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John Rambo : 25 ans qu'on lui fout toujours pas la paix !

goldsmith - John Rambo : 25 ans qu'on lui fout toujours pas la paix !

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A l'occasion de la sortie en salles du quatrième volet de la saga Rambo (réalisé par Sylvester Stallone), petit coup d'oeil sur les films précédents et leurs partitions mythiques signées Jerry Goldsmith.

Rambo (First Blood) - 1982

Premier film de la saga réalisé par Ted Kotcheff après le succès de Stallone sur le grand écran avec Rocky. La nouvelle icône d'Hollywood campe ici un vétéran du Vietman à la recherche de son dernier ami, dix ans après la guerre. Mais ce qu'il trouve, c'est une ville perdue sous la poigne de policiers amers et belliqueux qui finiront par réveiller ses démons...

On a tendance à résumer la saga Rambo par les muscles de Stallone, de longues scènes de fusillades et des effets pyrotechniques démesurés. Erreur : car ce serait résumer la saga au troisième opus, le moins réussi de tous. Le premier film est à réévaluer. Et même beaucoup, puisqu'il s'agit simplement d'un des meilleurs "survival" jamais réalisés. Une chasse à l'homme interminable et éprouvante, rythmée par une musique hautement sophistiquée de Jerry Goldsmith. Dans son roman paru en 1972 dont est adapté le film, David Morrell évoque surtout le mal d'une époque de l'Amérique (l'après-Vietnam) et les cicatrices indélébiles de la guerre qui marquèrent toute une génération d'hommes. John Rambo n'est ni un mercenaire, ni un fou : c'est un simple humain qui, pris dans l'engrenage militaire, n'est devenu qu'une redoutable machine à tuer et à tendre des pièges à d'éventuels ennemis. Jamais, dans cette histoire, il ne cherche de noises à qui que ce soit, ni même tue pour sa survie (le seul et unique mort du film n'est pas du fait de Rambo). Le film de Ted Kotcheff exprime toute cette détresse face à un homme qui a perdu ses repères, sa raison de vivre et dont le passé peu glorieux est renié par le pays qu'il croit pourtant avoir défendu et pour qui ses amis sont morts. Plusieurs scènes choc parsème le film, comme cet interrogatoire sauvage de policiers belliqueux face à un John Rambo mutique, ou le face à face final entre Rambo et son ancien supérieur, le colonel Trautman (excellent Richard Crenna) où le personnage déballe tout son mal être intérieur après une débauche de violence. La musique de Jerry Goldsmith porte le film à différents niveaux : d'abord un niveau émotionnel avec un thème à la guitare, paisible et mélancolique, qui évoque l'envie de reconnaissance de John Rambo, sa volonté de s'intégrer et de vivre en paix. Thème développé ensuite de manière plus héroïque avec des cuivres. Puis ensuite un niveau rythmique d'une précision chirurgicale, avec piano, synthétiseurs et percussions minimalistes, qui annoncent nombre de chef d'oeuvres à venir (notamment les sonorités de Total Recall, écrit huit ans plus tard). Goldsmith n'hésite pas à utiliser la répétition et le bouclage de motifs et de rythmes pour suggérer le suspense, la chasse, l'adrénaline. Souvent aussi, le film se fait silencieux, provocant une tension impalpable qui rythme parfaitement les images. Ce premier Rambo est donc une réussite totale, aussi bien au niveau du scénario (un modèle de thriller) que des personnages, tous très touchants et magnifiquement caractérisés, que de la musique de Jerry Goldsmith, d'une finesse et d'une intelligence que l'on ne devait qu'au maestro califorien, qui s'est toujours attaché, quel que soient les films sur lesquels il travaillaient (qu'ils soient bons ou mauvais) à alterner avec brio thèmes accorcheurs et écriture plus exigeante.

Rambo II, la mission (First Blood - part 2) - 1985

Si le premier opus est l'expression la plus sauvage des horreurs de la guerre et des traumatismes du Vietnam, le second en est l'antithèse : Rambo est rappelé en Asie pour localiser et sauver les éventuels soldats américains tenus encore prisonniers au Vietnam. Pas si simple...

Pas si simple, car si en apparence, Rambo II est clairement un film patriotique et revenchard ("Cette fois, on y va pour gagner, Colonel !" dit Rambo au début du film, avant le générique), le scénario s'avère plus habile qu'il n'y paraît et curieusement parvient assez finement à approfondir certains thèmes esquissés dans le premier film, notamment les mensonges organisés au sein du gouvernement autour de la guerre et les obscures motivations qui l'ont provoquées. Ici, la mission originelle de Rambo se retourne à la fois contre lui (il va en baver) et contre l'armée américaine elle-même (les événements dépassent les dirigeants). Finalement, tout le monde est logé à la même enseigne, et la violence engendre la violence, surtout lorsqu'il s'agit d'une revanche... Le personnage de John Rambo gagne en profondeur, notamment avec l'ajout d'un personnage féminin. On pourrait croire à une simple exigence de casting (la "fille" du film, comme dans James Bond) mais pour Rambo ce personnage et l'amour qu'il lui porte au fur et à mesure de l'histoire représente une porte de sortie, la possibilité de se ranger et d'oublier son passé. Un film pas si bête que ça, étonnamment, puisque tout le monde en prend pour son grade et que le scénario révèle quelques surprises peu conventionnelles. La musique de Jerry Goldsmith en revanche se fait plus fonctionnelle : le thème de Rambo s'en trouve renforcé et le maestro californien redouble d'inventivité pour les énormes séquences d'action du film, particulièrement jouissives. Un régal pour les amateurs de musiques orchestrales massives et trépidantes, rythmées ici par un compositeur au sommum de son art.

Rambo III - 1988

Troisième opus de la saga, celui-ci se résume à un bras de fer entre américains et russes en pleine guerre froide... à la frontière Afghane. John Rambo est appelé à former et aider le peuple Afghan à se débarrasser de l'envahisseur russe (avec des armes américaines). Et ça va péter !

Rambo III est un film assez curieux à revoir aujourd'hui quant on connaît les relations actuelles qu'entretiennent les Etats-Unis avec le Moyen-Orient, et notamment l'Afghanistan. En ce sens, il est particulièrement prémonitoire, même s'il se base vaguement sur des faits réels (les américains ont effectivement formés et aidés miltairement les Afghans à affronter les russes dans les années 80 - c'est d'ailleurs le sujet même du film La Guerre selon Charlie Wilson sorti sur les écrans début 2008). Hélas, le film de Peter MacDonald se résume à une accumulation de scènes à faire et à ne pas faire : prises d'otage, explosions, combats en hélicoptère, affrontements au corps à corps, ou bien à la mitraillette face à 200 soldats ennemis... Sylvester Stallone campe un John Rambo qui n'est plus que l'ombre de lui-même, même si au début du film le personnage semble résigné ("ce n'est pas ma guerre"). La musique de Jerry Goldsmith est dans la continuité du second opus : développement du thème principal, plus mélancolique que jamais (on retrouve ici curieusement l'émotion et l'amertume du premier film, peu exposé dans le second), mais aussi évidemment passages d'action spectaculaires et d'une maîtrise rythmique bluffante, agrémentée à l'occasion de synthétiseurs pas toujours bienvenus, qui datent malheureusement le film comme la partition.

John Rambo - 2008

Vingt ans après l'épisode russe, John Rambo, qui s'est exilé loin des hommes, est de nouveau sollicité dans le contexte du conflit birman.

Cette fois-ci, c'est Stallone qui réalise, et Brian Tyler qui adapte le célèbre thème de Jerry Goldsmith au sein d'une partition d'action dense et rythmée. A suivre... !

Sylvain Rivaud
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