Phénomènes (James Newton Howard), l'art de l'Inquiétude

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par Sylvain Rivaud

- Publié le 01-01-2008




James Newton Howard retrouve M. Night Shyamalan pour la sixième fois, après Sixième Sens (1999), Incassable (2000), Signes (2002), Le Village (2004) et La jeune fille de l'eau (2006), pour un film très sombre aux allures de fin du monde.

James Newton Howard structure sa partition autour d'un unique thème récurrent au piano, exposé dès l'ouverture (comme il le faisait dans les films précédents de Shyamalan, presque tous construits de la même manière). Ce thème, associé au "phénomène", traduit un mystère évident mais aussi une menace sourde et invisible. Il prendra néanmoins un sens complètement différent à la fin du film.

Entre ces deux moments, JNH compose ce qui restera probablement comme l'un des scores les plus sombres qu'il ait jamais écrit. C'est désespéré, inquiétant et même sombre. On est loin des mélodies lyriques du Village ou des envolées orchestrales de Incassable ou de La Jeune Fille de l'eau. On se rapproche davantage de Signes, avec ces motifs de cordes qui évoquent un suspense, une attente, l'inconnu : la peur, tout simplement. Le violoncelle de Maya Beiser ajoute une note profondément mélancolique à cette partition qui prend l'exact contrepied des attentes des béophiles, habitués à des musiques plus lyriques et ambitieuses dans leur développement. C'est pourtant en totale adéquation avec le film, résolument anti-spectaculaire lui aussi. Les motifs aux cuivres et aux bois qu'il utilise régulièrement évoquent sans aucun détour le Bernard Herrmann des films d'Hitchcock, référence évidente et non cachée de Shyamalan pour ce film. On y retrouve aussi ce goût pour les atmosphères dérangeantes (cordes stridentes, parfois atonales) qui rappellent les moments les plus effrayants de la musique de JNH pour Sixième Sens.

De la même manière que Shyamalan porte une réflexion sur son propre cinéma et sur celui de ses prédécesseurs avec une certaine forme d'épure, Howard se cite lui-même tout en évoquant Herrmann ou même Williams, puisqu'on y retrouve cette même aisance pour alterner moments désespérés et séquences d'émotion fulgurantes, autour d'un thème développé de manière progressive et subtile, qui finit par prendre un sens complètement différent avec les images au fur et à mesure de l'avancement du film. C'est l'exemple parfait d'une partition exclusivement dédiée à l'histoire pour laquelle elle a été créée et qui ne fonctionne qu'avec elle, même si on quitte le film avec ce thème obsédant en tête. Comme chez Spielberg, finalement. Tiens donc...

par Sylvain Rivaud


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