Le compositeur français Yoann Lemoine, dit Woodkid, signe la musique du thriller méxicain de Jonás Cuarón (dont le titre original "Land of All") en travaillant la matière sonore de ses instruments et en les détournant de leur usage habituel, en mêlant l'orchestre au digital, dans un travail synthético-organique parfois proche de la dissonance qui provoque une émotion musicale inédite, se rapprochant de ce que propose Jonny Greenwood chez P.T Anderson.
[© Texte : Cinezik] •
Tracklist (de la BO en CD ou Digital)
1. Land of All (5:16)
2. The Frontier (4:08)
3. Shoot Them Down (2:10)
4. Tracker (5:57)
5. Jump (2:36)
6. The Ridge (1:56)
7. Dusk Talks (4:36)
8. False Hopes (3:37)
9. Flare Gun (6:08)
10. Web of Thorns (3:31)
11. Sam and Moises (7:24)
12. Que Te Mate el Desierto (3:23)
Avant et pendant le tournage, j'écoutais en boucle Run Boy Run... J'aimais son intensité et sa force et, en même temps, j'étais touché par sa beauté, par sa voix si troublante. Je lui ai envoyé le scénario, espérant qu'il l'aimerait et aurait envie de travailler avec moi. C'est ce qui s'est passé. On a même commencé à collaborer avant la fin du tournage. Je ne voulais pas que la musique soit trop évidente, je rêvais de quelque chose qui souligne l'atmosphère, la tension... Yoann a vraiment compris la direction, l'enjeu et l'énergie du film. Après la projection, un spectateur m'a dit que son cœur battait au même tempo que la musique... Je ne pouvais rêver mieux.
J'ai rencontré Alfonso Cuarón il y a plusieurs mois, après la sortie de son film Gravity. Il aimait la dimension percussive de mon travail. Un peu plus tard, j'ai rencontré son fils Jonás à Paris qui m'a demandé de composer et produire la bande originale de son nouveau projet Desierto. Nous avons discuté de l'idée de créer une œuvre radicale, terrienne et sombre. Il souhaitait que la musique devienne la voix du désert, à michemin entre le sound design et la musique de film.
Nous avons essayé d'accorder la musique à l'environnement. La majeure partie de mon travail sur ce film a été de déconstruire et détruire le son de l'orchestre, en samplant toutes les parties d'instruments pour les envelopper de digital, les disséquer, les boucler, les pitcher. Je voulais faire sonner les vents comme des cordes et les cuivres comme des bois... Nous voulions que la musique soit un acteur émotionnel et nous n'étions pas effrayés à l'idée de faire une musique éreintante et crispante quand elle devait l'être.
Le seul morceau différent est « Land of All ». J'étais en train de monter et composer, tout se bousculait dans ma tête, j'ai alors appelé Jonás pour faire un break et réalisé que le film m'affectait vraiment. Après quelques jours, je l'ai rappelé et lui ai dit que je voulais écrire et interpréter une chanson pour le générique de fin, il a tout de suite accepté. Pendant que nous construisions le film avec Jonás, et alors qu'il ajustait le montage du film, nous avons tous les deux réalisé que travailler sur ce film à ce moment précis était providentiel et bien plus significatif que je ne l'aurais pensé.
(autres que celles de Woodkid)
"Romance Pascual de Los pelegrinitos" - Federico García Lorca / La Argentinita
"Laztan Isilen Deiadarra" - Lisabö
"Residencias del Seguro de enfermedad" - NoDo
"La capra hispánica" - NoDo
"Kleine Sinfonie Op.29 IV." - Rundfunk-Sinfonie-Orchester Berlin, Leipziger Kammermusikvereinigung
"El niño perdido" - Israel Fernández / Rafael Rodríguez El Cabeza
"The battle on ice" - Sergei Prokofiev
"The crusaders in Pskov" - Sergei Prokofiev
"Estrella" - Enrique Morente / Pepe Habichuela
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