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Cannes 2025

,@,Cannes 2025,agent-secret2025041002,a-light-that-never-goes-out2025050317,alpha2025041019,classe-moyenne2025022301,venue-de-lavenir2025041020,laurent-dans-vent2025050317,lucky-lu2025051022,danse-des-renards2025042502,vie-apres-siham2025050315,once-upon-a-time-in-gaza2025041715, - Journal des B.O de Cannes #4 : L'agent Secret, A Light That Never Goes Out, Classe Moyenne, Lucky Lu...


par Benoit Basirico

- Publié le 23-05-2025




Cette sélection des musiques entendues dans les films vus des différentes sections du festival présente quelques coups de cœur (à la fois musicaux et cinématographiques). On y entend Cette sélection des musiques entendues dans les films vus des différentes sections du festival présente quelques coups de cœur (à la fois musicaux et cinématographiques). On y entend les sonorités vibrantes et polyphoniques de Mateus Alves et Tomaz Alves Souza pour "L'Agent secret", la musique expérimentale et intra-diégétique composée par le réalisateur Lauri-Matti Parppei lui-même pour "La Lumière ne meurt jamais", les notes burlesques et électro de Clémence Ducreux pour "Classe moyenne", l'élégance minimaliste de Charles Humenry pour "Lucky Lu", ainsi que l'approche sensorielle et texturée de Pierre Desprats pour "La Danse des Renards". Ces créations originales se mêlent parfois à des pépites préexistantes, allant de la samba brésilienne au disco international, en passant par des figures tutélaires comme Ennio Morricone ou une sonate de Ravel.

Coups de Coeur (Films et Musiques originales)

L’Agent secret (Kleber Mendonça Filho ) ★★★★★ - BO : Mateus Alves, Tomaz Alves Souza 

[En compétition]

Mateus Alves et Tomaz Alves Souza retrouvent le réalisateur Kleber Mendonça Filho après "Bacurau" (2019) pour ce thriller qui se déroule au Brésil en 1977 et suit Marcelo (Wagner Moura), un homme d’une quarantaine d’années fuyant un passé trouble, qui arrive dans la ville de Recife où le carnaval bat son plein. Il vient retrouver son jeune fils et espère y construire une nouvelle vie, c’est sans compter sur les menaces de mort qui rôdent. La musique reprend le contexte du carnaval avec percussions et flûtes, ainsi que des instruments classiques et jazz (trompettes, flûte, clarinette, fagot, violoncelles, contrebasse, trombone, piano, Rhodes et orgue), pour élaborer une continuité musicale vibrante et polyphonique qui façonne activement l'atmosphère du film et contribue, par sa nature percussive, à l'énergie anarchique du récit. On y entend également un mélange éclectique de musique brésilienne des années 60 et 70, allant de la samba et du forró à la MPB, ainsi que des succès internationaux disco et soul de la même période, avec des artistes notables comme Vinicius de Moraes, Chicago, Donna Summer et Ângela Maria. Ainsi que "Guerra e pace, pollo e brace" de Ennio Morricone. 

La Lumière ne meurt jamais (Lauri-Matti Parppei ) ★★★★ - BO : Lauri-Matti Parppei 

[ACID]

Lauri-Matti Parppei signe les musiques de la chronique finlandaise qu'il réalise, qui relate l'histoire de Pauli (Samuel Kujala), un flûtiste classique qui retourne dans sa ville natale après une dépression nerveuse, et trouve un réconfort inattendu à travers la musique expérimentale, aux côtés d'Iiris (Anna Rosaliina Kauno), une ancienne camarade de classe. La musique essentiellement composée par la cinéaste (hormis une sonate de Ravel) est intra-diégétique, jouée par les acteurs à l'image, intégralement enregistrée en direct. Dépourvue de commentaire musical traditionnel, le film emploie la musique comme un moyen d'expression des personnages, comme leur thérapie. Elle devient le vecteur principal des émotions et des transformations du flûtiste. Elle permet d'explorer la dépression avec un humour pince-sans-rire, et de représenter une confrontation avec une autre culture – de l'apprentissage classique et perfectionniste à la rébellion créative du noise-rock expérimental utilisant des objets du quotidien. Le passage de la flûte classique au chaos libérateur constitue la métaphore sonore du parcours de guérison de Pauli, tandis que des instants de comédie et une dimension absurde sont soulignés par cette musique incomprise. Interview à venir

Classe moyenne (Antony Cordier ) ★★★★ - BO : Clémence Ducreux 

[Quinzaine des Cinéastes]

Clémence Ducreux signe la musique de la comédie satirique d'Antony Cordier qui relate comment Mehdi (Sami Outalbali), issu d'un milieu modeste, invité pour l'été dans la somptueuse villa de ses beaux-parents, voit un conflit éclater entre la famille (Laurent Lafitte, Elodie Bouchez) de sa fiancée (Noé Abita) et le couple de gardiens (Laure Calamy, Ramzy Bédia), pensant pouvoir apaiser la situation, il la voit s'envenimer. La partition joue sur la confrontation de deux mondes, à travers un piano utilisé sous forme de fugue pour exprimer à la fois le burlesque, le comique, et l'élégance bourgeoise, complété par des titres électro qui s'immiscent dans le récit de manière inattendue et marquante. Plutôt que de soutenir les tensions et le malaise croissant, la musique cherche l'ironie. Interview à venir

Lucky Lu (Lloyd Lee Choi ) ★★★ - BO : Charles Humenry 

[Quinzaine des Cinéastes]

Charles Humenry retrouve Lloyd Lee Choi après leur collaboration sur le court-métrage "Closing Dynasty" (2023), pour la musique de ce drame américano-canadien qui relate les déboires de Lu Jia Cheng (Chang Chen), un immigré chinois livreur à vélo à New York, dont l'existence précaire bascule lorsque son unique gagne-pain, son vélo électrique, lui est dérobé. Cette crise survient alors que sa femme et sa fille, qu'il n'a pas vues depuis des années, arrivent d'Asie pour le rejoindre. S'engage une course désespérée de 48 heures, principalement dans Chinatown, pour récupérer son bien. La musique élégante et gracieuse de cordes et clarinette cherche à témoigner d'une certaine bonté, évitant habilement le pathos, en contraste avec le contexte, en mettant en lumière l'expérience immigrante de manière émotionnellement honnête, et tisse un lien avec les sons de la ville, dans une approche minimaliste et texturée.  Interview à venir

La Danse des Renards (Valery Carnoy ) ★★★ - BO : Pierre Desprats 

[Quinzaine des Cinéastes]

Pierre Desprats ("Les Garçons Sauvages") signe la musique du premier film de Valéry Carnoy, qui nous plonge dans un internat sportif où le jeune boxeur prodige Camille (interprété par Samuel Kircher) se prépare pour une compétition majeure mais voit son destin basculer après un accident. En proie à des crises d'angoisse, il remet en question sa carrière. Il s'échappe dans une forêt qui prend une dimension presque magique, issue du royaume de l'enfance. La musique propose de soutenir la résilience, illustrant l'esprit de compétition, le sentiment mêlé de gagner et de perdre, tout en exprimant des sentiments enfouis que la virilité de ce monde masculin tait. À travers une approche sensorielle et texturale, à l'image de son travail sur "Olga" d'Élie Grappe (2021, autre récit sportif dans le monde de l'athlétisme), où il matérialisait musicalement les sensations physiques, le compositeur traduit l'intériorité complexe de Camille et son récit initiatique à travers les timbres numériques (synthétiseur Osmose) et acoustiques (viole de gambe, vielle à roue, sa propre voix samplée), naviguant entre étrangeté, mélancolie et mélodies lumineuses, avec des sonorités parfois morriconiennes, pour mettre le spectateur en forte empathie avec le protagoniste. À noter que Camille entretient un lien particulier avec une étudiante en taekwondo qui joue de la trompette. Interview à venir

 

Autres présences musicales (originales)

La Vie après Siham (Namir Abdel Messeeh ) ★★★ - BO : Clovis Schneider 

[ACID]

Clovis Schneider signe la musique du documentaire franco-égyptien de Namir Abdel Messeeh qui retrace le parcours personnel du réalisateur qui, suite au décès de sa mère, Siham, explore son histoire familiale entre l'Égypte et la France. Namir enquête sur son histoire familiale entre l’Égypte et la France. Avec le cinéma de Youssef Chahine comme compagnon de route, cette histoire d’exil et d’amour se dessine est illustrée par un piano en ostinato sur un rythme allant de l'avant, contrastant le deuil pa run ton cocasse. Dans cette quête à la première personne où la caméra devient un personnage à part entière dans ce récit, la partition contribue à marquer une dérision salvatrice et une distance sur l'intime.  Interview à venir

Laurent dans le vent (Anton Balekdjian, Léo Couture, Mattéo Eustachon ) ★★★ - BO : Léo Couture 

[ACID]

Léo Couture signe la musique de la comédie dramatique française d'Anton Balekdjian, Mattéo Eustachon et lui-même, témoignant de la polyvalence de l'artiste au sein de ce collectif créatif où il est également co-scénariste et ingénieur du son. Le film relate l'histoire de Laurent (Baptiste Perusat), un jeune homme de 29 ans qui, sans travail ni logement, cherche un sens à sa vie et atterrit dans une station de ski déserte hors-saison. Il s’immisce dans la vie des rares habitants qu’il rencontre, notamment des personnages interprétés par Béatrice Dalle et Djanis Bouzyani, avant de se retrouver piégé par l'arrivée des touristes avec l'hiver. La partition sinueuse tisse un fil rouge à travers le récit avec un motif de corde récurrent, parfois rejoint par un sifflement, accompagnant le vagabondage et l'errance du personnage. Elle se caractérise par une intégration profonde avec la narration, un mélange de subtilité atmosphérique et de moments d'expression émotionnelle plus marquée, ainsi qu'une utilisation du morceau ""Desaparecido" de Manu Chao.  

Once Upon a Time in Gaza (Arab Nasser, Tarzan Nasser ) ★★ - BO : Amine Bouhafa 

[Hors-compétition]

Amine Bouhafa signe la musique du film palestinien d'Arab et Tarzan Nasser (qui avaient fait appel à Andre Matthias pour "Gaza mon amour" en 2021) pour cette comédie policière située à Gaza aux alentours de 2007, période marquée par la prise de pouvoir du Hamas et le blocus israélien. Le film relate l'amitié entre un étudiant rêveur et un dealer charismatique, alors qu'un flic corrompu s'apprête à compromettre leur trafic. La musique intègre des lamentos plaintifs de trompette, un sifflement et une guitare (à la manière d'Ennio Morricone), ainsi que d'amples mouvements de cordes et des percussions. Elle évite les clichés de l'orientalisme et instille de l'ironie et de la farce en juxtaposant des thèmes héroïques à des situations absurdes.

La Venue de l’avenir (Cédric Klapisch ) ★★ - BO : ROB (Robin Coudert) 

[Hors-compétition]

ROB (Robin Coudert) fait la rencontre de Cédric Klapisch (qui faisait auparavant fidèlement appel à Loïk Dury) sur ce drame familial qui relate les retrouvailles de quatre membres d'une famille (Zinedine Soualem, Abraham Wapler, Vincent Macaigne, Julia Piaton) chargés de faire l'état des lieux d'une maison abandonnée qu'ils reçoivent en héritage, ce qui les amène à explorer la vie d'une ancêtre, Adèle (Suzanne Lindon), dans le Paris de 1895. La partition multifacette relie les deux époques du film, 1895 et 2024, tisse le fil de l'intrigue. Elle surgit lors des retours dans le passé, magnifiant les paysages de campagne, et fait le pont avec le présent. C'est notamment le cas lorsque la chanson originale de Pomme, "La Nuit" (interprétée par l'artiste elle-même à l'écran sur le Pont Neuf), est rejointe par l'orchestre pour assurer la transition vers les scènes d'époque. On y entend par ailleurs un mélange éclectique de musique classique (Mozart, Mendelssohn, Schubert, Debussy, Donizetti), d'électro moderne (Sawtooz, Alexzavesa, Bequadro), de titres pop et de variété française (Yvette Guilbert, Léon Malaquais) et de techno (Aphex Twin, Kompromat), reflétant cette diversité d'époques.

Love me tender (Anna Cazenave Cambet ) ★★ - BO : Maxence Dussère 

[Un Certain Regard]

Maxence Dussère signe la musique du drame français d'Anna Cazenave Cambet adapté du roman éponyme de Constance Debré. Le film relate l'histoire de Clémence (Vicky Krieps) qui annonce à son ex-mari (Antoine Reinartz), une fin d’été, qu’elle a des histoires d’amour avec des femmes. Sa vie bascule lorsqu'il lui retire la garde de son fils. Pour illustrer le chemin douloureux de cette mère en lutte, la musique introduit le violoncelle rugueux dès l'ouverture, que l'on retrouve à l'identique en clôture, comme si rien n'avait changé pour le personnage. Au coeur du parcours, les fluctuations électroniques proposent une ambiance retenue, douce ou étouffante, qui peut exploser à tout moment pour mieux libérer les émotions de Clémence, accompagnant son désir de vivre. Dans ce film axé sur la parole, cette musique joue surtout en souterrain. 

Alpha (Julia Ducournau ) ★ - BO : Jim Williams 

Jim Williams retrouve Julia Ducournau après "Grave" (2017) et "Titane" (2021), signant la musique de son nouveau drame d'horreur français qui se déroule dans un contexte rappelant l'épidémie de SIDA des années 1980-1990, suivant une jeune femme nommée Alpha (Mélissa Boros), et sa famille (sa mère - Golshifteh Farahani - et son oncle Amin - Tahar Rahim) alors qu'ils sont confrontés à une mystérieuse épidémie transformant les victimes en pierre. La partition se caractérise par des accords menaçants ou liturgiques et l'usage d'un piano frénétique, accentuant le calvaire traversé par les personnages, et appuyant de manière solennelle (aidé d'un choeur) les enjeux liés à la maladie, la transformation corporelle ou encore le traumatisme familial. On y entend par ailleurs le trip hop de Portishead, la musique classique de Ludwig van Beethoven, en passant par le rock psychédélique australien de Tame Impala, une chanson folk kabyle d'Idir et le post-punk de Nick Cave, pour des pastilles formalistes proche du clip. 

Les Aigles de la République (Tarik Saleh ) ★ - BO : Alexandre Desplat 

Alexandre Desplat ("The Grand Budapest Hotel", "La Forme de l'Eau") signe la musique du drame thriller politique de Tarik Saleh. Ce dernier faisait auparavant appel à Krister Linder pour les deux premiers volets de sa "Trilogie du Caire" ("Le Caire Confidentiel", "La Conspiration du Caire"). Pour ce chapitre final, le film relate l'histoire de George Fahmy (Fares Fares), l'acteur le plus adulé d'Égypte, qui, sous la contrainte, accepte de jouer le rôle principal dans un biopic à forte charge politique. Cette mission le plonge dans les cercles intimes et dangereux du pouvoir. La partition de cordes (violon solo, violoncelle solo), bois (flûtes, hautbois, cor anglais), et percussions navigue avec les changements de tonalité du film, passant d'une satire amusante à un thriller tendu, du spectaculaire à l'intime. Elle joue la grandiloquence ironique de la propagande (du film dans le film), puis une atmosphère insidieuse et psychologiquement troublante souligne l'état intérieur des personnages, avec notamment un motif au piano qui pourrait rappeler la musique de David Shire pour "Conversation Secrète" de Coppola. 

par Benoit Basirico


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