Le Pôle Express (Alan Silvestri), un voyage musical au coeur de l'esprit de Noël

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par Quentin Billard

- Publié le 01-01-2008




Alan Silvestri retrouve Robert Zemeckis après "À la poursuite du diamant vert" (1984), "Retour vers le futur" (1985), "Qui veut la peau de Roger Rabbit?" (1988), "Forrest Gump" (1994), "Contact" (1997), "Seul au monde" (2000). 

Avec ‘The Polar Express’, Alan Silvestri nous prouve qu’il n’a rien perdu de son âme d’enfant et nous offre une partition symphonique qui respire la magie et la beauté de l’esprit de Noël. En ce sens, le score de ‘The Polar Express’ se rapproche sensiblement du ‘Edward Scissorhands’ de Danny Elfman (qui a manifestement influencé le compositeur) ou du ‘Home Alone’ de John Williams, sans oublier le ‘Miracle on 34th Street’ de Bruce Broughton. Le score contient une série de thèmes mémorables avec un thème principal de toute beauté, thème simple lié à la magie de Noël, exposé dès le début du film par les cordes, les vents, le célesta et les choeurs (symbolisant la magie des fêtes de Noël). Ce très beau thème principal sera véritablement l’axe majeur de la partition, intervenant dans les moments forts du film. Le second thème suit très vite, légèrement plus sombre et intrigant d’esprit, s’apparentant à une petite mélodie pour célesta et qui évoque les doutes du jeune héros au sujet de l’existence du père Noël (cf. ‘Seeing is Believing’). On notera la façon dont Silvestri introduit l’orchestre et les choeurs qui donnent une plus grande ampleur à ce que l’on pourra surnommer ‘le thème du doute’. Passé l’exposition de ces deux premiers thèmes, Silvestri va progressivement nous amener à la séquence du train où la musique oscillera entre émerveillement et musique mickey-mousing sautillante traditionnelle, à la ‘Who Framed Roger Rabbit’. On notera l’apparition d’un troisième thème plus léger et sautillant, typique des thèmes de comédie du compositeur – et qui évoque l’excitation du départ à l’aventure avec un climat de bonne humeur et de convivialité. A noter que ce troisième thème sera à la base de ‘Spirit of The Season’, une des chansons écrites par Alan Silvestri pour le film, chanté par un joyeux choeur d’enfants et entendue durant la séquence où le train arrive au pôle nord.

Silvestri a ainsi pu s’impliquer dans la partie chanson du score puisqu’il a écrit ‘Believe’ (basé sur le thème principal de sa partition), le très joli ‘When Christmas Comes To Town’ (dont Silvestri réutilisera le thème associé dans le film à la jeune héroïne amie du garçon), l’entraînant ‘Rockin’ On Top of The World’, sans oublier ‘Hot Chocolate’ (séquence un peu gratuite et inutile du chocolat chaud dans le train) et ‘Spirit of The Season’, véritable hymne jovial aux fêtes de Noël. La bonne surprise vient des quelques morceaux d’action que le compositeur a écrit durant la scène du voyage mouvementé du train. C’est l’occasion pour nous de retrouver le Silvestri des musiques d’action avec percussions, cordes agitées, vents et cuivres massifs mis en avant. La scène où le jeune héros descend le long du toit du train en ski est accompagné de façon spectaculaire par l’un des plus puissants morceaux d’action du score, excitant à souhait comme il se doit (on sent à quel point le compositeur s’est fait plaisir du début jusqu’à la fin du film). Rythmes martelés chers au compositeur, cuivres massifs à la ‘Judge Dredd’, choeurs à la ‘The Mummy Returns’, rien n’y manque! Ces morceaux d’action imposent un vrai climat d’action et d’aventure dans le film, intensifiant l’action à l’écran et la sensation de danger. Idem pour la séquence où le train traverse la glace en train de se briser, accompagné par un autre déchaînement orchestral du plus bel effet, qui ravira tous les amateurs du Silvestri des musiques d’action. Mais c’est bien évidemment les thèmes qui dominent ici, le thème principal intervenant dans les moments plus émouvants du film, où la magie de Noël se manifeste de diverses façons. La magie culmine finalement durant la scène de l’arrivée du père Noël et de l’immense sac des cadeaux, accompagné par une musique plus festive où Silvestri met en avant un grand cliché des musiques de Noël, la clochette (ou tambourin) associé au traîneau du père Noël, et toujours abondamment utilisé dans les musiques de Noël (‘Home Alone’ de Williams en est rempli). La séquence avec le père Noël et la foule en délire est illustrée dans une véritable ambiance orchestrale festive où le compositeur s’amuse même à citer les airs de Noël traditionnels comme ‘Jingle Bells’ et ‘Deck The Halls’ dans des variations orchestrales particulièrement grandioses, festives et majestueuses. Le final du score se conclut avec une ultime reprise du magnifique thème principal pour choeur et orchestre, qui évoque l’idée de croire à la magie de Noël.

Depuis ‘Edward Scissorhands’ de Danny Elfman et ‘Home Alone’ de John Williams, on n’avait pas encore entendu un compositeur exprimer aussi majestueusement la magie des fêtes de Noël. Avec le nouveau film de Robert Zemeckis, Alan Silvestri a enfin eu l’occasion de rejoindre à son tour le panthéon des grandes musiques de Noël du cinéma américain, un genre souvent très codifié, bourré de clichés mais aussi plein de magie, d'exhubérance, de tendresse et de poésie. Loin de se contenter d’une petite partition sautillante et festive, Silvestri nous offre même quelques solides morceaux d’action excitants à souhait et apporte un relief considérable avec ses thèmes mémorables et ses sympathiques chansons originales écrites pour les besoins du film, apportant son lot d’émotion, de fraîcheur, de poésie et de magie au film de Robert Zemeckis. Le seul problème vient finalement de la sélection de musique sur l’album du film, qui ne rend absolument pas hommage au travail d’Alan Silvestri sur ‘The Polar Express’ (à quand une édition plus complète de ce très bon score?). Si vous n’avez pas encore perdu votre âme d’enfant, plongez dans ‘The Polar Express’, la nouvelle grande partition d’Alan Silvestri, plus inspiré que jamais! Vous ne le regretterez certainement pas.

par Quentin Billard


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