Le Vent se lève (Joe Hisaishi), une simplicité héroïque brillament orchestrée

vent-se-leve,hisaishi, - Le Vent se lève (Joe Hisaishi), une simplicité héroïque brillament orchestrée


par Sylvain Rivaud

- Publié le 17-01-2014




Au bout de dix long-métrages, la collaboration Hisaishi/Miyazaki a acquis un statut d’évidence. Plus grand chose ne peut nous surprendre avec eux, le chemin est assez balisé : grand orchestre, lyrisme, mélancolie. Clairement, LE VENT SE LEVE n’est pas la partition la plus étonnante ou la plus brillante du compositeur japonais, mais elle a, comme le film, cette saveur de “chant du cygne” qui enchante et prend à la gorge à la fois.

Le film (et le disque) s’ouvre par une mélodie légère d’inspiration italienne, avec mandoline et accordéon. On a l’impression de retrouver l’ambiance méditerranéenne de PORCO ROSSO, l’autre film de Miyazaki ayant pour sujet l’aviation, mais il y a une nuance : le seul personnage italien du film est un ingénieur dont le héros entend parler à travers des articles d’aviation. Ce personnage prend vie et lui parle dans ses rêves, et devient son mentor, son inspiration. Il va symboliser, tout au long du film, ce grand “rêve” qui guide tous les créateurs et anime leur ambition. Le développement de la seconde partie du thème évoque l’enthousiasme et la passion du héros. Hisaishi imagine aussi un autre motif, destiné aux scènes aériennes (plus rythmées et spectaculaires), et joué essentiellement par les cuivres. C’est un motif plus héroïque et trépidant, presque de fanfare, qui évoque la grandeur des réalisations du héros. 

="http://download.macromedia.com/pub/shockwave/cabs/flash/swflash.cab#version=6,0,40,0"> Comme toujours, le compositeur japonais utilise le piano, qui crée un lien d’intimité entre les personnages et les spectateurs. On retrouve aussi de grandes plages de cordes lyriques pour certaines scènes aériennes, particulièrement spectaculaires. Le tout est comme toujours brillament orchestré, même si une certaine simplicité est ici de mise. On est loin de la densité orchestrale du CHATEAU AMBULANT ou même de PONYO (qui était directement inspiré de Wagner). Hisaishi évoque le vent et les mouvements des avions avec des flûtes et des cordes virevoltantes, donnant ainsi une vraie légèreté au film. Cette partition est de toute évidence en filiation avec cette de PORCO ROSSO, très proche dans l’esprit.

Néanmoins, les films de Miyazaki sont toujours emprunts d’une certaine mélancolie, et celui-ci plus que jamais. Hisaishi sait aussi transformer son thème léger en mélodie douce et triste (piste 19), permettant à un même thème de transmettre toute une palette d’émotions et de sentiments, à l’instar d’un John Williams. La seconde partie du disque se fait plus introspective, avec des morceaux plus lents, plus épurés, parfois un peu plus torturés aussi, plus sinueux (piste 22), qui nous met en présence d’un travail musical plus savant et virtuose. En ce sens, la partition de Hisaishi pour LE VENT SE LEVE est l’une de ses moins évidentes et accessibles. Elle nécessite plusieurs écoutes attentives pour déceler toutes les subtilités écrites par le compositeur. Elle enrichit le film de nombreuses saveurs qui font toute la nuance et la beauté des films de Miyazaki, qu’on ne peut également jamais juger d’une seule vision. Hisaishi maîtrise plus que jamais ces différences de ton et ces différents niveaux de lecture typiques du cinéaste, d’autant plus qu’il s’agit ici du seul film du maître qui ne soit pas destiné aux enfants. Une fois de plus, une leçon de maître.

 

par Sylvain Rivaud


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