Scream 2 (Marco Beltrami), résonances macabres

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par Quentin Billard

- Publié le 01-01-2008




Marco Beltrami retrouve Wes Craven après le premier opus "Scream" (1996). Marco Beltrami n'apporte aucune nouveauté particulière à sa partition si ce n'est l'utilisation de pièces pour guitare clairement inspirées du 'Broken Arrow' de Hans Zimmer et associées dans le film au shérif Dewey Riley (David Arquette). En fait, 'Broken Arrow' a été imposé par les temp-tracks du score, mais il faut croire que la production était tellement amouraché de cette musique qu'elle décida de racheter les droits de la musique de Zimmer pour utiliser carrément les morceaux originaux dans le film. 

En revanche, le score de 'Scream 2' s'impose une fois encore par la qualité de certains morceaux de terreur, à commencer par l'inoubliable 'Stage Fright Requiem' qui reprend une idée similaire de la fin du prologue de 'Scream' pour le superbe prologue de 'Scream 2' (un autre grand moment d'anthologie cinématographique!), c'est-à-dire un déchirant requiem pour choeur et orchestre accompagnant la scène du meurtre dans la salle de cinéma au début du film (une sorte de métaphore qui semble directement culpabiliser le spectateur lui-même vis-à-vis de la violence au cinéma). Après un bref passage de style pop moderne, la musique s'enfonce rapidement dans la terreur pure avec une nouvelle apparition du thème du tueur (absent dans la sélection des morceaux de 'Scream' mais déjà présent dans le prologue de 10 minutes du premier score) malmenée ici par des trompettes aiguës dissonantes qui créent une véritable sensation d'horreur, débouchant sur le requiem poignant dans lesquelles les voix et l'orchestre semblent hurler de toute leur force leur tristesse de voir le monde ravagé par la connerie humaine. Spéculation due à une sensibilité personnelle exacerbée ou simple constatation véridique? Qu'importe, le résultat est là et avec 'Stage Fright Requiem', Marco Beltrami annonce une nouvelle grande partition qui fera date dans sa carrière promise à un bien bel avenir.

La terreur est à nouveau au rendez-vous avec les massifs 'Hairtrigger Lunatic' (confrontation finale) ou la fin de 'Dewpoint and Stabbed', mais en dehors du macabre 'Cici Creepies' pour la scène où le tueur harcèle la jeune Cici (Sarah Michelle Gellar) au téléphone - excellent morceau de suspense jouant sur les effets de cordes et l'atonalité sinistre - c'est bel et bien 'Love Turns Sour' qui s'impose ici par sa puissance orchestrale redoutable. Si le début du morceau commence de manière calme au son de la guitare associée à Dewey (scène où il est sur le point de faire l'amour à Gale dans la scène de l'amphithéâtre vide), la musique bascule très vite dans la terreur lorsque le tueur se montre et commence à poursuivre Dewey et Gale. On retrouve ici une véritable férocité orchestrale avec les orchestrations massives et spectaculaires chères à Beltrami, avec, ici, un point d'orgue émotionnel dans la scène où le tueur poignarde Dewey dans le dos, face à une vitre incassable derrière laquelle se trouve Gale, qui assiste avec horreur à la scène, impuissante. On retrouve ici les choeurs poignants de 'Stage Fright Requiem' et la terreur repart de plus belle lorsque le tueur tente d'attraper Gale derrière la vitre, mais en vain. 'Love Turns Sour' est donc sans aucun doute le morceau-clé du score de 'Scream 2' au même titre que le superbe 'Stage Fright Requiem'. A noter pour finir que le compositeur Danny Elfman a apporté sa brève contribution au film en écrivant 'Ca ssandra's Aria', morceau orchestral typique du compositeur et entendu dans la scène où Sidney joue dans la pièce de théâtre.

Marco Beltrami a imposé une véritable identité sonore dans les deux premiers épisodes, identité sonore qu'il concrétisera une dernière fois pour 'Scream 3', dernier épisode de la trilogie horrifique de Wes Craven. Celui qui fut autrefois l'élève du grand Jerry Goldsmith a enfin réussi à percer dans le milieu de la musique de film, et il ne fait nul doute que sa contribution à cette nouvelle génération de films d'horreur hollywoodiens trouvera largement écho dans le futur. 

par Quentin Billard


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