Réalisé par Gore Verbinski
Avec Johnny Depp, Geoffrey Rush, Orlando Bloom, Keira Knightley
Titre original : Pirates of the Caribbean : the Curse of the Black Pearl
Long-métrage américain.
Genre : Aventure, Fantastique, Action
Durée : 2h20min
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Klaus Badelt compose la musique du premier film de la saga Pirates des Caraïbes. Il est aidé dans sa tâche par plusieurs collaborateurs de Hans Zimmer rattachés au studio Media Ventures : Ramin Djawadi, Nick Glennie-Smith, Steve Jablonsky, Geoff Zanelli, Blake Neely (musiques additionnelles) et Zimmer lui-même qui esquisse le désormais célèbre thème de la saga, qu'il mettra en musique par la suite.
[© Texte : Cinezik] •
♡ Notre Coup de Coeur B.O
Dès le début de la post-production du film, Alan Silvestri avait été
annoncé pour écrire le score de 'Pirates of The Carribean'. Apparemment,
c'est Gore Verbinsky qui avait choisi de se tourner vers Silvestri
après avoir collaboré avec lui sur 'Mouse Hunt' et 'The Mexican'. Le
score de Silvestri s'annonçait prometteur, dans la lignée de 'The Mummy
Returns' et 'Back To The Future'. Néanmoins, la production a décidé de
rejeter sa musique et de faire appel à Hans Zimmer et son équipe de
Media-Ventures, Zimmer ayant l'habitude de travailler sur les
productions Bruckheimer, et ce depuis une dizaine d'années déjà. C'est
donc à cause de Bruckheimer que Silvestri n'a pas pu mener à bien ce
nouveau projet excitant, et malheureusement, au grand dam de ses fans,
la musique de Klaus Badelt et de ses compagnons de chez Media-Ventures
n'atteint pas le niveau de ce qu'aurait pu produire Silvestri sur ce
film. Ceci s'explique surtout par le fait que Badelt a eu très peu de
temps pour écrire la musique, et que l'écurie de Zimmer a du faire appel
à pas moins de 8 compositeurs (et carrément 9 orchestrateurs!) pour
écrire la musique additionnelle du score. Certes, Badelt a accompli
l'exploit d'écrire sa musique en l'espace de quelques semaines, mais le
compositeur n'a aucun mérite puisque les autres compositeurs (Ramin
Djawadi, James Michael Dooley, Nick Glennie-Smith, Steve Jablonsky,
James McKee Smith, Blake Neely, Geoff Zanelli et Mel Wesson pour le
design de l'ambiance musicale) ont presque écrit plus de la moitié de la
musique du film. N'oublions pas qu'en 1974, Jerry Goldmsith avait quand
même écrit la musique de 'Chinatown' en seulement 10 jours, et pour se
faire, il était tout seul!
Le score de 'Pirates of The Carribean' témoigne donc d'un cruel manque
d'imagination de la part du jeune protégé de Zimmer qui signe là un
score recyclant toutes les anciennes partitions d'action de Zimmer et
Media-Ventures: à l'écoute du thème principal lié à Jack Sparrow, on
pensera aisément à certains passages d'Armageddon, tandis que le thème
d'action entendu lors de la découverte de l'équipage fantôme de Barbossa
est honteusement repris du thème d'action de 'Black Hawk Down' de
Zimmer. Quand au reste du score, il oscille de manière extrêmement
flagrante entre 'The Rock', 'The Peacemaker', 'Drop Zone', 'The Man In
The Iron Mask', 'Gladiator', 'Crimson Tide', etc. le score s'axe donc
autour du thème principal héroïque lié à Jack Sparrow, suivi du sombre
thème associé à Barbossa et ses hommes, très clairement inspiré du thème
de Commode dans 'Gladiator', sans oublier le thème d'action repiqué de
'Black Hawk Down'. Confié à l'orchestre avec le flot habituel de synthé,
percussions électriques et choeur d'hommes, la musique de 'Pirates of
The Carribean' s'attache à créer une ambiance d'aventure survitaminée
dans le film, après avoir débuté de manière plus sombre et mystérieuse
pour le début du film ('Fog Bound').
'The Medallion Calls' nous plonge dans le côté héroïque de la partition
de Badelt au début du film, avec son rythme martial de caisse et ces
choeurs à la 'The Rock'. 'The Medallion Calls' évoque le début de
l'aventure avec son flot d'héroïsme personnifiant Sparrow et Turner,
sauf que cette fois-ci, à l'inverse de 'The Rock', la recette est déjà
bien éculée. L'action épique pointe le bout de son nez avec le
synthétique 'The Black Pearl' très clairement inspiré de certains
passages épiques de 'Gladiator'. Quand à 'Will & Elizabeth', il
s'agit d'un nouveau dérivé du thème principal sous la forme d'un motif
d'action héroïque lorsque Turner se lance à la poursuite des pirates de
Barbossa. Le compositeur nous ressort tous les clichés habituels des
musiques d'action de Media-Ventures, le Hollywood Studio Orchestra étant
noyé sous des tonnes de synthétiseurs parfois inutiles et qui ne visent
qu'à reproduire le son Media-Ventures afin d'appliquer les recettes
traditionnelles du genre et satisfaire un Bruckheimer toujours en manque
d'action. Avec l'excitant 'Swords Crossed', Badelt évoque une séquence
d'affrontement à l'épée avec son motif d'action très clairement repiqué
de 'Black Hawk Down', le morceau étant accompagné des percussions
électroniques habituelles, des rythmes entendus des centaines de fois et
de sons de guitare électriques un brin hardos qui ne font que renforcer
le volume sonore généralement élevé dans ces morceaux d'action bien
bruyants. Ici, pas d'idée épique dans les séquences de combat: seul
l'action domine, avec tout le côté bruyant typique des grosses musiques
d'action de chez Media-Ventures, sauf qu'ici, le côté épique de certains
passages de 'The Rock' est délaissé au profit d'une atmosphère plus
brutale voire 'fun'. En gros, c'est lourd, c'est bruyant, et ça ne
pourra que satisfaire les irréductibles fans de Media-Ventures qui ne se
lassent jamais d'écouter toujours la même chose!
Le reste du score est du même acabit: après un léger 'Walk The Plank' et
son violon celtique (seule véritable signature musicale de cette
musique de pirates), 'Barbossa Is Hungry' développe à nouveau l'ambiance
héroïque de 'The Medallion Calls' avec ces rythmes action repris de
'Swords Crossed' tandis que 'Blood Ritual' évoque de manière tout à fait
quelconque la séquence du rituel censé mettre fin à la malédiction (à
noter le côté plus dramatique que prend la musique lorsque les pirates
retrouvent leur forme humaine). 'Moonlight Serenade' apporte un peu de
douceur dans cette musique d'action brutale avec quelques cordes plus
lyriques inspirées de 'The Man In The Iron Mask' de Nick Glennie-Smith
(auteur d'une partie de la musique additionnelle du film). Le thème
d'action est repris dans 'To The Pirates'Cave' lorsque Sparrow et Turner
accompagné des soldats anglais, foncent en direction de la caverne des
pirates de Barbossa pour un affrontement final épique. Le thème héroïque
fait un retour fracassant dans 'Skull and Crossbones', exprimant les
exploits de Turner et Sparrow contre les pirates fantômes de leur ennemi
commun, tandis que 'Bootstrap's Bootstraps' s'inspire quant à lui de
'The Peacemaker', mélangé à quelques ostinatos rythmiques repiqués une
fois encore du célèbre 'Mars' des 'Planètes' de Gustav Holst, un cliché
usé jusqu'à la moelle pour évoquer des scènes de batailles épiques,
preuve du manque flagrant d'inspiration dans cette musique très
'fonctionnelle' en fin de compte. Après l'assez bon 'Underwater March'
(Barbossa et ses hommes marchent sous l'eau), 'He's A Pirate' conclut le
score sur une ultime touche d'héroïsme banale et sans prétention
particulière.
Badelt et ses compagnons s'éloignent très clairement ici du style des
partitions symphoniques traditionnelles pour les films de
'Swashbucklers' du genre à Korngold, Broughton ou Debney. Si vous avez
aimé le 'Cutthroat Island' de Debney ou le 'Sea Hawk' de Korngold, il ne
fait nul doute que ce 'Pirates of The Carribean' bien médiocre vous
laissera sur votre faim. Ce score 'super-produit' par Hans Zimmer (une
petite touche d'humour dans le livret du CD) n'est rien d'autre qu'une
compilation des anciennes partitions d'action de Zimmer et
Media-Ventures, chaque compositeur apportant sa pierre à l'édifice sans
faire preuve d'une quelconque imagination ou d'une originalité
particulière. La musique d'action de 'Pirates Of The Carribean' plaira
une fois encore aux éternels amoureux des musiques de Media-Ventures et
provoquera le mécontentement des autres béophiles lassés par ce style de
musique totalement banalisé par le cinéma, les séries TV et autres
téléfilms en tout genre d'aujourd'hui (tous les compositeurs de
téléfilms ou de séries d'action modernes copient massivement le style de
Media-Ventures). La musique de 'Pirates Of The Carribean' possède un
côté industriel assez exécrable: certains sont même allés jusqu'à
comparer cette musique avec du 'fast-food' façon MacDonald, et il est
vrai qu'il y a un peu de cela ici: ce score est similaire à de la
nourriture réchauffée et cuisinée à la va-vite, fade et sans âme, juste
pour satisfaire "l'appétit" des irréductibles fans de Media-Ventures qui
commencent finalement à se faire de moins en moins nombreux
aujourd'hui. On est très loin ici de l'esprit d'une grande musique
épique pour un film de pirates! Une gigantesque déception, toute à
l'image du film de Verbinsky, surtout après le renvoi injuste d'Alan
Silvestri. Quand à Klaus Badelt, gageons que ce musicien pourtant
autrefois plus inspiré ('Invincible', 'The Time Machine' ou le superbe
'K-19') saura trouver dans le futur de bien meilleurs projets pour
réussir à épanouir sa propre personnalité musicale, loin du fracas et du
bruit des partitions d'action ultra stéréotypées de Media-Ventures.
Klaus Badelt a également écrit la musique de : The Pledge (2001) • Beat The Drum (2003) • Invincible (2001) • K-19 : The Widowmaker (2002) • Wu ji, la légende des cavaliers du vent (2006) • Poseidon (2006) • Premonitions (2007) • Rescue Dawn (2008) • Pour elle (2008) • Le Petit Nicolas (2009) • Solomon Kane (2009) • L'Immortel (2010) • L'Arnacoeur (2010) • The Extra Man (2010) • A bout portant (2010) •
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