Sleepy Hollow (Danny Elfman, 1999), l'épouvante et la sorcellerie avec des trombones et tubas démoniaques

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par Thibault Vicq

- Publié le 13-09-2019




Danny Elfman termine la décennie 90 avec le conte gothique SLEEPY HOLLOW : LA LÉGENDE DU CAVALIER SANS TÊTE, septième collaboration avec Tim Burton qui lui permet de restituer en musique l'univers des films d'horreur de la Hammer. 

Le bien et le mal se font face par le duel entre timbres aigus et plus graves. La remarquable photographie monochrome - proche du noir et blanc - du long-métrage est traduite à l'ouïe par des textures orchestrales sobres, où s'épanouit un thème sous influence de Moussorgski, et faisant songer à une comptine enfantine dans une boîte à musique. Si Tim Burton traite de sorcellerie, de souvenirs de jeunesse et d'héritages familiaux, Danny Elfman trouve le juste dosage pour faire cohabiter ces éléments avec simplicité, et donne toute son importance au personnage surnaturel du cavalier, serial killer malgré lui.

Le compositeur reste en phase avec le cinéaste : le slasher movie prend le passé des personnages en considération, et le thriller prend son temps, car l'atmosphère est avant tout en jeu. Les chœurs forment le souffle du vent, les trémolos et les trilles des cordes font entendre les cris d'animaux dans la forêt, et les forces surnaturelles de l'au-delà prennent naissance dans des trombones et tubas démoniaques. Chez l'inspecteur Icahabod Crane, la naïveté de l'enfance et l'espoir de son amour pour Katrina Van Tassel possèdent des sonorités moins pesantes : pizz, solos clairs de clarinette ou envolées de harpe attendrissent le récit. Malgré sa densité, la partition dissémine des bulles et des courants aux vibrations chaudes.

Le spectre est illustré par une orchestration qui ne laisse aucun doute sur son statut légendaire. Les timbres prennent de l'ampleur, l'orgue ajoute une dimension divine. En intégrant toujours le même motif de quelques notes conjointes, ses meurtres s'extraient de l'acte purement physique pour incarner une vengeance. Outre cette résonance du destin, la musique ne cesse de bouger, jusque dans les descentes chromatiques qui déraillent. Des rythmes syncopés ou tournants peignent une couche de mouvement à la moindre tenue instrumentale. L'enquête, la calèche et le cheval vont de l'avant. La raison l'emporte sur le fétichisme des traditions anciennes. La sorcellerie bienveillante aide le pragmatique Ichabod à se défaire de ses doutes. Et c'est finalement la lumière, présente dans le film à des époques lointaines, qui triomphe au travers d'un agrandissement du champ sonore.



par Thibault Vicq


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