Né à Turin en 1926. Décédé à Rome en 2004..
Ses B.O notables : Le Justicier de Dieu ( Franco Lattanzi , 1973) •
Né à Turin le 6 Décembre 1921, Piero Piccioni suivra les traces de son père, alors juge, et exercera la profession d'avocat. Sa passion pour la musique reprenant rapidement le dessus (brillant pianiste et organiste, il aime à se produire devant ses proches), il entamera des études musicales à Florence et s'imposera sur les ondes de Radio Rome dans les années 40 avec son orchestre de jazz (sur le modèle de celui de Duke Ellington ), sous le pseudonyme de Piero Morgan (du nom de sa mère Morengo ), pseudo qu'il conservera jusqu'en 1957.
En 1952, poussé par le réalisateur Michelangelo Antonioni, Piccioni débutera une carrière au cinéma. A cette époque, il se spécialisera dans des scores de jazz et sera d'ailleurs l'un des tout premiers musiciens à répandre la musique de jazz dans l'Italie d'après-guerre. De cette période, on retiendra notamment I Magliari (Profession : Magliari - 1959), second film de Francesco Rosi avec qui Piccioni collaborera pendant plus de 30 ans. I Magliari mêle à la perfection chansons populaires et jazz 60's, un score habile et complexe faisant merveilleusement ressortir toute la saveur populaire du sud de l'Italie et la frénésie de consommation importée des États-Unis. Cette amitié créatrice très productive donnera naissance à de nombreux scores, aujourd'hui considérés comme des classiques, comme Main Basse sur la Ville (1963) dont Morricone dira plus tard que ce fut l'une des plus belles bandes originales jamais écrites, ou encore Le Moment de la Vérité (1964) d'inspiration espagnole, le très romantique La Belle et le Cavalier (1967 - avec Sophia Loren et Omar Sharif) que le compositeur considérera comme l'une de ses plus belles réussites, la partition très électronique deL'Affaire Mattei (1972) et Chronique d'une Mort Annoncée (1986 - leur toute dernière collaboration) avec son sublime et déchirant boléro.
Le cinéma italien des années 60 à 70 aura un fonctionnement à double vitesse où se côtoieront une élite de grands réalisateurs ainsi que toute une production de "seconde zone". Piero Piccioni aura par conséquent l'occasion de composer pour les deux systèmes et de développer une filmographie tout à fait étonnante, passant d'un genre à l'autre avec beaucoup d'aisance. Son nom sera associé à celui d'immenses réalisateurs : Roberto Rosselini, Luchino Visconti, Bernado Bertolucci, Vittorio de Sica, Dino Risi, Alberto Lattuada, Luigi Comencini, Jean-Luc Godard (version italienne de la B.O. duMépris). Mais on le retrouvera également sur des productions secondaires de type westerns spaghetti (Un Colt dans la Main du Diable) ou comédies et thrillers érotiques (le très "lounge" Camille 2000 - adaptation érotique de La Dame aux Camélias - au thème voluptueux ou encore Incontri Prohibiti avec l'acteur Alberto Sordi dont Piccioni illustrera une quinzaine de films.)
Toute la vie de Piero Piccioni a été vouée à la musique. Sa carrière est une magnifique rétrospective du cinéma italien, plus de 30 ans d'histoire où Piccioni aura abordé tous les genres cinématographiques (films politique, westerns, thrillers, érotique, gore…). Retiré du monde cinématographique depuis la fin des années 80, le compositeur a vécu chez lui, à Rome, jusqu'à la fin de ses jours.
Interview B.O : Pierre Desprats (Les Reines du drame, de Alexis Langlois)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)