Le Silence des agneaux (Howard Shore), atmosphères glaciales

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par Quentin Billard

- Publié le 01-01-2008




Première collaboration entre Howard Shore et le réalisateur Jonathan Demme avant de se retrouver une seconde fois deux ans plus tard sur PHILADELPHIA (1993).

Après plusieurs scores sinistres pour David Cronenberg (The Brood, Scanners, Videodrome, The Fly, Dead Ringers, etc...) et d'autres partitions mineures, Howard Shore marquait une fois de plus le coup avec le glacial score de 'The Silence of The Lambs', un score sombre, lent et dramatique à la fois évitant les clichés de la musique atonale habituelle pour se concentrer autour d'une musique au tempo lent, très rarement agité et assez dramatique d'esprit. Entièrement orchestrale sans utiliser le synthétiseur, la partition de Shore se construit autour d'un seul et unique thème, un motif de 8 notes en forme d'arche qui intervient durant tout le film pour suivre la longue et pénible mission de Clarice Starling. Dès le Main Title, Shore pose les bases. Cordes, cuivres graves et vents sont de la partie pour créer une atmosphère lente, plutôt dépressive, le générique de début permettant au compositeur d'amorcer son thème principal. Plutôt glaciale, la musique de Shore crée un climat morose et sombre à la fois, une atmosphère plutôt dépressive dépourvu de toute émotion, si ce n'est une certaine forme d'inquiétude. En évitant certains clichés traditionnels de musique de thriller (Craig Armstrong procédera un peu de la sorte pour 'The Bone Collector'), Shore arrive à créer une atmosphère déprimante très forte dans le film. En évitant tout tempo rapide ou toute agitation orchestrale, le compositeur canadien arrive à restituer l'ambiance dramatique du film sans oublier l'aspect psychologique qui se fond à travers la musique de Shore (après tout, Clarice se bat pour oublier 'le cri des agneaux' à travers cette mission difficile. Tout l'intérêt dramatique de sa mission réside autour de cette femme fragile et vulnérable, soumise à la peur mais néanmoins déterminée à aller jusqu'au bout.). Que ce soit au début du film (on pense à la scène où Clarice retrouve la tête de l'un des anciens patients d'Hannibal Lecter où Shore développe particulièrement le thème principal au sein de son écriture orchestrale favorisant des sonorités sombres et froides en même temps) ou vers le dénouement de l'histoire, le score de Shore conserve toujours cette atmosphère de lenteur vaguement moribonde qui devient de plus en plus forte au sein du film.

La musique se veut par moment plus inquiétant sans jamais céder le pas à la terreur pure et dure. C'est avec un travail orchestral important (cordes froides bien mises en avant et sonorités plus sombres à l'aide de bassons, cors, etc.) que Shore arrive à retranscrire l'inquiétante scène de l'asile au début du film ou la fragilité du personnage de Clarice Starling à qui le thème principal semble être dédiée comme une sorte de leitmotiv du personnage. Lorsque Buffalo Bill enlève la fille dans la camionnette, la musique devient un peu plus sombre, plus insistante. Le seul véritable moment de terreur est illustré durant la scène où Hannibal s'échappe de sa prison en tuant sauvagement les deux gardes. C'est le seul véritable moment de terreur du score. N'oublions pas non plus de mentionner la musique très tendue accompagnant la confrontation finale entre Clarice et le tueur dans le sous-sol obscure de sa maison. Shore arrive à faire progressivement monter la tension à l'aide d'un crescendo orchestral insistant digne de ce que sera le futur score de Se7en, 'The Silence of The Lambs' amorçant déjà le style thriller de Shore dans le milieu des années 90.

Le finale du film est probablement le morceau le plus inquiétant du score. Développant une écriture orchestrale troublante (arpèges de vents basés sur les premières notes du thème principal avec des cordes aiguës assez froides et inquiétantes à la fois), le 'Finale' du score apporte une touche troublante à la conclusion de cette atmosphère musicale lente et sombre que Shore a crée pour ce film. La musique accompagne la conclusion du film alors qu'Hannibal est dans un autre pays et qu'il suit la trace de sa future victime. Sinistre, inquiétant et sombre à la fois, ce final aux cordes extrêmement froides conclut le score de manière très sombre, tout en laissant cette histoire en suspend. Aucun happy-end ici, on reste sur une note plutôt sombre, en adéquation avec le climat musical très fort dans le film.

Troublante, inquiétante, parfois tendue et toujours lente, sombre et dramatique en même temps, la musique de 'The Silence of The Lambs' n'est pas une BO très facile d'accès. A part un seul et unique thème principal qui risquera de passer clairement inaperçu à la première écoute, il n'y aucun repère particulier auquel se raccrocher à l'écoute de ce score si ce n'est aux orchestrations très réussies et à l'atmosphère plutôt étouffante que la musique crée dans le film. Indissociable de la réussite de la mise en scène, la musique contribue à renforcer l'atmosphère morose et sombre du film avec le style typique de Shore pour ce genre de film. Assez psychologique et lente, la musique du compositeur canadien reste un modèle du genre, et ce même si le score ne brille pas d'une originalité particulière.

par Quentin Billard


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