Dark Shadows (Danny Elfman), reviviscence d'une collaboration mythique

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par Sylvain Rivaud

- Publié le 01-01-2013




Danny Elfman retrouve Tim Burton pour la treizième fois sur un long métrage après ALICE AU PAYS DES MERVEILLES (2010). 

Danny Elfman nous avait laissé un petit goût d'inachevé avec ALICE IN WONDERLAND qui bénéficiait d'un superbe thème principal, mais c'était à peu près tout. La richesse et la folie des précédents scores d'Elfman pour Burton manquait un peu à l'appel, comme si le compositeur s'était soudainement contenté de donner le meilleur de lui-même sur la seule ouverture du film, élément qui reste tout de même, il faut le reconnaître, son domaine de prédilection. DARK SHADOWS ne déroge d'ailleurs pas à la règle puisque ce film bénéficie également d'un prologue superbement mis en musique par Danny Elfman qui retrouve ici (enfin !) la verve qu'on lui connaissait il y a encore quelques années, développant un thème ample et plein d'emphase pour grand orchestre et choeurs, au romantisme sombre qui n'est pas sans rappeler d'ailleurs la composition d'Elfman pour WOLFMAN, sans doute la dernière grande oeuvre du musicien.

Si DARK SHADOWS semble nous réconcilier avec Tim Burton, qui retrouve ici un filmage ludique et décalé, l'oeuvre nous rappelle aussi que Danny Elfman n'est jamais aussi inspiré que par les images de son alter-égo de cinéma, surtout quand on est dans le domaine du second degré, de l'horreur bis, du quasi-pastiche. La musique de DARK SHADOWS excelle à danser sur plusieurs tons, passant d'envolées orchestrales saisissantes à des glissandis de cordes bruitistes ("Resurrection") rappelant les partitions expérimentales des films d'horreur des années 70 à 90 (on pense à Chris Young, Marco Beltrami) tout en citant parfois les années 50 et Bernard Herrmann (dont Elfman est un admirateur déclaré). Elfman utilise aussi des sonorités synthétiques évoquant vaguement les années 60-70, en parallèle des chansons rock et funk que l'on entend dans le film, et qui complètent et enrichissent un score riche et varié, qui s'appuie sur son thème principal de manière parfois audacieuse et souvent payante ("Shadows - reprise"), évoquant parfois une certaine mélancolie (le thème dramatique et un peu triste du personnage d'Eva Green). Elfman, toujours secondé par son orchestrateur vituose Steve Bartek, déploie ici une musique qui plaira aux fans de sa grande période Burton tant l'on y retrouve tous ses tics (thérémine, clochettes, choeurs et particulièrement choeurs féminins) mais aussi des éléments évoquant la musique désuette et lounge des années 70.

Bien sûr on est loin de l'inspiration des grands scores d'Elfman pour Burton tels que EDWARD SCISSORHANDS ou BATMAN RETURNS mais on retrouve parfois la légèreté de MARS ATTACKS, ainsi que la fureur et le mystère de SLEEPY HOLLOW. Néanmoins, à moins d'être un fan complétiste de Danny Elfman, le CD de chansons paru chez WaterTower Music permet de retrouver les deux principaux morceaux d'anthologie d'Elfman sur DARK SHADOWS (le prologue et la finale) avec les chansons rock entendues dans le film et qui sont dans l'ordre sur le CD, avec notamment le superbe "Nights in White Satin" des Moody Blues (déjà entendu en 2011 dans le film L'APOLLONIDE) et les deux chansons qu'Alice Cooper chante pendant le bal dans le film.

par Sylvain Rivaud


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