Réalisé par Alfred Hitchcock
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Nos coups de coeur B.O
B.O en écoute intégrale
Unique collaboration entre John Williams et Alfred Hitchcock pour le dernier film du cinéaste, qui après sa séparation avec Bernard Herrmann, a travaillé avec Ron Goodwin, Maurice Jarre et John Addison.
[© Texte : Cinezik] •
♡ Notre Coup de Coeur B.O
Tracklist (de la BO en CD ou Digital)
1. The First Séance (5:29)
2. Blanche's Challenge (2:09)
3. The Mystery Woman (3:27)
4. The Rescue Of Constantine / The Diamond Chandelier (2:21)
5. Kitchen Pranks (2:08)
6. The Shoebridge Headstone (2:23)
7. Maloney's Visit To The Jewelry Store / Maloney's Knife / The Stake Out (4:58)
8. The Second Séance (2:20)
9. Nothing Held Back (:37)
10. The White Mustang (1:19)
11. Blanche And George (1:17)
12. Maloney's Exit (2:03)
13. Share And Share Alike (:54)
14. The Mondrian Shot / The Revealed Identity (1:47)
15. The Search Montage (3:41)
16. Blanche's Arrival / Blanche's Note (2:29)
17. Blanche Gets The Needle (3:03)
18. Breaking Into The House (5:16)
19. The Secret Door / Blanche Wakes Up (1:39)
20. End Cast (4:14)
21. Family Plot Theme (2:38)
22. The Stonecutter (6:35)
C'est la première et unique fois que le compositeur John Williams
composa pour un film d'Alfred Hitchcock avec « Family Plot ». On raconte
que dans la liste des compositeurs auxquels avait pensé le cinéaste sur
« Family Plot » se trouvaient ainsi Miklos Rozsa, Jerry Goldsmith,
Michel Legrand, Lalo Schifrin, Richard Rodney Bennett, David Rose,
Laurence Rosenthal ou bien encore Maurice Jarre. A l'origine, les
producteurs d'Universal suggérèrent à Hitchcock d'engager Henry Mancini,
mais le cinéaste refusa de le prendre sur son film, et ce suite à la
mésaventure de son précédent film, « Frenzy » (1972), pour lequel la
partition originale de Mancini avait été rejetée au profit d'une
nouvelle musique signée Ron Goodwin. En 1976, Williams n'avait pas
encore triomphé sur « Star Wars » et « Superman », mais il était
néanmoins une valeur sûre à Hollywood, depuis le succès du « Jaws » de
Spielberg en 1975. C'est d'ailleurs grâce à cette célèbre partition que
Williams fut finalement suggéré à Hitchcock par le biais d'Harry
Garfield, directeur de la musique chez Universal. Pour le compositeur,
travailler avec un géant mythique du cinéma tel qu'Alfred Hitchcock
représentait un immense honneur bien rare dans la carrière d'un musicien
pour le septième art. Dans une note du livret de l'album publié par
Varèse Sarabande, John Williams explique la facilité avec laquelle il
travailla avec Hitchcock sur « Family Plot », le cinéaste l'ayant laissé
relativement libre par rapport à ses propres compositions, n'exigeant
simplement de lui que sa musique suive essentiellement le déroulement du
récit plutôt que les personnages eux-mêmes, et que le score évoque
aussi l'humour plus léger du film. A ce sujet, une phrase célèbre
d'Alfred Hitchcock à John Williams résuma clairement les desideratas du
cinéaste au sujet de la musique de son film : « Mr. Williams...murder
can be fun ! ». En une phrase, tout est dit ! Suivant le concept
souhaité par Hitchcock, John Williams s'attela à la composition de sa
partition pour « Family Plot » en sélectionnant judicieusement sa
formation orchestrale - le Hollywood Studio Symphony. Ainsi donc,
Williams décida de n'utiliser que très peu de cuivres (il n'y a ni
trompettes ni tuba, juste 4 cors et 6 trombones), et conserva une
section de bois très minimaliste - 3 flûtes, 4 clarinettes, 2
saxophones, 1 hautbois et 1 basson - face à un pupitre de cordes bien
plus massif, incluant 20 violons, 9 altos, 9 violoncelles et 4
contrebasses, sans oublier l'apport indispensable d'instrument soliste
et plus particulièrement du clavecin, instrument-clé de la partition de «
Family Plot », accompagné de quelques timbales pour les scènes à
suspense et de quelques synthétiseurs 70's (au reste de l'orchestre
s'ajoutent ensuite 2 harpes, des claviers et trois guitaristes). Autre
élément clé du score de John Williams : l'utilisation étonnante d'une
chorale féminine mystérieuse lors des scènes de spiritisme du film, qui
permirent d'ailleurs au compositeur de nous offrir certains des
meilleurs morceaux de sa partition pour « Family Plot ».
Le film s'ouvre sur le mystérieux « The First Seance » accompagnée
d'orchestrations impressionnistes - cordes, célesta, harpe, bois, piano -
et de choeurs féminins envoûtants évoquant la première séance de
spiritisme du film. Le morceau rappelle beaucoup le « Sirènes » tiré des
« Nocturnes » de Claude Debussy, influence majeure dans les passages
choraux de « Family Plot ». « The First Seance » introduit un premier
thème, mystérieux et prenant, qui reviendra lors de la plupart des
séances de spiritisme du film, associé aux (faux) pouvoirs de Blanche.
Dans « Blanche's Challenge », Williams introduit l'omniprésent clavecin,
tandis que la flûte et le piano reprennent le thème du spiritisme dans
une version instrumentale plus posée et légère. Le morceau présente
ensuite le deuxième thème, mélodie ascendante associée à Blanche dans le
film, avec ses notes plus malicieuses et espiègles qui évoquent la
duperie de la jeune femme. Le thème de Blanche revient ensuite dans «
Kitchen Pranks » ou dans « Blanche and George » avec le piano, le
hautbois et les cordes. Il est entendu régulièrement dans les scènes
avec Blanche ou lors des fausses séances de spiritisme, et apporte un
peu de légèreté fort bienvenue à un score somme toute assez sombre et
agité. Mais si la partie comédie est assurée par le thème malicieux de
Blanche, « The Mystery Woman » introduit le suspense et la tension avec
son mélange de clavecin/synthétiseurs/orchestre, développant le
troisième thème associé dans le film à Arthur Adamson et sa compagne
Fran. Le thème se distingue par sa mélodie de cordes aux allures quasi
baroques, sur fond de clavecin, de synthétiseurs et de timbales
suggérant la tension et la menace représentée par le couple de
kidnappeurs. Ce thème sombre et intriguant aux accents baroques sera
d'ailleurs très présent tout au long du film lors des scènes de
suspense. Autre motif présenté ici : une succession mystérieuse et
intrigante de tierces répétées au synthétiseur ARP typique des
'seventies', motif que l'on retrouvera plusieurs fois dans le film, pour
le secret lié au passé criminel d'Adamson. Williams combine bien
souvent le thème d'Arthur/Fran et le motif de tierces du synthétiseur
sans hésiter à les développer aussi conjointement ou séparément. On
notera la manière dont Williams développe le thème d'Adamson au
synthétiseur ARP dans « The Stonebridge Headstone », avec des sonorités
plus sinistres sur fond de cordes lugubres, de harpe, de clusters graves
de piano et de clarinette basse obscure. Encore une fois, la musique
suggère à l'écran ce sentiment de mystère et de lourd secret à l'origine
des mésaventures des deux héros du film. Le thème reste omniprésent et
quasi obsédant, tant il semble omniprésent tout au long du film (on le
retrouve dans « Maloney's Visit to the Jewelry », « Share and Share
Alike », « Breaking Into the House », etc.). Quand au motif mystérieux
du synthétiseur, il reste l'élément clé des scènes d'intrigue comme «
The White Mustang », « Nothing Held Back », « Share and Share Alike » ou
« The Secret Door/Blanche Wake ».
La terreur est aussi au rendez-vous durant la scène de poursuite de «
Maloney's Exit » avec la scène de poursuite en voiture : timbales,
piano, cuivres massifs sont ici de la partie, pour rythmer la scène avec
frénésie. Comme dans « The White Mustang », le thème de Blanche est à
nouveau présent, mais malmené ici par quelques dissonances et des
orchestrations plus sombres et plus inquiétantes, notamment dans
l'emploi agressif du piano et des timbales. C'est ce climat de tension
et d'intrigue qui permet à John Williams de faire basculer une partie de
la musique de « Family Plot » dans l'atonal pur, rappelant par moment
son style plus avant-gardiste et expérimental hérité de partitions
telles que « Images ». Dans « The Search Montage », la tension reste de
mise avec le thème de Blanche repris au clavecin sur fond de
ponctuations de percussions (avec le raclement sec d'un guiro brésilien)
et de cordes staccatos. La musique oscille ici entre comédie et tension
de façon tout à fait judicieuse et nuancée, à l'image du film
d'Hitchcock. Le suspense est suggéré à nouveau par le synthétiseur ARP
et les développements du thème intrigant d'Arthur Adamson/Fran. Les 20
dernières minutes du film permettent à Williams de faire monter la
tension d'un cran lors de « Blanche's Arrival » avec sa reprise sinistre
du thème de Blanche au piano sur fond de cordes/timbales menaçantes, ou
dans l'agressif et dissonant « Blanche Gets the Needle », un pur
passage d'angoisse et de suspense, alors qu'Adamson neutralise Blanche
avec une seringue hypodermique. On appréciera ici la façon dont le
synthétiseur résonne de façon dissonante, notamment avec sa série de
secondes mineures dissonantes assez troublantes, et son utilisation très
avant-gardiste des cordes et des percussions. Enfin, signalons le
retour du thème impressionniste des séances de spiritisme avec la
chorale des six chanteuses dans « The Second Seance » ou « End Cast ».
Petite astuce de la part de John Williams : après le retour du thème de
clavecin de Blanche, le thème d'Adamson est repris dans une tonalité
majeure vers la fin de « End Cast » avec des orchestrations plus légères
et optimistes marquant la conclusion du récit. John Williams signe avec
« Family Plot » un travail absolument remarquable, servi par des
orchestrations inventives, des développements thématiques très prenants
et une approche des images très cohérente et bien pensée. L'unique
contribution du maestro américain à un film d'Alfred Hitchcock aura
permis au compositeur de se dépasser pour ce qui reste un grand moment
de musique de film, à redécouvrir enfin grâce à l'excellente édition CD
de Varèse Sarabande !
John Williams a également écrit la musique de : La Guerre des mondes (2005) • Star Wars : Episode V - L'Empire contre-attaque (1980) • Rencontre du troisième type (1978) • Minority Report (2002) • Le Privé (1973) • Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban (2004) • Jurassic Park (1993) • Les Dents de la mer (1975) • Cheval de guerre (2012) • La Liste de Schindler (1994) • Né un Quatre Juillet (1989) • L'Empire du soleil (1987) • Indiana Jones & le Temple Maudit (1984) • Indiana Jones et les Aventuriers de l'Arche perdue (1981) • La Guerre des étoiles / Star Wars : Episode IV - Un nouvel espoir (1977) •
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