par Benoit Basirico
- Publié le 19-09-2019Danny Elfman (dont Bernard Herrmann est l'une des influences) fait la rencontre de Brian De Palma (très inspiré depuis ses débuts par le cinéma de Hitchcock). Leur association était naturelle, bien que cela soit pour un unique film, et malgré le fait qu'Alan Silvestri était initialement pressenti. Mais c'est dans le sillage de Lalo Schifrin, auteur de la musique originelle de la série adaptée, que ce tandem s'inscrit. La partition symphonique remplit son rôle de soutien à l'action de ce blockbuster, nourrie par un pupitre de percussions diverses justement dans l'esprit de la série. On retrouve bien le thème inaugural de Schifrin, et celui-ci semble infuser dans le reste de la musique à travers cet aspect percussif.
Les exploits de Ethan Hunt (Tom Cruise) sont magnifiés par l'orchestre aux sonorités stridentes et par les percussions frénétiques (bois diverses, des claves, des tambours, des caisses claires, un triangle, des percussions métalliques, une batterie, des timbales). Cette dimension spectaculaire et massive pour l'ambiance d'espionnage est contrastée par un thème plus mélancolique pour la relation ambigüe entre l'espion et Claire (Emmanuelle Béart). Elfman sait aussi ménager les silences (notamment dans la scène culte en suspension) engendrant du suspens, tout en privilégiant les solistes (contrebasse, violoncelle, flûte, guitare) pour entrer dans l'âme des personnages. Traduisant les sentiments troubles, soutenant l'idée de trahison et de manipulation, le compositeur, jusque là toujours ludique et décalé, entre dans une période plus sombre et complexe.
par Benoit Basirico
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