceaux suivants, plus mélancoliques, développent les états d'âme d'Anakin et sa plongée vers le côté obscur de la Force ("Anakin's Dream"). Des nappes sombres à la MINORITY REPORT et des thèmes trépidants à la HARRY POTTER & THE PRISONER OF AZKABAN enrichissent ses moments importants (notamment le puissant choeur de "Battle Of The Heroes", véritable thème principal de La Revanche des Sith). Jouant tantôt la carte de la douceur et de la mélancolie, tantôt celle de l'emphase qui a fait son succès, John Williams accouche dès les premières minutes d'une oeuvre ambivalente et torturée, exactement dans l'esprit du film tel qu'il est attendu.

Dans "Palpatine's Teachings", des voix d'hommes caverneuses et oppressantes surprennent : développant alors une atmosphère plus sombre que jamais (avec la reprise de nombreux motifs de A HEW HOPE), Williams illustre avec brio ce qui semble bien être la naissance de l'Empereur et de son pouvoir sur Anakin. Dans "Padmé's Ruminations", il surprends encore plus avec une voix féminine à connotation orientale, sur fond de nappe quasi-synthétiques hypnotisantes. Clairement, les âmes des personnages jadis sages et droits se corromptent, s'évadent et quittent la raison. La folie les guettent tous, sans exception.

Un seul Jedi semble résister à cette tendance : Obi-Wan. Dans son affrontement tant attendu avec Anakin, John Williams se surpasse totalement ("Anakin vs. Obi-Wan"). Le thème de "Battle Of The Heroes" revient en force, mêlé des premières notes de la Marche Impériale, véritable hymne d'un Lord Vader naissant. A la fois héroïque et torturé, mêlant choeurs et cuivres puissants à de sombres nappes de cordes, ce moment clé de la saga est également un morceau incontournable de l'oeuvre toute entière.

La seconde partie de l'album est clairement sombre et torturée. A la fois spectaculaire (avec des choeurs énormes) et atmosphérique (avec de nombreuses nappes qui divaguent, allant parfois jusqu'à une certaine atonalité), John Williams emporte littéralement le spectateur au coeur du conflit intérieur des personnages. Car il s'agit ici ouvertement de conflits psychologiques, de lutte avec soi-même ou ses amis, ses confrères, ses amours. Dans "The Immolation Scene", le ton est assurément tragique, déséspéré.

"The Birth Of Twins & Padmé's Destiny" assume une fois de plus ce ton, tandis que "A New Hope & End Credits" clôt l'album en ouvrant l'ensemble (musicalement) sur la trilogie originale, et plus particulièrement l'Episode IV, comme il se doit. Pour finir, les "End Credits", comme à l'accoutumée chez John Williams, rassemblent l'essentiel des thèmes et moments marquants du score dans une grande suite de plus de 11 minutes, illustrant le générique de fin de La Revanche des Sith, non sans une certaine nostalgie évidente, puisqu'il s'agit-là de l'ultime score de John Williams pour la saga de Georges Lucas.

Décidément, l'oeuvre de John Williams gagne en profondeur et en complexité d'année en année, à un point carrément hallucinant. On reste sous le choc de musique en musique. Si la saga cinématographique STAR WARS, qui fit le succès de John Williams comme celui de Georges Lucas, s'achève ici, on est encore en droit d'attendre de nombreux chef d'oeuvre de la part du maître hollywoodien, notamment le prochain WAR OF THE WORLDS pour Steven Spielberg. La légende continue !

par Sylvain Rivaud


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