Cannes 2018 : YOMEDDINE, ou comment la musique transforme le sensible en sensiblerie

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Benoit Basirico - Publié le 10-05-2018

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[En compétition] La musique dans un film est un ingrédient délicat à manoeuvrer, d’autant plus lorsque l’oeuvre aborde un sujet sensible, où l’émotion est omniprésente. C’est le cas-ici dans ce premier film du réalisateur egyptien Abu Bakr Shawky, à travers l’aventure d’un lépreux en plein désert égyptien accompagné d’un orphelin qu’il a pris sous son aile, dans la quête commune d’une famille et d’un foyer bienveillant. Le bon sentiment est ainsi omniprésent, qu’une dose d’humour aurait pu équilibrer. Pourtant, c’est la musique, toujours là en surplomb des émotions, avec son lyrisme redondant, qui fait s’effondrer l’entreprise ambitieuse. Son emphase, au sentimentalisme joyeux, frôle le ridicule. 

De l’ETE DE KIKUJIRO (Kitano/Hisaishi) à LA VIE EST BELLE (Begnini/Piovani), en passant par LA STRADA (Fellini/Rota), les ballades tragi-comiques entre un enfant et un adulte-clown ont pu donner lieu à de magnifiques partitions, où la mélodie peut s’additionner à l’émotion sans la neutraliser, avec un zeste de contraste, comme quand David Lynch choisit d’employer la valse pour son monstrueux homme de foire ELEPHANT MAN. 

Il est ici évident que le réalisateur égyptien et son compositeur américain Omar Fadel n’ont pas suffisamment maitrisé leur collaboration image/musique, avec une création musicale qui ne permet même pas de retenir un thème qui aurait pu être comme un fil narratif, ce qui est à l’image de la mise en scène approximative, d’où aucune réelle invention visuelle ne se dégage, malgré des atouts insolites de décor (le lépreux dans une décharge). 

Reste un moment de danse, où les deux rejetés s’agitent sur « El Walla Dah » de Ezzat Abu Ouf & Four M Band

Benoit Basirico

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