Cinezik : Que représente pour vous L'EFFET AQUATIQUE, un nouveau film avec Sólveig Anspach qui nous a quitté en août dernier, après "Haut les coeurs!" (1999), "Back Soon" (2008), "Queen of Montreuil" (2012), Lulu femme nue" (2013) ?
Martin Wheeler : C'est très particulier, même si j'ai fait la musique de 15 films de Solveig, dont celui-ci qui est le troisième d'une trilogie. La cinéaste est tristement décédée avant même que l'on travaille sur la musique. Donc c'était une expérience très spéciale. Solveig n'était pas pour moi qu'une réalisatrice avec laquelle j'ai travaillée, elle était aussi une amie très proche. Donc faire son dernier film était particulier, au-delà de l'émotion que je ressens.
De quelle nature était cette collaboration ?
M.W : On était en collaboration tout le temps. Elle habitait à 200m de chez moi, on se voyait toutes les semaines, on faisait le marché ensemble, on prenait le café et on parlait de la vie, et aussi de cinéma, de ses projets... La collaboration avec elle est continue. Mais concrètement, on n'a jamais parlés spécifiquement de la musique de ce film. Solveig ne voulait pas qu'on soit théorique. Elle a toujours refusé qu'on ait des discussions théoriques. On ne parlait jamais de la musique, je lui parlais du scénario, d'idées qui me venaient à l'esprit, et pas forcément liées à la musique. Il y avait un esprit de tribu, les gens proches d'elle participaient. Je partais souvent sur ses tournages, dés les premiers jours du montage elle me montrait des images, mais on parlait très très peu. Avec d'autres réalisateurs on réfléchit au thème à associer à un personnage, etc, avec Solveig, je propose, elle donne son avis, et on part de là. Elle était concrète, ça marche ou ça marche pas.
Pour L'EFFET AQUATIQUE, d'où est venue l'inspiration ?
M.W : Sans pouvoir avoir Solveig en interlocuteur, j'ai travaillé à l'image, avec le scénariste Jean-Luc Gaget (partenaire de Solveig depuis longtemps), et la monteuse Anne Riegel. On a improvisé une équipe en trio pour terminer le film, c‘était une expérience hallucinante et aussi riche. N'ayant pas la personne légitime pour trancher, on a eu parfois trois avis différents sans pouvoir s'accorder. On s'engueulait pour l'intérêt du film.
Quel rapport Sólveig Anspach avait-elle avec la musique ?
M.W : Elle jouait du piano, elle avait des idées, pas forcément sur ce qu'elle voulait précisément mais elle avait les idées claires sur ce qu'elle aimait. Elle n'écrivait pas de musique mais quand quelque chose l'intéressait dans les propositions elle savait le reconnaitre.
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