Réalisé par Mathieu Kassovitz
Avec Mathieu Kassovitz, Iabe Lapacas, Malik Zidi...
(France)
Distribution : UGC Distribution
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Première collaboration entre le compositeur Klaus Badelt (en France depuis deux ans après son succès hollywoodien) et le réalisateur français Mathieu Kassovitz (de retour en France après ses déboires Hollywoodiens). La partition est interprétée par Les Tambours Du Bronx.
[© Texte : Cinezik] •
Tracklist (de la BO en CD ou Digital)
1. Beginning Of The Day (1:23)
2. Flying (2:23)
3. Journey To Jungle (2:47)
4. Reached The Beach (1:13)
5. Attack (2:34)
6. Barbarie (2:28)
7. Captured (1:49)
8. Fan (1:00)
9. Busted (2:23)
10. Pre-Attack (3:36)
11. Big Attack (7:50)
12. Aftermath (5:02)
La musique dans les films m'a toujours posé des questions particulières. J'ai tendance à me méfier des réalisateurs qui en mettent trop. C'est tellement facile de manipuler les spectateurs avec... Dans METISSE et dans LA HAINE, il y en a peu et pour ASSASSIN(S), j'avais fait appel à Carter Burwell, le compositeur des premiers films des frères Coen, qui avait écrit une musique absolument superbe.
J'ai toujours pensé que s'il y avait de la musique à un endroit, il fallait que ce soit justifié et qu'elle soit juste. Lorsque je pensais filmer L'ORDRE ET LA MORALE à la manière d'un reportage, j'avais même envisagé de ne pas en mettre du tout mais quand j'ai décidé d'une mise en scène plus installée, plus composée, j'ai vite compris que je ne pourrais pas m'en passer. Pas question pour autant de mettre des violons sur les gros plans de Legorjus pour forcer l'émotion.
Habituellement, je monte sans musique parce que ça impose un rythme qui n'est pas forcément celui du film, d'autant qu'on s'y habitue et que c'est très difficile ensuite de la remplacer. Pour ce film, j'ai fait une exception et j'ai monté quelques scènes sur la musique de LA LIGNE ROUGE et ça fonctionnait très bien. Je suis donc allé chercher Klaus Badelt qui a notamment travaillé avec Hans Zimmer sur le film de Terrence Malick et je lui ai aussi parlé d'une autre musique que j'aime beaucoup, celle de FULL METAL JACKET, une musique militaire un peu dissonante.
Je lui ai également parlé de cet autre fantasme que j'ai, comme réalisateur, et que j'essaie de concrétiser à chaque fois que je peux : celui de mettre sur les cinq ou dix dernières minutes un thème qui part doucement et monte en crescendo jusqu'à la fin du film, à la manière du Boléro de Ravel ou de Carmina Burana. Pour que cette montée en puissance soit encore plus forte, plus dramatique, je ne voulais pas d'instruments classiques. Nous avons alors fait appel aux Tambours du Bronx qui ont interprété cette musique à leur manière.
C'est ce qui aboutit à ce son si particulier. Comme un roulement de tambour militaire mais sur des caissons de métal, et qui, du coup, ressemble à un bruit de char.
Klaus Badelt n'en finit pas de composer pour des films français, pour un résultat souvent assez peu convainquant. Mais il se trouve ici face à un authentique cinéaste, Mathieu Kassovitz, qui lui impose un vrai parti pris musical auquel le compositeur s'adapte, tout naturellement. Il signe un score assez anxiogène, atmosphérique, avec toutefois un motif dramatique exposé en ouverture du film (on l'entendait aussi dans la bande-annonce), et qui revient en crescendo vers la fin. C'est un motif élégiaque qui évoque LA LIGNE ROUGE, inévitable musique de Hans Zimmer temp-trackée sur beaucoup de films de guerre (mais pas seulement) depuis une dizaine d'années, et qui n'a pas fait exception ici (lire les propos de Kassovitz plus bas). Mais le parti pris fonctionne, Badelt ayant su adapter cette référence à sa propre partition, très bruitiste, âpre, percussive : mêlés aux clusters électroniques de Badelt, les Tambours du Bronx apportent des sonorités métalliques à cette partition où les percussions sont très présentes, rythmant le film, ajoutant de la pression à l'intrigue, créant un suspense... On devine aussi un écho aux musiques militaires, comme dans IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN, mais dans un registre plus étouffant, évoquant la chaleur de la jungle calédonienne, les mensonges d'état. La musique se limite cependant le plus souvent à de l'illustration, n'apportant pas grand chose au film, lui-même déjà très chargé émotionnellement. C'est sans doute pas plus mal, mais cela en fait un score limité aux images, une fois n'est pas coutume. On peut donc voir cette musique comme étant le reflet d'un parti pris du cinéaste, le compositeur apportant de son côté peu d'idées innovantes, mais dans ce cas précis, l'alchimie fonctionne bien et n'envahit jamais le film.
Klaus Badelt a également écrit la musique de : The Pledge (2001) • K-19 : The Widowmaker (2002) • Wu ji, la légende des cavaliers du vent (2006) • Poseidon (2006) • Premonitions (2007) • Rescue Dawn (2008) • Pour elle (2008) • Le Petit Nicolas (2009) • Solomon Kane (2009) • L'Immortel (2010) • L'Arnacoeur (2010) • The Extra Man (2010) • A bout portant (2010) • The Prodigies : La Nuit des enfants rois (2011) • Je n'ai rien oublié (2011) •
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