Interview B.O : Mark McKenzie, A propos de THE GREATEST MIRACLE

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Interview réalisée par Xavier Ducamp - Publié le 17-10-2011




Il débute en tant qu'orchestrateur de Danny Elfman, Alan Silvestri et John Powell avant de commencer la composition dans les années 90 sur des séries B, puis collabore avec Michael Landon Jr en 2007 (UN MONDE A PART, THE LAST SIN EATER). En 2011, il écrit la musique d'un film mexicain, THE GREATEST MIRACLE (El gran milagro), premier film d'animation de Bruce Morris qui fut animateur chez Disney.

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Cinezik : Comment vous êtes-vous retrouvé à composer pour le film d'animation en 3D, THE GREATEST MIRACLE ?

Mark McKenzie : J'ai eu quelques projets durant ces dernières années. J'ai tout d'abord composé le générique de début et de fin de "The longest running", une série TV qui a reçu de très bonnes critiques. J'ai également travaillé sur JAMAA, un film humanitaire produit par "World Vision" destiné à aider les orphelins de victimes du SIDA en Afrique. Cela fait déjà quelques temps que je n'ai pas composé pour un long métrage dans lequel je pourrais créer une fresque musicale.
Malheureusement, avec la crise économique, quelques-uns de mes projets n'ont pas trouvé de financements. Mais parfois, l'attente peut être une bonne chose, et dans le cas présent, je pense que ça l'a été. J'ai été intégré au projet THE GREATEST MIRACLE grâce au réalisateur Doug Lefler avec lequel j'ai travaillé sur "Dragonheart : A New Beginning" qui m'a recommandé au réalisateur Bruce Morris. Quand j'ai rencontré Bruce, et les producteurs Claudia Nemer et Pablo Barroso, il y a eu une vision partagée qui s'est développée en quelque chose de spécial.

Quelles étaient vos références et choix spécifiques pour composer cette partition ?

M. McK. : La priorité était de créer quelque chose d'émotionnellement fort. Pour capter l'attention d'un spectateur ou d'un auditeur, il est préférable de faire jouer leur sensibilité, tout en respectant leur intellect. J'ai su d'instinct que les thématiques riches et universels de l'amour, de l'espoir, de la guérison, de la paix et de la rédemption m'aideraient. J'ai su également que le chœur Libera (ndlr : Le chœur Libera est un ensemble britannique composé de garçons) apporterait la bonne tessiture à l'orchestre et renforcerait la trame émotionnelle contenue dans le film.
Nous avons engagé 129 musiciens, ce qui fait un sacré ensemble pour une sonorité dense. J'ai été très satisfait du résultat final. La musique apporte un peu de beauté à ce monde.

Quels ont été les challenges auxquels vous avez été confronté pour ce film d'animation ?

M. McK. : J'ai considéré que la meilleure approche était de le traiter en tant que film et non pas à la manière de Carl Stalling (ndlr : compositeur connu pour ses musiques de dessins animés). Cette partition a de nombreux thèmes, qui se mélangent, se croisent sous toutes les tournures, en ayant toujours pour référence la thématique dramatique. Les thémes supportent l'histoire tout comme Wagner le faisait avec ses leitmotivs.

Quels étaient les moments les plus intenses et les plus intéressants dans la composition de THE GREATEST MIRACLE ?

M. McK. : Le processus de création de THE GREATEST MIRACLE a connu de nombreux moments extraordinaires, coïncidences, que je considère un peu comme des "petits miracles". Tout d'abord, il y a eu une très grande synergie avec le réalisateur Bruce Morris et les producteurs. Leur bienveillance et leur enthousiasme à propos de chaque morceau étaient au service d'une vision commune. Il y a eu des coïncidences mathématiques inhabituelles. J'ai souvent fait des choix de tempo qui tombaient exactement à des moments du film où la musique avait besoin de changer de personnage. J'ai découvert qu'une mesure musicale s'accorde parfaitement à une image de façon invraisemblable au 1/500e de seconde. Lors ma première rencontre avec Pablo, il m'a signalé qu'il aimait les chœurs Libera alors que je venais justement d'assister à un concert Libera dont j'avais rencontré le directeur, Robert Prizeman. Les choses se sont accélérées depuis ce jour et nous avons pu obtenir le chœur Libera pour les enregistrements, alors qu'un énorme blizzard s'abattait sur Londres. Une partie de ces enfants habitants loin, il était impossible pour eux de se rendre aux enregistrements. D'un certaine manière, les parents de 17 enfants ont pu trouver un moyen de les amener, bravant le froid et la neige, un engagement, une détermination et une ténacité, proche du miracle !! Le chef d'orchestre Gordon Johnson (directeur musical du groupe symphonique des Great falls et président de la guilde des Chefs d'orchestre), est venu depuis les Great Falls (Montana) pour venir m'aider. Il s'est absenté une semaine pour un concert qu'il dirigeait, et a vu son vol de retour retardé à cause du mauvais temps. Le lendemain matin Gordon s'est miraculeusement retrouvé au studio d'enregistrement à 10h00 précise du matin, à la seconde près, et son interprétation de mon travail a été magnifique.

Est-ce que votre participation à THE GREATEST MIRACLE a été motivé par la perte familiale récente que vous avez eu et pour laquelle nous vous adressons toutes nos condoléances ?

M. McK. : Merci beaucoup. Cette perte n'a pas d'incidence sur mon choix car c'est arrivé lorsque j'avais déjà terminé le projet. J'étais en train de composer "Go in Peace". J'ai perdu mon très proche cousin lorsque j'étais en train de composer ce morceau de musique, et ça semblait correspondre à ce que je souhaitais, ce qui m'a conforté dans l'idée de finir de composer ce morceau, à ce moment-là. Ce qui m'a inspiré pour composer le reste de la musique c'est l'histoire du film en elle-même, son contenu, sa substance. "L'histoire, l'histoire, l'histoire !!" était ma devise, avec laquelle Bruce Morris était tout à fait d'accord. La musique, bien entendu, est secondaire et doit soutenir les émotions, un peu comme les calques d'une ligne éditoriale subliminale.
THE GREATEST MIRACLE traite de trois individus blessés par la vie qui trouvent en eux les ressources pour s'en sortir avec l'aide d'anges qui leur font découvrir l'Amour, l'espoir, la guérison, la paix et la rédemption.

Quelles ont été vos réactions en écoutant votre suite de THE GREATEST MIRACLE pour le concert qui a été dirigé par Roque Baños en avant-première à l'occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse qui se sont déroulées à Madrid ?

M. McK. : Roque a réalisé une splendide performance de la suite de 12 minutes que j'avais faite pour cette occasion pendant que le Pape Benoit XVI était en visite pendant ce rassemblement. C'est toujours un plaisir de rencontrer de nouveaux amis musiciens, Roque et son orchestre de 80 musiciens accompagnés de 100 choristes, sont devenus véritablement de vrais amis ! Rien ne me rend plus heureux que de composer de nouvelles musiques avec des amis que j'apprécie, et j'invite qui veut me rejoindre sur ma page de fan sur Facebook "Mark McKenzie Music". Cela me permet de garder le contact avec ceux qui écoutent ou aiment ma musique.

Vous avez orchestré plus de 100 films pour de grand compositeurs comme Jerry Goldsmith, John Williams, John Barry, Danny Elfman ou Alan Silvestri. Comment ces expériences vous ont aidé à développer vos propres compositions ?

M. McK. : Il n'y a aucun doute que le sens musical, la connaissance du métier, le génie ainsi que la personnalité de ces hommes, au même titre que Bruce Broughton, Marc Shaiman, John Powell, Randy Edelman, Cliff Martinez et bien d'autres que j'ai omis de mentionner ont eu un impact sur ma vie artistique. Je suis très reconnaissant que ces grands noms m'aient accordé leur confiance en partageant leur musique, et que dans nos relations, ils m'aient encouragé et permis d'évoluer plus vite que si j'étais resté à travailler de façon indépendante.

Qu'est-ce que vous pourriez considérer comme étant votre projet musical rêvé ?

M. McK. : Quelle bonne question ! Je rêve souvent de films indépendants, des films épiques qui ont une forte portée émotionnelle et dramatique. Je recherche également celui qui me fera une bonne proposition pour un bon concert, au bon moment avec de bons artistes et un cadre idéal.

 

Interview réalisée par Xavier Ducamp

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