Réalisé par J.J. Abrams
Avec Kyle Chandler, Elle Fanning, Amanda Michalka
Long-métrage américain .
Genre : Science fiction
Distributeur : Paramount Pictures France
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Michael Giacchino retrouve son fidèle réalisateur J.J. Abrams après STAR TREK et MISSION IMPOSSIBLE 3, mais aussi les séries LOST et ALIAS, et en tant que producteur pour CLOVERFIELD.
[© Texte : Cinezik] • 0884463374966
Tracklist (de la BO en CD ou Digital)
01. Super 8 (01:44)
02. Family matters (00:29)
03. Model painting (00:41)
04. Acting chops (00:40)
05. Aftermath class (05:54)
06. Thoughts of cubism (00:48)
07. We'll fix it in post-haste (00:44)
08. Productions woes (00:34)
09. Train of thought (00:35)
10. Circle gets the cube (01:06)
11. Breen there, ate that (01:12)
12. Dead over heels (00:48)
13. Gas and go (01:34)
14. Looking for Lucy (00:49)
15. Radio haze (01:08)
16. Mom's necklace (unused) (01:33)
17. Shootus interuptus (02:35)
18. Thoughts of mom (01:41)
19. Woodward bites it (01:54)
20. Alice projects on Joe (02:29)
21. Neighborhood watch / Fail (04:45)
22. The evacuation of Lillian (03:40)
23. A truckload of trouble (00:57)
24. Lambs on the lam (02:40)
25. Woodward's home movies (02:40)
26. Spotted lambs (01:37)
27. Air force HQ or bust (01:04)
28. World's worst field trip (03:36)
29. The seige of Lillian (02:57)
30. Creature comforts (10:10)
31. Letting go (05:18)
32. Super 8 suite (03:28)
33. The case (bonus track) [by 'Charles Kaznyk'] (03:28)
Pour « Super 8 », l'objectif était similaire au concept du film lui-même : renouer de façon nostalgique avec l'atmosphère des années 70/80, et plus particulièrement des musiques de film de John Williams écrites à l'époque pour les films de Steven Spielberg. Relevant le défi avec panache, Michael Giacchino fait appel aux ressources de l'excellent Hollywood Studio Symphony (quoiqu'il aurait été plus judicieux de faire appel au London Symphony Orchestra pour retrouver ce son propre aux grandes musiques de film symphoniques des années 80) et nous livre une composition orchestrale assez classique d'esprit, qui vaut surtout pour ses grandes qualités d'écriture et la présence de ses nombreux thèmes, chose devenue rare de nos jours dans la musique de film moderne.
Le
score de Giacchino se devait donc d'évoquer avec nostalgie un retour aux
sources rafraîchissant et épisodique à une époque aujourd'hui révolue
où musique de film rimait avec thèmes, symphonique et orchestrations
luxueuses. Et c'est John Williams qui a servi de modèle au compositeur
pour la musique de « Super 8 » (la présence de Spielberg à la production
ayant probablement facilité cette inspiration), une grande partition
symphonique dotée de quatre thèmes forts et mémorables, alternant entre
action, suspense, aventure et émotion, à la manière des grandes musiques
de film hollywoodiennes des années 80 (on pense autant à Williams qu'à
James Horner voire Bruce Broughton ou Alan Silvestri).
Le premier thème, très présent tout au long du film, est un motif
ascendant de trois notes, sombre et mystérieux, associé à la créature.
Ce motif, véritablement protéiforme, sera quasiment omniprésent lors de
la plupart des scènes où il est question de l'alien ou des dégâts qu'il
commet tout autour de lui. Autre thème majeur ici, le thème familial de
Joe, le jeune héros du film, thème plus intimiste et touchant
reconnaissable à sa cellule mélodique de quatre notes, entendu dès le
début du film dans « Super 8 » (morceau qui débute d'ailleurs par une
toute première introduction du motif du monstre). Le troisième thème,
plus secondaire, et pourtant bien plus intéressant que le thème
principal de Joe, est entendu pour la première fois dans « Acting Chops »
: il s'agit du Love Theme pour Alice et Joe, thème mélodique ample et
romantique assez savoureux, très influencé de John Williams ou des
grands Love Theme de James Horner (on pense par exemple à celui de « The
Rocketeer »). Enfin, le quatrième et dernier thème est entendu
brièvement dans « Aftermath Class » et repris notamment dans « The
Evacuation of Lillian ». Il s'agit du thème martial et cuivré associé
aux bad guys du film, les soldats de l'armée américaine. Le thème - qui
n'est pas sans rappeler le thème allemand de la musique de Giacchino
pour le jeu vidéo « Medal of Honor - Secrets Weapons Over Normandy » -
sera lui aussi très présent tout au long des scènes avec les militaires,
et personnifie clairement la menace et le danger que représentent les
soldats américains tout au long du film, un thème assez malléable qui
sera bien souvent opposé en contrepoint avec le motif de la créature.
Fort de ses quatre thèmes majeurs, Michael Giacchino élabore ainsi une
partition symphonique à l'ancienne, le tout porté par une nostalgie et
un goût évident pour les grandes oeuvres symphoniques d'antan. Si «
Super 8 », « Family Matters », « Model Painting » ou « Acting Chops » ne
servent qu'à établir les premiers thèmes du score - celui de la famille
de Joe et le Love Theme secondaire d'Alice - les choses deviennent plus
complexes avec le long et sombre « Aftermath Class », où mystère et
danger ont enfin leur mot à dire. Giacchino met ici l'accent sur le
motif entêtant de la créature et le thème de l'armée. On appréciera,
comme toujours chez le compositeur, les qualités de l'écriture
orchestrale et des orchestrations, riches et soignées - à noter par
exemple l'utilisation typique de la harpe vers le milieu de « Aftermath
Class » et d'un orgue utilisé discrètement pour représenter la
découverte stupéfiante des ados suite au crash du train. On appréciera
aussi la façon dont Giacchino développe admirablement ses principaux
thèmes en fonction de l'action et du récit, un procédé narratif qui
renvoie à la technique traditionnelle du leitmotiv wagnérien, que John
Williams porta à son apogée dans le cinéma de Spielberg des années
70/80. Un morceau pourtant modeste comme « Thoughts of Cubism » est
représentatif de ce fait, notamment dans la façon dont Giacchino
superpose le Love Theme d'Alice et le motif obsédant de la créature. Le
thème d'Alice se voit d'ailleurs transformé en mélodie élégante et
enthousiasmante dans « We'll Fix It In Post-Hate », où il se retrouve
confié à des cordes malicieuses et enjouées sur fond de harpe et piano,
évoquant la fougue et l'innocence poétique de la jeunesse. Les oreilles
plus attentives remarqueront d'ailleurs un cinquième thème dans la
partition de « Super 8 », plus secondaire, entendu dans son intégralité
au début de « Aftermath Class » où il est confié à un mélange
contrebasses/contrebasson/bassons. Ce thème mystérieux constitué d'un
groupe de quatre notes descendantes évoque clairement tout au long du
film le secret entourant le crash du train, thème qui reviendra
brièvement aux vents au début de « Train of Thought ». Le thème
militaire devient prépondérant et puissant dans le martial « Circle Gets
the Cube », un thème qui, en plus d'évoquer « Medal of Honor », a
souvent été rapproché du thème des bad guys du « E.T. The
Extra-Terrestrial » de John Williams. Le suspense et l'action ne sont
pas en reste dans « Breen There, Ate That », évoquant avec fureur les
méfaits de la créature, avec ses cuivres rugissants et agressifs.
Et comme toujours, on retrouve une solide combinaison du thème militaire
et du motif de l'alien dans « Gas and Go », tandis que le motif du
train est à nouveau repris dans « Looking for Lucy », avec le retour de
cet orgue étrange utilisé à plusieurs reprises dans le film (une
excellente idée qui vient apporter une certaine personnalité à la
composition de Michael Giacchino). On notera aussi avec intérêt
l'utilisation de l'électronique dans le sombre et angoissant « Woodward
Bites It », où le thème militaire est repris de façon extrêmement
glauque et tendue - avec la présence de cet orgue mystérieux couplé ici à
un son de glass harmonica. L'action n'est pas en reste avec entre autre
l'excellent « Lambs on the Lam » ou l'intense « Air Force HQ Or Bust »
et ses cuivres massifs qui rappellent parfois, non sans nostalgie, les
musiques de film d'épouvante/science-fiction des années 50. On
appréciera d'ailleurs le caractère virtuose et extrêmement agressif des
orchestrations et du jeu des instruments dans l'intense « World's Worst
Field Trip » pour la séquence de l'affrontement dans l'épave du bus - on
retrouve clairement ici le style action de « Mission Impossible III » -
le morceau apporte une intensité extrême à cette scène spectaculaire du
film, grâce à ses cuivres intenses, ses percussions martelées et ses
rythmes syncopés complexes, et personnifie admirablement bien le danger
et l'excitation de l'affrontement, le tout servi par des orchestrations
toujours très riches et pleines de détails. La tension monte ensuite
d'un cran dans « The Siege of Lillian » débouchant au long climax final
de « Creature Comforts », 10 minutes intenses alternant entre action,
suspense et coda calme et apaisée, suivi du magnifique « Letting Go »
pour la grande conclusion du film, reprenant le motif mystérieux de la
créature, le thème de Joe aux violoncelles et le Love Theme d'Alice. On
appréciera ici la façon dont Giacchino superpose encore une fois ses
thèmes dans une écriture contrapuntique très élaborée et digne des plus
grands maîtres, « Letting Go » apportant une sensation d'émerveillement
grandiose et d'émotion pour la conclusion du film, le tout porté par une
lyrisme et une poésie chère à Michael Giacchino.
Seule ombre au tableau : les morceaux s'avèrent être bien souvent très
courts (trop ?), les premières pistes du score ne dépassant ainsi
quasiment jamais 1 minute voire 50 secondes, un défaut assez particulier
dans « Super 8 », qui donne ainsi l'impression d'entendre une partition
certes très cohérente mais aussi extrêmement morcelée (la faute est
aussi imputable à un séquençage hasardeux). Mais au final, sans être
d'une folle originalité, la musique de « Super 8 » reste à n'en point
douter l'une des musiques de film majeures de l'été 2011, une grande
partition symphonique « old school » dotée d'une pléiade de thèmes,
d'orchestrations riches et d'une écriture
harmonique/contrapuntique/mélodique qui rappelle clairement les grandes
heures de la musique de film hollywoodienne, preuve en est que les
talents n'ont pas disparus à Hollywood et qu'il reste encore des
musiciens capables d'écrire des musiques d'une telle ampleur, d'une
telle qualité pour des blockbusters U.S. Certes, la musique de « Super 8
» imite bien souvent John Williams sans jamais atteindre le génie ni la
complexité des oeuvres du maestro américain - l'écriture mélodique de
Giacchino restant bien souvent plus simple et aussi plus prévisible que
chez Williams - mais le résultat est tout bonnement épatant, aussi bien
dans le film que sur l'album, où l'on écoute le score avec un intérêt
constant, une musique agréable, tour à tour sombre, furieuse, menaçante,
mystérieuse et aussi émouvante, poétique, touchante et enthousiasmante.
Elle évoque avec nostalgie une époque lointaine où les compositeurs
savaient encore nous faire rêver au cinéma, et c'est là le défi que
s'est lancé Michael Giacchino sur « Super 8 », défi qu'il semble
avoir relevé haut la main. Un must de l'été 2011, à
découvrir sans plus tarder !
Michael Giacchino a signé la musique d'autres films de J.J. Abrams : Lost : Saison 2 (2006) • Mission impossible 3 (2006) • Lost : Saison 3 (2008) • Lost : saison 4 (2009) • Star Trek (2009) • Lost, les disparus (Saison 5) (2010) • Lost : Saison 6 (2010) •
Michael Giacchino a également écrit la musique de : Les Indestructibles (2004) • Coco (2017) • Lost : Saison 1 (2006) • Spider-Man: Homecoming 3 (2021) • Esprit de Famille (2004) • Ratatouille (2007) • An American Pickle (2020) • Spider-Man: Far From Home (2019) • Cloverfield (2008) • Speed Racer (2008) • Là-haut (2009) • Le Monde (presque) perdu (2009) • Laisse-moi entrer (2010) • Cars 2 (2011) • Bienvenue à Monte-Carlo (2011) •
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