Daniel et Julia Kowalski : la musique des sentiments complexes dans CRACHE COEUR

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Propos recueillis en mai 2015 à Cannes par Benoit Basirico - Publié le 26-05-2015

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Daniel Kowalski signe la musique du premier film de sa soeur Julia Kowalski, une oeuvre forte, où la musique tient une place de premier plan dans le véhicule des émotions. 

Interview Daniel et Julia Kowalski 

Julia Kowalski : Il était évident pour moi que ce soit Daniel qui fasse la BO du film, parce qu'on se connait depuis toujours, et qu'on partage des références musicales communes. Le point de départ du film était de parler de sentiments complexes, âpres, forts, qu'on a tous. La Pologne fait partie de ma vie de manière très forte, c'est venue comme un contexte, mais l'idée n'était pas forcément de parler des origines polonaises. J'avais envie de faire un film sur les sentiments, mais pas sur des bons sentiments, ce n'est pas un film sentimental mais c'est un film qui parle de sentiments.

Daniel Kowalski : Il y a quelque chose d'émotionnel dans ce que je fais en général dans la musique, donc cela est paru évident.

Julia Kowalski : Ce n'est pas complètement la musique que fait Daniel d'habitude, on a tenté de faire quelque chose de plus lyrique avec des orchestrations un peu plus compliquées, même si ce ne sont que des instruments qu'il a l'habitude d'utiliser, comme des synthés analogiques. Il y a en plus systématiquement une guitare électrique.

Daniel Kowalski : J'imaginais quelque chose d'électro-pop, assez frais et rythmé. Comme je suis autodidacte dans la musique de film, je me suis rendu compte en voyant les images qu'il ne fallait pas de rythme, c'est Julia qui me coachait.

Julia Kowalski : Je lui ai dit d'enlever tous les beat. On est tous les deux très contents du résultat. On se connaît très bien, donc c'était pratique et agréable, je pouvais aller dans son local de répétition, lui proposer d'enlever des éléments. Je pouvais facilement mettre la main à la pâte, et il rebondissait sur d'autres propositions, c'était un dialogue perpétuel. C'est l'annonce de la projection à Cannes qui nous a arrêté.

Daniel Kowalski : Je suis assez bricoleur, j'ai fait des musiques assez différentes dans ma vie avec ce que j'avais sous la main, je suis dans l'expérimentation. Au fur et à mesure des années, ce que je fais se situe entre la New Wave et l'électronique synth-pop. Le pas que j'ai fait vers le film est dans l'élimination. Il y a des morceaux qui sont malgré tout très proches de ce que je fais normalement

Julia Kowalski : On a inventé une manière de travailler ensemble, car moi non plus je n'avais jamais travaillé avec un autre compositeur, on ne savait pas comment s'y prendre. Il était très clair que je voulais de la musique, qu'il y en aurait, on en a parlé très longtemps en amont du tournage du film. Au même titre qu'il y a des acteurs, il y a de la musique. Ce n'est surtout pas une illustration de ce qui se passe à l'image, elle a sa place. On n'a pas peur, cela pourrait paraître "too much" mais j'assume, notamment la scène où elle brûle la lettre, on y entend la guitare solo.

Daniel Kowalski : J'avais peur d'être trop caricatural car c'est parfois proche d'une musique de film d'horreur. On pense à Dario Argento ou Carpenter, mais en regardant le film, cela fonctionne.

Julia Kowalski : Ce n'est pas un film d'horreur, mais on n'y pense tout de même par la lumière. On n'est pas du tout dans le naturalisme, c'est volontairement intemporel. La lumière, les costumes, et la musique participent à un côté bizarre, entre un souvenir et un cauchemar, J'avais vraiment envie de moments où la musique prendrait une place très importante, elle prend quasiment toute la place parfois, et je trouve cela très bien. C'est un parti pris assumé. A d'autres moments où on attendait de la musique, il n'y en a pas. C'est dramaturgique, mais pas pour amplifier, car parfois la musique va à contresens de ce qu'il y a à l'image. L'idée était de ne pas être dans l'illustration. J'avais envie d'aller à contresens de ce qui se passe à l'image.

Daniel Kowalski : Pour moi, c'était passionnant évidemment, mais en même temps très frustrant, très frustrant de ne pas pouvoir développer, d'être sous la direction d'un autre élément qui est l'image, il y a un truc très frustrant que je ne connaissais pas. Au final, j'ai quand même l'impression, je m'en suis rendu compte à la fin, que la musique de ce film est homogène. J'ai fait quelque chose de très original, c'est peut-être la chose la plus originale que j'ai faite. Je dis ça peut-être parce que je ne suis pas compositeur de musique de film et que je ne serais pas parvenu à faire quelque chose qui ne me ressemble pas.

Julia Kowalski : On se rend bien compte que c'est le même compositeur, il y a un tout.

Daniel Kowalski : Dans une scène de fête, il y a un morceau dansant que j'avais fait avant. Il sonne quand même comme les passages composés pour le film alors que le morceau avait trois ans. Mais au final la majorité de la partition était composée au dernier moment.

 

Propos recueillis en mai 2015 à Cannes par Benoit Basirico

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