Interview B.O : Les Fragments de la nuit

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Entretien réalisé par Benoit Basirico, le 12 juillet 2008 à Paris - Publié le 17-09-2008




Les Fragments de la Nuit est une jeune formation créée en 2005 à l’initiative de Michel Villar (piano) et d’Ombeline Chardes (violon), compositeurs pour l’image. Afin d’adapter leurs créations musicales pour la scène, ils décident de monter un quintet composé de trois violons, d’un violoncelle et d’un piano et présentent en public leurs bandes originales de film (court-métrages, moyen-métrages, films d’animation).

"Interaction entre une forme d'académisme et une forme plus marginale"

Ombeline Chardes et Michel Villar (sur la photo) nous parlent de leur formation LES FRAGMENTS DE LA NUIT à l'occasion de la sortie de leur premier disque, "Musique du crépuscule" (Equilibrium Music), une compilation regroupant quelques-unes de leurs compositions pour l'image et marquant un fort univers cinématographique.

Cinezik : Quelle est l'origine de votre formation ?

Michel Les Fragments de la nuit, c'était à la base Ombeline et moi, au piano et violon. On a commencé avec des BO pour de jeunes réalisateurs indépendants qui nous ont commandé une musique de film. On n'avait pas alors l'idée du quintet qui allait se former par la suite. Puis les réalisateurs nous ont demandé de jouer la musique en live, donc on a monté un orchestre, avec au final cinq personnes, un piano, trois violons et un violoncelle, ce qui forme le quintet des Fragments de la nuit.

Ombeline : On s'est dit qu'un quatuor de corde avec Michel au piano était la formation optimale pour transmettre notre musique.

Avez-vous commencé en pensant à l'image ?

O. : Au début, on composait ensemble dans notre coin puis on a proposé notre musique à des réalisateurs car on aime le cinéma. Ce qui est bien dans la musique de film, c'est que c'est joué tout de suite et le travail avec les réalisateurs est intéressant.

Ce sont donc les réalisateurs qui vous ont incité à jouer en live...

O. : Les réalisateurs aimaient notre musique et voulaient la voir jouer en live en projetant le film derrière, comme un ciné-concert.

M. : Mais quand on composait, on jouait déjà pendant que le film se déroulait avec le réalisateur, on faisait toutes les séquences en live avec lui pour savoir ce qu'il en pensait, donc on s'était déjà habitué à l'exercice.

C'était donc de l'improvisation face aux images ?

M. : Non, on préparait notre musique en regardant plusieurs fois la séquence avant de la jouer.

O. : En fait, on s'entraînait à jouer plusieurs fois sur la même séquence en faisant play sur le lecteur DVD.

M. : On a commencé avec "De L'Ordre des Rouages et des Ombres", un moyen métrage de Viktor Miletic de 55', qui a été projeté dans des festivals, puis une série de documentaires sur l'art brut de Rémi Dufour (comprenant le film "Entre Ciel et Fer") dont un DVD se trouve dans le musée d'art brut de Paris.


Parlez-nous de votre disque qui regroupe ces compositions pour l'image...

M. : Ce disque "Musique du crépuscule" reprend en compilation des thèmes de musiques de films que nous avons composés. Il y a aussi des musiques extraites d'un parcours que nous avons fait pour le centre des monuments nationaux, un parcours en image et musique à l'intérieur d'un château. Puis d'autres titres ont été composés uniquement pour l'imaginaire. C'est notre premier disque avec une sortie internationale car le label est étranger et distribue à travers l'Europe.

Ce disque reflète votre identité. Comment définiriez-vous cette couleur très particulière qui se dégage de votre musique ?

M. : Il y a une complémentarité entre des arrangements classiques, et une pulsation qui rejoint les sphères du rock ou d'autres styles. C'est une musique libre qui ne s'inclut pas dans un segment musical particulier. Le label a décidé de nous mettre dans le style néo-classique, mais nous sommes dans une interaction entre une forme d'académisme et une forme plus marginale.

O. : On peut tout entendre dans cette musique et rien en même temps. Si un auditeur décide d'écouter une musique de répertoire, il entendra des influences d'Eric Satie, de Debussy, ou de Chostakovitch, et si un auditeur a une oreille rock, il entendra du Godspeed Black Emperor et des riffs de violoncelles...

Comment vous vous organisez tous les deux ?

O. : C'est comme s'il y avait une seule main qui écrit. C'est une alchimie. On joue au ping pong.

M. : Ca ne peut pas exister autrement, c'est une complémentarité.

O. : On ne peut pas nous demander de faire cette musique tout seul. C'est comme couper une jambe à un coureur et lui demander d'aller aussi vite.
Nous souhaitons approfondir notre propre style, mais faire des partenariats nous intéressent aussi, je pense pas exemple aux Daft Punk, nous aimerions composer un album ensemble. Nous avons déjà repris pour un concours "Technologic" des Daft Punk pour quatuor et piano.

M. : C'est amusant de reprendre une musique minimaliste et de la transcrire avec nos instruments pour la rendre plus symphonique.

Un long métrage est-il prévu ?

M. : Il y en a un en cours dans lequel le quatuor joue.

O. : C'est "Une Famille... clef en main" de Jean-François Davy, et on joue physiquement un titre dans le film.

 

Entretien réalisé par Benoit Basirico, le 12 juillet 2008 à Paris

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