Woody Allen ouvre le Festival de Cannes 2016 sur une note jazzy avec CAFÉ SOCIETY

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Benoit Basirico - Publié le 11-05-2016

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Le cinéaste américain Woody Allen, qui a toujours refusé d’entrer dans la compétition, inaugure les festivités avec panache. Jouant lui-même de la clarinette, le réalisateur dresse un costard trois étoiles à son film en convoquant des titres de jazz élégants qui ont la particularité d’avoir été enregistrés spécifiquement pour le film. 

En effet, bien que Woody Allen, amoureux de musique jazz et swing, ne collabore pas avec un compositeur (l'une de ses rares collaborations récentes fut celle avec Philip Glass pour « Le Rêve de Cassandre » (2007), il propose pour CAFÉ SOCIETY une BO tout en continuité et cohérence, en empruntant des titres instrumentaux écrits en majeure partie par Richard Rodgers & Lorenz Hart et interprétés spécifiquement pour le film par Vince Giordano and The Nighthawks, groupe de jazz créé en 1966 et toujours actif. Celui-ci apparait d'ailleurs à deux reprises à l'image lors des scènes de club (avec Kat Edmonson au chant pour les deux chansons du film).

Cette BO en continuité donne l'impression que tout le film se déroule dans ce club, même lorsque les personnages sont dans des bureaux, des jardins, des appartements, des restaurants... et cela lui confère un rythme soutenu, l'une des clefs de cette comédie réussie !

Aussi, ce chassé-croisé amoureux à Hollywood dans les années 1930, avec le timide Jesse Eisenberg et la séductrice Kristen Stewart, s'amuse des clichés du milieu du spectacle et s'attarde sur les protagonistes amoureux au lieu de se focaliser sur les stars dont les noms s'égrènent (Billy Wilder est cité comme un clin d'oeil à « Sunset Bvd », autre satire du monde du cinéma). La musique tisse cet arrière-plan de paillettes que les yeux du personnage Bobby peinent à regarder tellement son coeur regarde ailleurs. Woody Allen exploite comme pour son dernier film « Irrational Man » (où la ritournelle joyeuse "The In Crowd" de Ramsey Lewis accompagnait les errances du tueur Joaquin Phoenix) une figure de style dont il est l'un des spécialistes : l'ironie musicale.
Celle-ci révèle une cruauté et une noirceur qui sous-tend un cinéma pas si « carte postale » que certains veulent le dire du cinéma de Allen, même si ses apparentes élégance et joliesse sont communicatives.

Après une parenthèse l'année dernière avec le film social « La Tête haute » de Emmanuelle Bercot, le Festival de Cannes renoue en ouverture avec un cinéma « champagne » qui fait suite (avec une meilleure réussite) à « Grace de Monaco » (2014), « Gatsby le Magnifique » (2013), « Moonrise Kingdom » (2012) et même « Minuit à Paris » (2011 - Woody Allen à sa propre succession après également « Hollywood Ending » en 2002 - Cannes aime se regarder dans un miroir).

 

Benoit Basirico

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