Interview B.O : Christophe Julien, VILAINE

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Interview réalisée par Fabien Morin le 6 novembre 2008 - Publié le 01-08-2007




Après une formation classique, Christophe Julien commence à composer très tôt pour des courts-métrages. Parallèlement, il écrit les musiques de nombreux spots publicitaires (France Info, Acadomia, Pages Jaunes, M6, TF1, TPS star…) et de documentaires. Il fait des incursions au cinéma en faisant des arrangements ("Dix-huit ans après" de Coline Serreau) et en composant des musiques originales ("J’veux pas que tu t’en ailles" de Bernard Jeanjean, "Si c’était lui" de Anne-Marie Etienne, 2007).

Interview à propos de VILAINE: 
"Les acteurs me donnaient leur avis sur les thèmes que je composais"

Cinezik : Comment êtes-vous arrivé sur le projet de VILAINE ?

Christophe Julien : Je connaissais déjà les deux réalisateurs Allan Mauduit et Jean-Patrick Benes pour avoir fait avec eux des courts-métrages (Chair fraîche et Patiente 69). Ca s’est fait très simplement. Ils m’ont fait lire le scénario qui m’a tout de suite plu. Je suis retourné les voir dès le lendemain pour leur proposer deux thèmes donc j’ai très vite été impliqué dans le projet.

Le fait de ne pas avoir d’image pour composer au départ ne vous-a-t-il pas posé problème ? 

Non, au contraire, car cela permet de faire travailler l’imagination. L’histoire et l’univers que je ressentais dans le script m’ont inspiré. Ensuite, bien sûr, je m’appuie sur les rushes que je vois, je discute beaucoup avec les réalisateurs car la relation humaine est très importante, au-delà de la relation artistique. J’aime aussi beaucoup me rendre sur le tournage pour percevoir l’univers qui se crée avec les décors et les comédiens. Sur VILAINE, les acteurs me donnaient leur avis sur les thèmes que je composais. On s’enrichissait mutuellement avec les remarques de chacun. Frédérique Bel et Marilou Berry, par exemple, ont beaucoup apporté à l’univers musical que j’ai voulu créer.

Justement, comment êtes-vous parvenu à trouver l’univers qui collait à VILAINE, qui est un conte moderne et une comédie assez cynique ?


Le ton du film est effectivement très acide, c’est ce qui rendait le projet intéressant. Les deux réalisateurs m’ont laissé un grand champs de liberté et on est allé très loin ensemble ! Le film est à notre image ! Alors, pour trouver l’univers de VILAINE, je me suis inspiré de ses personnages bien particuliers, de leurs émotions, du contexte de l’histoire qui se passe dans des lieux perdus. Pour le thème principal, l’utilisation du célesta m’est venue naturellement. J’ai voulu donner aussi une couleur au film avec l’aide du glockenspiel pour des thèmes plus légers. Le choix des instruments est essentiel dans la construction de l’univers musical. Un instrument peut aussi identifier un personnage et c’est pour cette raison que j’ai utilisé un violon dans les scènes comiques avec le chat. Il fait contrepoids au gag.

La musique est très présente dans le film, comment êtes-vous parvenu à trouver le juste milieu pour faire exister votre musique originale avec le reste de la bande-son ?

C’est vrai qu’il y a plusieurs standards dans VILAINE (Blondie, Il était une fois…) auxquels Allan et Jean-Patrick tenaient spécialement. Ca n’a pas été trop difficile de se faire une place car certaines scènes devaient être entièrement accompagnées d’une musique originale et je devais me détacher des musiques additionnelles. D’ailleurs, cela nécessitait une précision sans faille car dans une comédie, surtout comme celle-ci, si la musique n’est pas millimétrée et parfaitement synchronisée, elle peut tuer le gag. Le plus dur, c’est de trouver l’équilibre. C’est la règle d’or pour les comédies. Pendant les enregistrements, il a fallu être très précis, quitte à refaire plusieurs fois certains morceaux pour qu’ils tombent parfaitement quand il le fallait. On a enregistré plus de cinquante minutes originales pour cette comédie.

Avez-vous été influencé par des compositeurs dans votre travail ?

Pas vraiment, je compose avant tout instinctivement. J’ai beaucoup d’admiration pour des compositeurs comme James-Newton Howard, Thomas Newman, Danny Elfman et Ennio Morricone alors peut-être que dans l’esprit certaines de mes musiques peuvent rappeler leurs univers et leurs sensibilités, mais ce n’est pas voulu. Et puis, des musiques comme celle de Danny Elfman sont trop grandioses pour des films comme VILAINE. Le film impose des choix musicaux. Il faut absolument respecter cela.

Est-ce que vous orchestrez vous-même tous vos films ?
    
Oui ! J’adore orchestrer ! C’est un vrai travail et c’est le moment où véritablement, on apporte la couleur musicale au film. Le jour où je ne pourrai plus orchestrer moi-même, c’est que vraiment je n’aurai plus de temps et que je croulerai sous les projets.

Interview réalisée par Fabien Morin le 6 novembre 2008

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