ALADDIN (Alan Menken, 1992), un véritable feu d’artifice

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par Thibault Vicq

- Publié le 15-06-2019




B.O culte du cinéma d'animation: ALADDIN (1988) de Ron Clements et John Musker.

C’est après avoir composé une comédie musicale off Broadway (LA PETITE BOUTIQUE DES HORREURS, adaptée au cinéma par Frank Oz en 1986) que l’Américain Alan Menken commence à travailler pour les studios Disney, qu’il contribuera à faire entrer dans un nouvel âge d’or au cours des années 1990. Son travail pour ALADDIN (1992) fait suite à ses succès avec Disney pour LA PETITE SIRÈNE (1989, qui jouait sur les éléments aquatiques et les Caraïbes) et LA BELLE ET LA BÊTE (1991 - et son contexte français), et précède POCAHONTAS, UNE LÉGENDE INDIENNE (1995), LE BOSSU DE NOTRE-DAME (1996) et HERCULE (1997). La BO d’ALADDIN est un véritable feu d’artifice, où les thèmes de chansons reviennent au cœur du score. Les sonorités orientales rejoignent l’effectif de l’orchestre symphonique pour illustrer aussi bien un exotisme grandiose que l’intimité entre les personnages.

Le dessin animé de John Musker et Ron Clements reste en mémoire pour la caractérisation de ses personnages : un Aladdin déterminé et un peu gauche, le vil vizir Jafar, et surtout un génie truculent et feel good qui justifie presque à lui seul le triomphe du film au box-office mondial. L’orchestration colorée laisse s’exprimer des cuivres tantôt martiaux (pour la chanson « Prince Ali »), tantôt festifs (« Je suis ton meilleur ami » / « Friend Like Me »), parallèlement à des solos de clarinette ensoleillés et à des cordes envoûtantes. L’univers de la comédie musicale se retrouve dans le rythme effréné des numéros et dans les thèmes associés aux personnages, repris par les instruments. Comme la magie du génie, la musique soulève les montagnes : elle crée des textures qui se meuvent au gré du vent chaud. Elle est également reliée à l’audace visuelle du long-métrage, qui cherche, après LA BELLE ET LA BÊTE (on pense à la chanson « C’est la fête » / « Be Our Guest »), à se détacher du réalisme dans sa mise en scène, tout en mirages, en apparitions et en visions oniriques. 

La première chanson, « Nuit d’Arabie » / « Arabian Nights », fait voyager au Moyen-Orient, avec ses percussions traditionnelles et ses fondus musicaux qui collent aux mystérieuses images de désert, au milieu de la nuit. On peut déjà y entendre la dimension romanesque qui fera de ce conte une aventure féerique. Les quatre autres chansons se situent davantage du côté du divertissement pur et instantané, incluant un duo d’amour (« Ce rêve bleu » / « A Whole New World »), qui donnera la parole à la princesse Jasmine, sur un tapis de synthétiseur étoilé. Le développement des parties chantées dans les musiques d’ambiance permet de creuser la psychologie des personnages. Aladdin, l’homme des rues devenu prince grâce au génie pour séduire la fille du sultan, se heurte en effet à l’incertitude d’un amour réciproque et de sa propre personnalité dans une identité faussée. Le vizir Jafar bénéficie d’une partie instrumentale qui révèle la menace qu’il représente. Aujourd’hui, on se souvient plus des chansons que du score, mais l’écoute de ce dernier permet de revivre la mise en émoi de sens qui avait eu lieu à la première vision du film.

 


par Thibault Vicq


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