Le compositeur autrichien Anton Karas signe son unique musique originale au cinéma pour le film de l’anglais Carol Reed. Alors inconnu, le musicien a été découvert par le réalisateur dans un bar à vins de Vienne alors qu'il était en repérage du film. Quand Carol Reed lui propose d’écrire la musique de son film, Karas s’en sent incapable puisqu’il n’avait jamais rien composé auparavant. Il a donc improvisé cette mélodie avec son instrument, la cithare. Au final, la B.O restera pendant onze semaines en tête du hit parade américain, entre avril et juillet 1950 ! Anton Karas fera le tour du monde pour jouer sa musique. C’est l’exemple le plus frappant d’une musique d’abord anecdotique rendue célèbre grâce à la puissance émotionnelle d’un film.
Spontané et minimaliste, ce motif répétitif joué à la cithare correspond au décor de ce film noir anglais, situé à Vienne, puisque cet instrument soliste est généralement associé au folklore autrichien. Mais hormis sur les crédits d'ouverture qui voient apparaitre les cordes pincées de Karas, la musique n'est jamais visible, toujours en dehors de l'action, représentant comme une sorte d’alter-ego pour le héros incarné par Orson Welles. Cette sonorité unique caractérise le personnage par son thème obsédant et lui attribue une carrure presque fantastique. La simplicité et l'épure de la composition contribuent à inscrire cette partition improvisée durablement dans les mémoires des spectateurs de ce film vainqueur du Grand prix du festival de Cannes 1949 (ex-Palme d'Or).
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