Cinezik.org : Comment êtes-vous arrivé à la musique de film ?
John Kaada : Un de mes copains de lycée, Arild Ommundsen, est devenu réalisateur. Quand il a commencé à faire des pubs et des courts métrages, je l'ai accompagné sur ses projets. Il a continué et est devenu doué, et était très libre dans sa manière de concevoir un film. J'ai donc été amené à composer beaucoup de musiques étranges. Tout était permis, tous les deux nous voulions révolutionner le cinéma ! Ha ha ! En 1999, il a commencé à réaliser son premier long métrage, MONGOLAND, sur lequel nous avons travaillé pendant deux ans. La musique était un peu crade, vieille, inspirée des années 50.
Le film et la musique ont eu beaucoup de succès en Norvège en 2001, et à partir de là, les films ont commencé à arriver. Faire de la musique de film, et faire de la musique tous les jours, a toujours été un rêve. Je n'ai eu qu'à attendre, et je m'attends à ce que les offres s'arrêtent un jour. Mais pour l'instant ce n'est pas le cas. J'ai été très chanceux jusqu'à présent de faire la musique pour 14 bons films. C'est le job le plus cool du monde, surtout quand on le combine avec les tournées et les concerts !
Comment avez-vous travaillé avec Bent Hamer, le réalisateur de LA NOUVELLE VIE DE MONSIEUR HORTEN ?
Hamer m'a juste appelé un jour, et m'a demandé si on pouvait se rencontrer. Il est l'un de mes réalisateurs favoris, j'ai été fan de lui dès que j'ai vu son film KITCHEN STORIES. On s'est mis d'accord assez rapidement, et j'ai commencé à travailler sur la musique en me basant sur son script. Le thème principal du film et la séquence d'ouverture étaient plus ou moins prêts avant même le tournage.
Vous semblez avoir un certain goût pour les sonorités étranges... Quels sont vos choix d'instruments ?
Je ne pense pas vraiment à l'avance à quel genre de musique je vais faire. J'essaie simplement d'élargir mes compétences, et de développer ma propre voie pour chaque projet. Le style de ce film en particulier m'a permis d'expérimenter différents instruments à cordes d'Europe de l'est. Cela m'a semblé juste et pouvoir s'adapter parfaitement avec l'atmosphère étrange du film et avec le personnage principal.
On a lu et entendu à Cannes, où le film était présenté dans la sélection « Un Certain Regard », que votre musique était la meilleure du festival cette année...
Il est toujours agréable de constater une certaine attention à la musique. Mais ce qui reste le plus important est que le film fonctionne.
Quels sont vos projets ?
J'ai un peu arrêté la musique de film depuis quelques mois déjà. C'est beaucoup de travail de faire un film, et on ne sait jamais ce qui va arriver. LA NOUVELLE VIE DE MONSIEUR HORTEN a été une musique de film facile à faire, grâce à l'expérience de Bent Hamer et au fait que j'ai très vite compris où il voulait que la musique aille. Mais pour nous, compositeurs de musique de film, il est facile d'oublier de développer notre propre musique - de sorte que ces prochains mois je vais me consacrer à l'enregistrement d'un nouvel album qui sortira en mars 2009. Je vais également faire quelques concerts de piano solo à travers le monde.