Mars Attacks! (Danny Elfman, 1996), un thérémine pour cet hommage et pastiche de la SF

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par Thibault Vicq

- Publié le 12-09-2019




Pour cette sixième collaboration avec Tim Burton, Danny Elfman lorgne du côté de la science-fiction des années 50, et notamment du JOUR OÙ LA TERRE S'ARRÊTA, dont il réutilise le thérémine de la BO de Bernard Herrmann.

Le score de Mars Attacks! se situe ainsi entre hommage et pastiche. Si le long-métrage a clairement vocation à tourner en ridicule l'American way of life (en contrepied au premier degré d'INDEPENDENCE DAY, invasion martienne patriotique sortie quelques mois plus tôt en 1996), sa musique complexe atteint une dimension comique en surdramatisant les ingrédients du polar, de la chronique familiale, du film de guerre et du film catastrophe. Des citations prises à John Williams (désacralisation des RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE dans le titre « The Landing », parallèle avec le positivisme d'E.T. dans « Ritchie's Speech ») servent en sus à étayer l'ironie du rêve américain.

Comme souvent, Danny Elfman fait usage d'un rythme perpétuel, quasi-industriel. Ici se décèle le double sens  de la course au consumérisme de la part des Terriens, et d'un champ de bataille colonisateur du côté martien. La BO s'amuse des différences de traitements entre les deux peuples : quand les cuivres servent au cérémoniel solennel et m'as-tu-vu des États-Unis, ils deviennent martiaux et destructeurs sous le contrôle des hommes verts. Les détails de timbres participent à la création d'un contexte de kermesse, en parfaite adéquation avec le jeu de massacre qui a lieu à l'écran. Trilles, cris enregistrés, coups de langue à la flûte, cordes percussives, électronique oscillant, orgue et intervalle de neuvième qui traversent l'album semblent toujours élargir le cadre musical, lui aussi à la conquête de l'espace sonore.

La science du collage musical, entre récitatif instrumental et explosions rageuses, donne une impression de grouillement, de la trivialité des activités terriennes aux expérimentations scientifiques extraterrestres. Le laser qui sert de moyen de destruction massive aux martiens est recréé dans la composition par cet amas grandissant de combinaisons. Leur autre arme (leur appât féminin) est figurée par une dimension plus orientale au sitar et aux percussions indiennes. La violence et la douceur charnelle pourraient résumer le programme thématique, comme un instantané de cinéma. 

par Thibault Vicq


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