Interview Romain Turzi et Ulysse Klotz - A propos de LOW LIFE

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- Publié le 04-04-2012




Ulysse Klotz a composé plusieurs films que son père Nicolas a réalisé avec Elisabeth Perceval (LA CONSOLATION en 2007, ZOMBIES en 2008...) ainsi que le premier long-métrage de sa soeur Héléna (L'AGE ATOMIQUE) Pour LOW LIFE (dans les salles le 4 avril 2012), il s'associe à Romain Turzi, musicien versaillais de musique électronique (chez Record Makers).

Voir la vidéo de l'interview en bas de page.

Cinezik : Comment définiriez-vous votre musique ?

Romain Turzi : Je fais une musique contemplative, illustrative, et qui évoque des images, des sensations. Au lieu de me baser sur une structure couplet/refrain, je me base sur du ressenti.

Ulysse Klotz : J'aime bien l'aspect "film d'action" dans la musique de Romain, et je me suis dit que dans LOW LIFE ce serait super car je ne sais pas le faire.

R.T : J'essaie de faire une musique "burnée", si tu prends ta moto sur le périphérique en sens inverse la nuit alcoolisé, tu peux écouter ma musique et tu vas mieux la comprendre que si tu regardes "Il était une fois la vie" ou "Faites entrer l'accusé". Ma musique se base sur de l'énergie instantanée qu'elle soit rapide ou contemplative.

Comment avez-vous travaillé tous les deux ?

R.T : Sans trop se connaitre et sans travailler ensemble tous les jours à heure fixe au studio, on a une compréhension mutuelle qui pour moi est fascinante. Ulysse organise mes "prods", et quand j'écoute les siennes, j'ai des choses à dire, donc c'est un échange. Ce soir, c'est la première fois que nous faisions un concert tous les deux.

Et comment s'est construite la musique de LOW LIFE ?

U.K : On a eu les rushes assez rapidement pour voir ce qui pouvait correspondre. On a eu carte blanche, ce qui est bien car on garde notre état d'esprit. On n'est pas parti des sentiments des personnages mais de ce que l'on voulait faire pour un film, puis Nicolas Klotz a pris dedans ce qu'il voulait.

R.T : J'ai d'abord lu le scénario parce que j'ai été flatté de pouvoir participer à une musique de film, et je me suis basé sur les sentiments qui émanaient de ce récit. De mon côté, avant même de voir les images, j'imaginais des climats, atmosphères, ambiances sonores, tout cela venait du scénario. Puis avec Ulysse, je me suis servi de mon matériau de départ comme une base pour la faire dériver en ralentissant le tempo, ou en improvisant autour. Puis on a enregistré ces petites dérives.
Ce que je préfère dans le film, ce sont les petits moments de rien, où on est dans une complète réflexion. La musique est ailleurs pour nous accompagner dans le cheminement, nous ne l'entendons pas vraiment, elle nous amène aux sensations voulues par le réalisateur mais elle est subtile, on ne se rend pas compte de sa présence, c'est ce qui est le plus difficile à faire pour un musicien.

Qu'est-ce que vous aimez dans la musique de film ?

R.T : Je suis un fan d'illustrations sonores. Je suis influencé par ces mecs qui composaient au kilomètre. Je trouve intéressante la musique de film car cela sert d'exercice, d'expérimentation, ce que je ne retrouve pas dans ma discographie propre.

U.K : J'aime commencer par écrire la musique au crayon avant de l'entendre au synthé.

R.T : Ulysse écrit au crayon, moi je travaille avant tout sur la texture. La composition m'importe peu, ce qui m'intéresse c'est la matière.

Peut-on dire qu'il y a des thèmes dans cette BO ?

U.K : Je suis parti de thèmes, mais il y en a moins dans le résultat. La musique correspond à ce que les personnages aimeraient être : nocturnes, gothiques...

Aimerez-vous poursuivre l'expérience ?

U.K : J'aime bien si c'est de la carte blanche tout le temps, mais pas de commandes, sinon je ne vois pas l'intérêt.

R.T : J'ai déjà eu affaire à un réalisateur focalisé sur une musique de départ dont il n'a pas pu se payer les droits qui m'a appelé sur la fin du film pour me demander de faire de la reproduction, de la copie différée. Se retrouver à faire du plagiat car tu coûtes moins cher que Bob Dylan, Donovan, Sun O ou Sonic Youth... c'est un peu dommage. Avec les réalisateurs, c'est une histoire de confiance, il faut qu'à un moment on puisse s'approprier le film, qu'il nous laisse tranquille pour faire la musique de son film, qu'on produise des choses.
Le tandem que l'on forme avec Ulysse est génial, c'est notre première interview, notre premier live, on est très fier de cela. Mais pour poursuivre, il faut trouver un réalisateur qui fasse confiance, qui ait une vision de son film et qu'il lâche son bébé pour que l'on puisse lui soumettre nos idées, c'est une gestation qui prend du temps. Ce qui m'a plu dans mon travail avec Ulysse pour Nicolas sur un texte d'Elisabeth, c'est cette liberté. Grâce à cela on a pu aller très loin dans ce que l'on voulait faire.

Avez-vous contribué au stade du montage ?

R.T : Certes je suis parti du texte, de ce que j'en ai ressenti. Mais après il faut formater les musiques soi-même sans trop faire confiance au monteur. Il faut accompagner le cheminement. Ulysse était présent au montage. Ensuite, Nicolas Klotz a réadapté le film à la musique, sinon cela n'a aucun sens, il y aurait des bouts de musiques. Il faut qu'il y ait une confiance, qu'il y ait ce respect mutuel et artistique, d'autant plus entre un père et son fils. C'est un peu donnant-donnant.

Interview réalisée à Paris le 28 mars 2012 par Benoit Basirico

 


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