Interview Amaury Chabauty et Martin Caraux (VENDEUR)

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- Publié le 03-05-2016




Le compositeur Amaury Chabauty signe la musique du premier long-métrage de Sylvain Desclous après avoir signé les musiques de ses court-métrages "Là-bas" (2009), "Le monde à l'envers" (2012), "Mon héros" (2014). Le superviseur musical Martin Caraux s'est chargé des musiques préexistantes.

 

 Ecoutez l'interview au sein de l'émission de radio :

Après avoir signé la musique de ses court-métrages, qu'est-ce que le passage au long a changé dans votre collaboration avec Sylvain Desclous ?

Amaury Chabauty : C'est effectivement mon premier long-métrage, comme le réalisateur. Le passage du court au long, c'est très différent, ce n'est pas du tout la même écriture. Dans le court-métrage, ce sont souvent de courtes interventions, des ponctuations assez rapides, des génériques, des séquences « pivot ». Pour un long-métrage, on est obligé de réfléchir à une écriture et une narration différentes.

Comment vous est venue l'idée de ponctuer les scènes de vente par de la percussion ?

A.C : Avec la monteuse, dés le premier jour de montage on a travaillé pour voir ce qu'on allait faire en musique. Et assez rapidement, on s'est aperçus qu'il était assez difficile de rentrer harmoniquement dans ces scènes-là. Donc on est partis sur l'idée d'une rythmique, pour donner un aspect plus percussif, plus mordant, aux séquences de vente. On avait aussi besoin de montrer la connivence entre les vendeurs, avec leurs combines, pour caractériser l'univers de ces vendeurs.

Les percussions accompagnent aussi par une accélération les malaises du personnage de Gilbert Melki...

A.C : C'est aussi parfois une musique plus intérieure, qui montre le quotidien pas toujours rose de ce vendeur, souvent très seul le soir, qui prend des substances... La musique montre un moment de malaise. Cette batterie peut faire penser au Cercle Rouge de Melville.

En quoi votre musique participe t-elle aussi à l'émotion du rapport père-fils qui est en jeu ?

A.C : Pour les musiques d'introspection, j'ai plutôt utilisé la guitare et des cordes, pour une esthétique folk américaine. J'ai donc utilisé régulièrement une guitare folk, des cordes et du piano. Il y a un aspect de western. J'ai même essayé le banjo et la guimbarde.

Vous êtes aussi un artiste de la scène, et vous n'êtes pas si éloigné dans vos BO de la forme guitare/batterie...

A.C : J'ai fait du classique étant jeune, mais aussi en effet beaucoup de rock quand j'étais adolescent et jeune adulte. Je m'en sers pour la musique des films maintenant.

Martin Caraux, en quoi consiste votre rôle de superviseur musical ?

Martin Caraux : Le métier de superviseur musical regroupe plusieurs activités. Aux Etats-Unis, le superviseur musical est celui qui ne s'occupe que des musiques préexistantes, mais en France il s'occupe également de la musique originale. Je peux être utile pour amener un compositeur, m'occuper de la production de la musique, et aussi sur le choix des musiques preéxistantes en accord avec le réalisateur et pour la clearance des droits. En l'occurrence sur VENDEUR, quand je suis arrivé Amaury était déjà en place, je suis donc arrivé pour l'épauler, le soutenir sur la ligne dans laquelle on voulait aller, et suivre la conception des maquettes. Mais Amaury a produit lui-même sa musique. Et effectivement il y a pas mal de musiques existantes dans le film (voir tracklist http://www.cinezik.org/critiques/affcritique.php?titre=vendeur). Sylvain avait une idée de ce qu'il voulait mais parfois les musiques sont trop chères ou inaccessibles, comme ce fut le cas avec Van Morrison qui ne voulait pas donner son accord. J'ai donc trouvé un équivalent avec Gordon Lightfoot. Dans le cas où le compositeur est déjà investi sur le film, on appelle un superviseur musical pour apaiser les relations, pour être le tampon entre le réalisateur, le producteur et le compositeur, être une voix légitime dans la cacophonie que peut être parfois la recherche d'une musique originale sur un film, quand un compositeur veut s'affirmer, et que le réalisateur et producteur ont une autre idée.

Pour VENDEUR, il s'agit d'un couple constitué avant même votre implication, depuis les court-métrages du réalisateur... comment avez-vous trouvé votre place ?

M.C : Mon rôle est de m'adapter aux couples réalisateur/compositeur. Parfois les réalisateurs ne parlent qu'à moi et je retransmets aux compositeurs, mais parfois ils s'entendent très bien alors l'idée n'est pas de m'incruster entre les deux, mais d'harmoniser tout cela. Sylvain et Amaury se connaissaient avant moi donc je suis arrivé pour faciliter la direction qu'on allait prendre, et les laisser travailler ensemble. C'est surtout très utile pour les premiers films.

Aujourd'hui, la tendance est au « package » : les superviseurs sont aussi agents et éditeurs au sein d'entreprises globales...

M.C : Je revendique le fait d'être uniquement superviseur. C'est bien de ne pas être attaché à des compositeurs, d'être indépendant dans les choix, comme le fait de ne pas être éditeur. Ma force est de pouvoir puiser dans n'importe quel catalogue dans le monde entier, de ne pas être lié à un catalogue en particulier. C'est très important. Après, j'ai en effet des collègues superviseurs qui sont aussi éditeurs et agents. Ils font très bien leur travail, mais les producteurs attendent de moi que je ne sois pas lié à un catalogue ou à un compositeur.

Interview réalisée à Paris le 2 mai 2016 par Benoit Basirico
Dans le cadre de l'émission "Vive le cinéma" sur Aligre FM.

 

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