UNE HISTOIRE D'AMOUR ET DE DÉSIR (Lucas Gaudin), le saxophone illustre une incapacité à exprimer son désir.

une-histoire-damour-et-de-desir2021042802,Cannes 2021, - UNE HISTOIRE D'AMOUR ET DE DÉSIR (Lucas Gaudin), le saxophone illustre une incapacité à exprimer son désir.

par Benoit Basirico

- Publié le 18-07-2021




Pour son second et très beau film, présenté à la Semaine de la Critique (à Cannes), la réalisatrice tunisienne Leyla Bouzid s'intéresse à un jeune algérien qui rencontre une jeune tunisienne dont il tombe très amoureux, mais sans parvenir à lui exprimer ses sentiments ni à franchir le moindre pas vers elle. A la musique, Lucas Gaudin se saisit de son saxophone en soliste pour proposer un souffle heurté, suffoqué, comme empêché, à l'image du personnage. Il nous livre une des plus belles B.O entendues à Cannes

En effet, comme le précise la réalisatrice, le film accorde une place importante à la musique, notamment pour son personnage : "Épousant le point de vue d'Ahmed, la musique a pour rôle de nous transmettre ses émotions de la manière la plus organique possible, de nous faire accéder à son intériorité." On aperçoit même l'instrument au détour d'un plan en bord de seine, et le jeune couple le regarde, mutique. La musique représente bien cette expression retenue et illustre cet amour naissant. Elle fait le lien entre ce qui demeure enfoui et ce qui tente de jaillir à la surface.

Cette scène musicale est une première incursion dans l'éveil des sens de Ahmed, la première fois qu'il partage une émotion commune avec la jeune fille à ses côtés, moment qui sera reconduit lors du concert de Ghalia Benali, ou le tempo des joueurs de darbouka sur lequel Ahmed danse dans une séquence. "C'est en travaillant sur les passages où les personnages assistent en direct à des moments musicaux que la musique singulière et quasi expérimentale de Lucas Gaudin m'a semblé être une évidence."

Sous la forme d'un jazz moderne, à la fois mélodique et répétitif, cette balade musicale est comme un cri qui résonne avec l'émotion d'Ahmed. La réalisatrice évoque l'idée d'une "traversée" chez le personnage, le saxophone devient ainsi son guide, et lui donne du courage pour accomplir son plus profond désir de conquête.

par Benoit Basirico


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