Interview B.O : Fabrice Aboulker, Composer pour le petit écran

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Interview réalisée le 28 novembre 2008 à Paris par Benoit Basirico - Publié le 04-01-2009




Compositeur dans plusieurs répertoires : chansons de variété (en collaboration avec Marc Lavoine depuis 1983), thèmes et chansons de spectacles, musiques de films et de séries d'animation. En 1993, il sort un album instrumental "La Cinquième Saison". La même année, il compose pour le film "Quand j'avais 5 ans je m'ai tué" et en 2004 pour "Mariages !", puis pour plusieurs séries d'animation pour la jeunesse ("Spirou & Fantasio"), et la série TV "Les Bleus".

"Vaut mieux être sur une série récurrente pour TF1 que sur un metteur en scène qui se prend pour Kubrick".

Cinezik : Quels ont été vos débuts dans la musique de télévision ?

Fabrice Aboulker : Ce sont des métiers de réseau, et mon réseau m'a fait démarrer avec un de mes meilleurs amis, Thibaut Chatel, producteur et réalisateur de films d'animation, qui est un ami d'enfance, et un jour il m'a contacté pour faire une série pour TF1 (SOS Croco), il savait que j'étais en difficulté car je venais de me séparer de ma collaboration avec Marc Lavoine, il voyait que j'étais en danger dans mon métier, et il m'a branché sur cela. Et de là s'est ouvert un long couloir de gens autour de moi qui m'ont fait confiance.

Quelle est la particularité de composer pour la télé ?

Que tu composes pour la télé, le cinéma ou la chanson, tu te mets toujours devant ton instrument et il faut que l'émotion sorte. Que ce soit composer pour un petit de cinq ans ou une opérette pour des vieux de 70 ans, le problème reste le même, il faut être inspiré, avoir quelque chose à raconter, et que cela intéresse les autres. Au départ, tout commence par un problème artistique, il y a un metteur en scène qui a des choix, des envies. Je parle avec lui, je lui propose des choses, on essaie de se mettre d'accord sur les images, et quand le film est fait, la chaîne intervient et peut avoir son mot à dire. Tout dépend de l'implication et de l'audace du metteur en scène pour faire respecter ses choix ou pas. Concernant la musique, tout existe, je peux me retrouver à écrire avant même que le film n'existe, ou au dernier moment pour rattraper le film 15 jours avant la sortie.

La liberté du choix musical est-elle la même à la télé et au cinéma ?

C'est un mot qui n'existe pas pour moi "la liberté". Dans n'importe quel domaine, le cinéma, la télé, dans la vie, nous sommes toujours formatés. Tout dépend du rapport avec le metteur en scène. Je fais de la musique personnelle surtout quand je la fait pour moi. Quand j'ai fait mon album instrumental qui s'appelle "La cinquième saison", là j'ai fait une musique qui me ressemblait à 100%. Après, quand on est sur un film, on est au service du film.
Il y a des compositeurs avec un fort univers, toujours le même, ils ont la chance d'avoir quelque chose d'unique, ce qui n'est pas mon cas. Je viens du monde de la mélodie et de la chanson, mais concernant l'univers sonore, je peux m'adapter et m'amuser dans des domaines différents. Après, les musiques de télévision font rarement plus de 40 secondes, d'où l'intérêt d'avoir un thème vraiment fort, le thème n'est pas développé, en trois notes tu dois l'identifier.

En tant que mélodiste, vous faite appel à des orchestrateurs ?

Je travaille toujours en collectif, jamais seul, j'aime l'idée qu'on soit plusieurs, d'être dans une équipe. Quand on fait appel à moi, on fait aussi appel à une équipe qui est autour de moi. Je suis un peu comme un chef d'équipe, comme dans une équipe de foot. Quand un metteur en scène a une envie très précise de musique qui implique un certain savoir faire, je fais appel à des gens qui savent vraiment faire ce style là. C'est de la production sonore.

Entre la télé, le cinéma, la chanson, qu'est ce qui est pour vous le plus valorisant ?

C'est avant tout la chanson, quand une chanson est chantée dans les cours d'école, ce que j'ai vécu, c'est très valorisant, on reconnaît ton travail, alors que la musique d'une série TV, tout le monde s'en fout. Mais il vaut mieux être sur une série récurrente pour TF1 que sur un metteur en scène qui se prend pour Kubrick et qui fait un très mauvais film de cinéma. Il vaut mieux être riche et en bonne santé que pauvre et malade. (rires)

Interview réalisée le 28 novembre 2008 à Paris par Benoit Basirico

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