Alexander Zekke, de Sharunas Bartas à la musique du film chilien L'ETE DES POISSONS VOLANTS

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- Publié le 25-05-2013

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L'ETÉ DES POISSONS VOLANTS de Marcela Said a été présenté à La Quinzaine des réalisateurs. Le compositeur signe une musique atmosphérique, suspendue, qui apparait et disparait comme une brume. 

 

Interview Alexander Zekke

Cinezik : Vous êtes venu à la composition de musique de film en 2009 avec INDIGENE D'EURASIE de Sharunas Bartas ?

Alexander Zekke : En effet. Je composais la musique du dernier spectacle de Pina Bausch, avant sa mort, "Como el musguito en la piedra, ay si, si, si …" et des producteurs français ont envoyé ma musique à Sharunas Bartas. J'ai donc composé la musique de son dernier film qui a été présenté à Berlin en 2010. J'ai aussi fait quelques court-métrages, des documentaires. Pour L’ETÉ DES POISSONS VOLANTS, c'était une surprise car quatre semaines auparavant je ne savais pas que ce film existait. J'ai reçu un appel de la productrice qui m'a montré le film. Il y avait une musique calée mais elle était très différente, on a finalement tout changé, j'ai tout refait en deux semaines et demi. C'était assez rapide mais parfois c'est intéressant de faire comme ça. 

Pour vos autres films, est-ce également par vos musiques de scène qu'on est venu vers vous?

A.Z : Il m'est arrivé plusieurs fois qu'une personne qui a écouté ma musique pensait que ce serait bien comme musique de film. Après, c'est un peu par hasard. Par exemple, j'ai joué pour un concert en Bourgogne chez des amis et deux producteurs de films sont venus. Ils m'ont écouté jouer. C'était deux mois avant le spectacle de Pina Bausch. J'aime composer pour un film s'il m'inspire. Si c'est un bon film avec une bonne image. Pour moi, c'est davantage l'image que l'histoire qui m'inspire. C'est pour cette raison que je préfère travailler après le premier montage. Il y a un certain rythme, il faut juste décoder la musique qui est déjà dans l'image. Parfois, on est obligé de couvrir les défauts de l'image, c'est un cas de figure moins intéressant. Quand je vois un film qui me parle vraiment, j'essaie de m'oublier moi-même musicalement et d'écouter la "musique de l'image".

Pourtant, certains compositeurs préfèrent intervenir en amont du projet, à l'étape du scénario...

A.Z : Cela dépend. Pour le dernier film de Sharunas Bartas, je suis intervenu au dernier moment. Mais pour son prochain film, il veut la musique avant le tournage. On a juste parlé un peu de l'histoire. Je lui ai proposé quelque-chose pour qu'il ait la musique dans la tête en tournant le film. Cela influe sur le film et le montage. J'ai déjà beaucoup d'expériences différentes et cette diversité m'intéresse. Si on trouve un modèle qui marche toujours, cela devient l'industrie et ce n'est pas très intéressant. 

Quelle est la différence entre votre travail de composition pour la danse et celui pour le cinéma ? 

A.Z :  Avec Pina Bausch, j'ai composé la musique sans voir la danse, en tenant compte des corrections et des directions reçues par mail. Avec Carolyn Carlson, j'ai improvisé. On jouait ensemble, je jouais du violoncelle. D'ailleurs à ce propos, toutes les musiques que vous avez entendues dans le film, c'est moi qui les joue, et rien n'est électronique, tout est acoustique. Pour le dernier spectacle qui était au Théâtre National de Chaillot, celui de Russell Maliphant, j'ai tout composé avant qu'il n'ait commencé à travailler avec les danseurs. Après quelques semaines de recherche, je suis vraiment parti dans les structures de musique. Quand on compose pour la danse, il n'y a que la musique, avec une structure musicale : le début, le développement, la fin. Musicalement, je trouve que c'est plus intéressant comme travail. Au cinéma, il y a la structure du film, ce n'est pas seulement la musique. La musique accompagne la structure du film, c'est la grande différence pour moi entre la danse et le cinéma. Mais j'aime les deux, ce sont deux façons de travailler très différentes. 

Dans L’ETÉ DES POISSONS VOLANTS, la musique est comme un personnage, rattachée au lac, à la terre…

A.Z : Oui, c'était l'idée. On ne voulait pas faire quelque chose d'illustratif, et en général je n'aime pas les musiques illustratives. Cela marche très bien dans le cinéma américain mais ce n'est pas pour moi, d'autres le font bien mieux que moi. Il est intéressant de créer un autre personnage et non pas d'illustrer le film. Donner une autre dimension avec la musique est beaucoup plus intéressant. C'est un challenge mais ça donne un meilleur résultat selon moi d'un point de vue artistique. 

Comment s'est passé le travail avec la réalisatrice Marcela Said ? Etait-elle directive ? 

A.Z : Elle m'a laissé une liberté totale. A priori, elle a aimé ma musique. J'ai pris un montage du film sans musique, je l'ai regardé plusieurs fois puis on a essayé les premières musiques que j'ai proposées. La direction était bonne, j'ai continué ainsi. Il y avait de plus en plus de musique à faire. 

Savait-elle déjà l'emplacement exact des musiques ou avez-vous décidé de cela ensemble ? 

A.Z : Elle m'a donné ses directions, où les mettre et où elle imaginait que ce serait bien d'en mettre. Après, j'ai un tout petit peu changé. On a fait un essai, on a regardé le film en entier et là j'ai proposé de rajouter quelques musiques à un endroit où il n'y en avait pas. C'était une vraie collaboration mais au départ c'est elle qui m'a proposé les endroits précis où elle voulait la musique.

Interview réalisée à Cannes le 20 mai 2013 par Floriane Jenard

 

 


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