[Cannes 2021 - En compétition] Nadav Lapid filme un cinéaste israélien en colère, qui arrive dans un village reculé pour présenter son film, et dont la rage contre son pays se transmet dans la forme même du film tout en contrastes et en chocs visuels (le paysage du désert répond à la claustration d'une salle de cinéma, le burlesque succède au tragique, au corps meurtri). Musicalement, c'est le même mélange qui est à l'oeuvre. Une danse en plein désert sur "Be my baby" de Vanessa Paradis est en décalage avec le groupe de rock, Hayeudim, présent à l'image.
Le cinéaste place des pièces musicales qui véhiculent de la joie, de la rage, de la tension sexuelle : "Elles m'aident à avoir l'impression de construire un monument ! Un grand monument au milieu d'une place ! C'est un sentiment très primitif, primitif, frontal qui s'accumule en moi et je ne peux pas m'en détacher." Il emploie à cet effet des airs très populaires ("Welcome to the jungle" des Guns N' Roses, "Be My baby" de Vanessa Paradis, "Lovely Day" de Bill Withers...) dont l'effet sur le spectateur est immédiat : "Je pense que choisir la musique populaire est aussi lié au sentiment que mes films concernent chaque être humain. La musique populaire, les chansons que nous connaissons tous, servent de langage secret et universel fait d'associations et de sensations que les humains peuvent communiquer."
Même si le film apparait chaotique et décousu (ce qui est sa limite), la révolte du personnage est communicative et engendre une mise en scène visuelle et musicale inventive.
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