Cannes 2015 : Panorama des BO en compétition officielle #1

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Benoit Basirico - Publié le 18-05-2015

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Voici le premier compte rendu des présences musicales dans les films vus en compétition officielle du Festival de Cannes. 

(dans l'ordre des préférences musicales, en commençant par la BO la plus appréciée)

CAROL (Todd Haynes ) - BO : Carter Burwell
Carter Burwell (compositeur régulier des frères Coen - présidents du jury du festival) retrouve Todd Haynes après la mini-série de HBO "Mildred Pierce". Pour illustrer ce drame passionnel, délicat, mais sans éclats, cette histoire d'amour entre deux femmes (Cate Blanchett, Rooney Mara), il pastiche Philip Glass avec son piano minimaliste tout en préservant son identité par sa manière d'instaurer des crescendo de cordes, une progression dramatique (voir Fargo). Cette BO apporte au film sa dimension romanesque. On y entend par ailleurs du jazz des années 50, époque où se situe le film (Billie Holiday...). 

 

TALE OF TALES (Matteo Garrone ) - BO : Alexandre Desplat
Alexandre Desplat retrouve l'italien Matteo Garrone après REALITY pour le premier film en anglais du cinéaste. Le film déçoit, ne parvient pas à maintenir une tension ou un émerveillement. Le conte fantastique s'avère assez grotesque par endroit malgré de beaux moments de drôlerie. Pour cette musique, le compositeur a employé une flûte pour le thème principal, et des cordes graves pour les aspects plus horrifiques, et s'avère toujours aussi à l'aise pour marquer un récit et des personnages de son empreinte sans alourdir le propos.

LA FORÊT DES SONGES (Gus Van Sant ) - BO : Mason Bates / Chris Douridas (supervision musicale)
Mason Bates, compositeur américain de musique symphonique, signe sa première BO pour Gus Van Sant avec une partition boisée (flûte, percussions). Pour ce film où la question du deuil est lourde, la musique se veut apaisante, réconfortante, comme le refuge que le personnage trouve dans cette forêt étrange. Le film a été hué à Cannes. Il s'avère en effet assez indéfendable tellement il ressemble à un accident industriel, mais la musique n'est pas déshonorante et reflète la certaine naïveté touchante du propos.
On y entend par ailleurs "Arrival In Nara" de Alt-J pendant la scène où Naomi Watts passe un scanner.

LE FILS DE SAUL (László Nemes ) - BO : Melis László
Pour ce premier film choc de László Nemes (2h dans un camp de concentration auprès d'un travailleur, filmé de près, caméra embarquée), le violoniste hongrois Melis László signe une partition de violon pour le générique de fin. Pour éviter de dramatiser l'horreur, le cinéaste a eu la juste raison de ne pas employer de musique dramaturgique pendant le film hormis ce générique.

MIA MADRE (Nanni Moretti ) - BO : Arvo Pärt
Après une collaboration avec Nicola Piovani (jusqu'à "La Chambre du fils" en 2001) puis Franco Piersanti ("Le Caiman" en 2006, "Habemus Papam" en 2011), Nanni Moretti convoque 7 titres du compositeur estonien Arvo Pärt pour accompagner les instants dramatiques et liens entre la réalisatrice dans le film et sa mère mourante. Ne pas convoquer un compositeur pour ce sujet peut refléter la pudeur d'un cinéaste qui lui-même ne s'est pas dirigé dans le rôle du réalisateur, mais comme celui du frère qui passe du temps auprès de sa mère.

THE LOBSTER (Yorgos Lanthimos ) - BO : Artistes variés / Nick Payne (supervision musicale)
Pour son premier film anglophone, le grec Yorgos Lanthimos convoque divers titres existants (Nick Cave interprété sur la scène de l'hôtel, "Les Jeux interdits" repris par deux guitaristes... ou encore des cordes à la Bartok). Voici donc un cinéaste qui propose une compilation pour habiller musicalement son film, au risque de faire "plaqué".

MON ROI (Maïwenn Le Besco ) - BO : Stephen Warbeck
Le compositeur anglais Stephen Warbeck retrouve la réalisatrice Maïwenn après "Polisse" (2011) avec une partition illustrative, variée, sans réelle identité dans sa globalité, accompagnant les scènes de manière fonctionnelle, mais avec un talent d'écriture certain. La BO s'achève sur un très beau moment lyrique pour illustrer la fin du drame.
On y entend aussi "Easy" de Son Lux (pour une scène de danse en club) ou encore "Golou L'mama" de Rayan. 

 

Benoit Basirico

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