Atlantis (Eric Serra), la danse des profondeurs

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par David Reyes

- Publié le 01-01-2008




Après Le Grand Bleu (1988) et Nikita (1990), Atlantis, documentaire sous-marin de Luc Besson, est était pour Eric Serra un cap à franchir : l’écriture pour orchestre. 

Mais toutes les bases musicales de l’univers musical de Serra sont maintenant posées, et l’album recèle quelques perles qui sont encore marquées par la fascination des vrais violons et l’émotion de ces premiers instants.

Dès le début, Serra nous indique clairement qu’il n’abandonne pas ses synthés, mais qu’ils sont désormais les bases d’une musique qui n’attend qu’un orchestre pour la sublimer. Quand après une minute d’atmosphère, l’orchestre éclate dans un crescendo lumineux, l’émerveillement est total, autant pour lui que pour nous. On sent de suite qu’il base son orchestre sur les cordes et les bois, travaillant sur l’enchevêtrement des sonorités feutrées ; et les emprunts à Debussy ou à Ravel témoignent du bon goût d’un compositeur qui s’inscrit résolument dans une approche orchestrale à la française, et Serra restera toujours fidèle à cette écriture.

Très peu de thèmes dans cette musique, mais des ambiances suffisamment riches pour qu’on s’y laisse bercer ; et pour concurrencer le symphonique, les synthés exhibent des sonorités plus travaillées et plus abouties que dans Nikita, voire même Le Grand Bleu. Néanmoins, un morceau comme "Legend of Manatees" (qui passerait presque pour une musique de documentaire bon marché dans son début) est symptomatique du fait que Serra a atteint ses limites (provisoires) dans l’utilisation des sons synthétiques "mélodistes", car seul un orchestre est désormais capable d’exprimer pleinement ses émotions.

Serra brasse tout, n’est pas à l’abris de quelques faux pas (les gémissements dans "Time to get your lovin’"), mais il témoigne toujours d’une grande attention envers l’osmose avec l’image, surtout que dans ce film la musique raconte la moitié de l’histoire… Peut-être un peu dépassé par son challenge, l’album s’essouffle vers la fin ("Shark Attack") – en se basant principalement à nouveau sur les synthés - avant d’aboutir à la musique vitreuse de "The Realms of Ice" et son superbe final, qui nous fait émerger de cet océan de bonheur dans lequel nous étions plongés.

Mais c’est "The Snake" qui est sans conteste le point fort de l’album. Lancinante, envoûtante et sensuelle, la musique qui épouse les mouvements du serpent est toute en finesse, supportée par un ensemble de percussions méticuleusement agencé, et les couleurs orchestrales confèrent douceur et exotisme à l’ensemble. Quel contraste avec le rock un peu daté d’"Iguana Dance", dans lequel les synthés paraissent bien naïfs, surtout lorsque l’orchestre fait à nouveau son apparition…

Il faut donc écouter cet album comme un témoignage des premiers pas symphoniques d’Eric Serra. Du coup, la fascination de certaines plages se double d’une sensation bien plus générale, présente sur tous l’album : le compositeur aime profondément la musique, et il est prêt à aller toujours plus loin pour parvenir à s’exprimer. 

par David Reyes


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