Réalisé par Marcus Nispel
Avec Jason Momoa, Ron Perlman, Leo Howard...
Distribution : Metropolitan FilmExport
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Le compositeur Tyler Bates travaille pour la première fois pour le réalisateur Marcus Nispel (qui a auparavant travaillé avec Steve Jablonsky sur MASSACRE A LA TRONCONNEUSE et VENDREDI 13). Ce film est le remake du classique de John Milius avec Schwarzy dont la musique avait été écrite par Basil Poledouris. La musique de Tyler Bates est hélas l'un des principaux points noirs du film.
[© Texte : Cinezik] • 0093624955269
Tracklist (de la BO en CD ou Digital)
Souvent considéré comme l'un des plus mauvais compositeurs officiant à l'heure actuelle à Hollywood, Tyler Bates nous livre une partition synthético-orchestrale à base de percussions ethniques et de choeurs épiques pour « Conan the Barbarian », sans reprendre le moindre élément de la célèbre partition de Basil Poledouris. Exit donc ici l'approche épique et lyrique de Poledouris, place aux déferlantes de percussions et aux gros effets orchestraux assourdissants et lourdingues. Eh oui, à l'image du film lui-même, la musique de « Conan the Barbarian » version 2011 est une déception monumentale, un pur échec sur les images, à tel point que certaines critiques - pourtant habituellement avares en commentaire sur la musique des films - ont reproché au long-métrage de Marcus Nispel d'être particulièrement plombé par une musique assourdissante et envahissante sur les images.
Bates reprend ici un style qu'il a déjà crée sur le «
300 » de Zack Snyder et le prolonge intensément sur « Conan the
Barbarian » - signalons que l'enregistrement du score s'est effectué à
l'origine avec une formation instrumentale d'à peine quarante musiciens,
le Czech National Symphony Orchestra, orchestre modeste que Tyler Bates
a ensuite doublé au mixage et renforcé par des synthétiseurs pour
reproduire artificiellement un son plus ample et hollywoodien (le
concept est curieux et fort discutable !). "Exit" la subtilité et la
retenue, place au vacarme assourdissant et au magma sonore cacophonique
avec la musique tonitruante et bruyante de Tyler Bates. Dès les
premiers instants, Bates met ainsi l'accent sur des cuivres sombres
imposants, des percussions guerrières, une voix féminine orientalisante,
des choeurs d'hommes ténébreux et une pléiade de sonorités
électroniques habituelles et sans surprise. La musique surfe sur le
caractère sombre et guerrier du film, en délaissant tout aspect épique
et solennel que l'on trouvait à l'origine dans le score légendaire de
Poledouris : ainsi, Markus Nispel a souhaité que le compositeur aborde
musicalement « Conan the Barbarian » comme un film d'horreur, mettant
ainsi l'accent sur les dissonances, les couleurs orchestrales menaçantes
et les percussions agressives. Même le thème principal associé à Conan
(« His Name Is Conan ») ne parvient pas à renouer avec le style épique
de l'heroic-fantasy d'antan, et préfère opter pour une approche plus
dramatique, à base de cordes, percussions, flûte ethnique (évoquant le
village d'enfance du héros), synthétiseurs et voix féminine très 'world
music'. Dans « Egg Race », Bates illustre la scène de la course aux
oeufs avec une pléiade de percussions et flûtes ethniques stéréotypées,
associées au village, tandis que les cuivres dissonants, stridents et
cacophoniques font ici leur apparition pour l'attaque des barbares au
début du film.
C'est cette approche dissonante et agressive que privilégiera Tyler
Bates tout au long du film, comme le confirme clairement le violent «
Cimmerian Battle » pour la séquence de l'attaque des troupes de Zym au
début du film. Ici aussi, le compositeur déchaîne ses cuivres dissonants
et puissants, ses percussions ethniques belliqueuses et ses choeurs
d'hommes guerriers, délaissant au maximum tout élément mélodique et/ou
même harmonique. Dès lors, le ton est donné, et la musique évoluera
ainsi tout au long du film, entre passages atmosphériques sombres et
déchaînements orchestraux dissonants et cacophoniques. C'est d'ailleurs le côté
souvent maladroit et bâclé de la musique de Bates (cf. les bizarreries
harmoniques du début de « Freeing Slaves », qui frôlent l'amateurisme !)
qui ressort particulièrement dans des morceaux comme la libération des
esclaves (« Freeing Slaves ») ou la scène de la poursuite en chevaux («
Horse Chase »), déchaînements d'action dans lesquels le compositeur se
contente bien trop souvent d'empiler les cuivres dissonants et les
percussions assourdissantes les unes sur les autres, sans aucune
réflexion particulière sur l'orchestration, l'harmonie ou même le
contrepoint. L'écriture orchestrale de Tyler Bates est tout bonnement
calamiteuse et d'une pauvreté absolue : cordes et cuivres se battent en
duel sur un lot de percussions ultra bruyantes, de rythmes confus et de
dissonances cacophoniques. Même ces passages d'action, pourtant censés
être excitants et épiques dans le film, ne parviennent pas à véhiculer
la moindre intensité à l'écran et alourdissent les images plus qu'autre
chose. Que dire de « Death of a Priest » et ses percussions complètement
passe-partout et impersonnelles (la musique semble avoir été écrite
précipitamment, sans aucune réflexion particulière), ou l'intense
bataille de « Outpost » et son caractère totalement cacophonique qui
finit par déranger à la vision du film (chose rare, même dans une
production hollywoodienne de ce genre, où la musique est en général un
minimum correcte sur les images !).
Les quelques rares passages dramatiques comme « Fever » ne parviennent
pas à rehausser le niveau désastreux d'une partition catastrophique et
répétitive, mal écrite, mal pensée sur les images et finalement plus
gênante qu'autre chose dans le film. On aurait par exemple aimé
apprécier un morceau comme le mélancolique « A Kiss » ou « Victory » et
son envolée triomphante et solennelle, mais ces rares moments un brin
plus prenant sont interrompus trop rapidement par un amoncèlement
grossier de maladresses, de sonorités cacophoniques assourdissantes et
de choix musicaux incompréhensibles et d'une nullité incroyable. Les
grands morceaux d'action de la fin du film (« The Dweller », « Skull
Mountain », « Zem's Demise » ou « Wheel of Torture » et ses changements
rythmiques incessants sur fond de choeurs guerriers massifs) échouent
eux aussi à susciter le moindre enthousiasme, à l'écran comme sur
l'album, et font davantage office de rouleau-compresseur musical que de
véritables déchaînements orchestraux épiques, comme on était pourtant en
droit d'en attendre sur un film d'une telle envergure, preuve en est
que Tyler Bates n'a définitivement pas sa place dans le paysage
hollywoodien actuel, qu'il semble maltraiter de plus en plus par un
manque effroyable de talent et de goût. Ce constant amer et sévère
reflète malheureusement une bien triste réalité, celle d'un véritable
marasme artistique alarmant dans la musique de film hollywoodienne
d'aujourd'hui, que l'on doit autant aux artisans du studio Remote
Control - qui ont dicté un certain style musical envahissant à Hollywood
et dans les médias télévisés en général - qu'à des musiciens médiocres
comme Tyler Bates, ou même des producteurs sourds, dénués de la moindre
culture musicale.
Au final, « Conan the Barbarian » est une catastrophe totale de bout en bout, un échec absolu que l'on doit autant au manque de talent de Tyler Bates qu'à des choix de production calamiteux et honteux, preuve en est que la musique de film hollywoodienne d'aujourd'hui souffre plus que jamais d'une véritable absence de réflexion musicale et artistique, enfermée dans un style assez répétitif, froid et bruyant, un problème cristallisé et condensé en une partition, celle de Tyler Bates pour « Conan the Barbarian » : rarement aura-t-on pu assister sur un film de ce genre à une telle erreur monumentale de casting au niveau de la musique, tant le compositeur de « Watchmen » et « 300 » n'était définitivement pas fait pour écrire une musique d'une telle envergure !
Tyler Bates a également écrit la musique de : 300 (2007) • Killer Joe (2012) • The Devils Rejects (2006) • Doomsday (2008) • Fast & Furious : Hobbs & Shaw (2019) • Le Jour où la Terre s'arrêta (2008) • Watchmen - Les Gardiens (2009) • Stumptown (2021) • Sucker Punch (2011) • The Way, la route ensemble (2013) • Super (2011) • The Darkest hour (2012) • Not Safe for Work (2013) • 7500 (2013) • L'Armée des morts (2004) •
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