Interview B.O : Julian Nott (WALLACE & GROMIT : LE MYSTÈRE DU LAPIN-GAROU)

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Entretien et traduction par Sylvain Rivaud, avec l'aide de Richard Holding. - Publié le 01-01-2005




A l’occasion de la sortie sur nos écrans du film WALLACE & GROMIT : LE MYSTÈRE DU LAPIN-GAROU, le compositeur anglais Julian Nott a accepté de répondre à quelques unes de nos questions par voie électronique, afin d’évoquer le processus de production du film, et sa collaboration avec l’équipe de Hans Zimmer sur la musique de ce second long-métrage des studios Aardman.

Cinezik : Sur CHICKEN RUN , vous n’aviez pas pu être engagé, malgré l’envie de Nick Park de travailler avec vous sur ce film. Comment avez-vous vécu cela ?

Julian Nott : CHICKEN RUN était le premier long-métrage des studios Aardman. Ils n’étaient donc pas en mesure de défier Dreamworks, leur producteur. Dreamworks avait des idées très définies sur la musique, et n’étaient pas persuadés que moi, un inconnu, allait faire mieux que leurs compositeurs favoris, Media Ventures. Après tout, Media Ventures avait mis en musique tous leurs films d'animation, et c'était déjà une collaboration qui marchait très fort. Je n’étais donc pas vraiment important pour Dreamworks. Évidemment, c’était une déception pour moi, parce que j'avais signé la musique de nombreux films précédents d'Aardman, et notamment tous les films de Nick Park. Mais on n’obtient pas toujours ce qu’on veut du premier coup !

Aviez-vous commencé à travailler sur CHICKEN RUN avant la décision de Dreamworks ?

Non, je n’ai rien écrit pour ce film. J'ai juste écrit un morceau pour la promo du film, que Dreamworks a utilisé pour vendre et promouvoir le projet aux distributeurs. C’est tout.

Sur WALLACE & GROMIT : LE MYSTÈRE DU LAPIN-GAROU, vous retrouvez enfin Nick Park en même temps que vos héros favoris. Nick Park vous a-t-il parlé du projet dès l’écriture du scénario ? Quelle place avez-vous eu dans le processus de la production ?

Je n'ai pas été impliqué dès l’écriture du manuscrit, mais au moment de l’animatique, lorsque les voix et les premiers storyboards ont été montés ensemble. J'ai mis de la musique sur ce premier montage. À cette étape, nous avons expérimenté différents styles de musique et avons essayé de trouver l’esprit du film « LE MYSTÈRE DU LAPIN-GAROU ». La grande question était jusqu’à quel point la musique devait être effrayante. L’une de nos conclusions était que plus la musique serait effrayante, plus le film serait drôle. Mais une autre de nos conclusions était que si nous rendions la musique trop effrayante, on risquait de tuer les gags. Nous avons donc conclu au final que la musique ne devait jamais devenir trop sombre ni effrayante.

Le processus a beaucoup changé quand Hans Zimmer est arrivé sur le film, parce qu'il a apporté un nouvel élément au processus de production : plus moderne, plus Hollywoodien, que nous n'avions jamais fait. Dreamworks a souhaité cela. Ils ne voulaient pas du style anglais excentrique que j’avais fait sur les court-métrages. Je pense qu'ils ont songé au fait que puisque ce film était pour un large public, il devait y avoir une grosse musique que vous associez à un gros film Hollywoodien.

C’était donc une exigence de Dreamworks, ou bien un choix de Nick Park, dû à des délais de productions trop courts ?

C'était vraiment l'idée de Dreamworks. Ce n'était certainement pas celle de Nick Park ! Dreamworks voulait s’assurer que leur film ait un excellent score, puisqu'ils ne savaient rien de moi. C’est pourquoi Hans Zimmer est venu sur place pour s'assurer que tout était satisfaisant pour Dreamworks.

Quel délai avez-vous eu pour composer la musique de WALLACE & GROMIT : LE MYSTÈRE DU LAPIN-GAROU ?

Ce fut d’abord assez tranquille pendant la période où j'ai mis en musique les storyboards et le premier montage du film. Mais à la fin de la production, c’était un horrible rush parce que le film changeait tout le temps et que l'animation avait pris du retard ! Ceci explique pourquoi toute notre équipe musicale a eu beaucoup de difficultés pour boucler le travail dans les temps.

Malgré cela, votre style est très présent sur l’ensemble de la partition, très réussie et inspirée. Comment avez-vous travaillé avec Rupert Gregson-Williams, Jim Dooley, Lorne Balfe et Alastair King pour garder l’esprit de votre style musical sur les premiers WALLACE & GROMIT ?

Ça aurait pu tourner à la catastrophe ! En général, l'équipe de Media Ventures écrit de la musique à mille lieues du style de Wallace & Gromit. Mais je suis heureux de pouvoir affirmer que Hans Zimmer a été très respectueux du style original de Wallace & Gromit et n’a jamais essayer d’aller dans un autre sens. Je l’ai senti très réceptif à mon point de vue, dès que je sentais que les choses n’allaient pas dans la bonne direction. L'équipe de Zimmer venait juste de terminer BATMAN BEGINS, et je pense qu’il leur a fallu un peu de temps pour s’approprier quelque chose d’un peu plus modeste et de moins gothique. Aardman était également très exigeant quant au style original de Wallace & Gromit, au point d’exiger que la totalité de l'équipe de Hans prenne le temps de s’asseoir et de regarder A CLOSE SHAVE ensemble pour s'assurer qu'ils étaient dans le ton de Wallace & Gromit. Mais vers la fin de la production, je pense que tout le monde avait trouvé le style. Naturellement, la musique pour le film n'est pas tout à fait la même que pour les court-métrages : le score du film est plus imposant, plus complexe, peut-être moins comique aussi, plus fougueux. Cependant, je pense qu'il y a eu une heureuse fusion de mon style original pour Wallace & Gromit avec celui plus moderne de Hans Zimmer. Je pense que la confrontation des deux styles a produit un résultat intéressant.

Quelles ont été les exigences ou les recommandations de Nick Park pour la musique du film WALLACE & GROMIT : LE MYSTÈRE DU LAPIN-GAROU ? Le film étant bourré de références cinématographiques, vous a-t-il cité des musiques de films ?

À la différence des court-métrages, nous n'avions pas vraiment cette approche d'employer des références à d’autres musiques de films. La raison en est que de telles références nous auraient amenés à des musiques de films d’horreur, puisque l’histoire du film a été inspirée par de l’horreur à l’ancienne. Nous avons donc évidemment essayé faire référence à des musiques de film d’horreur dès le début de l’écriture du score (comme THE OMEN, de Jerry Goldsmith), mais la difficulté est que le genre est très sombre et accablant. C’est une musique qui tend à dominer l'image et elle aurait certainement rendu les gags inefficaces. C'est parfait pour un vrai film d'horreur, mais il faut se rappeler que Wallace & Gromit est avant tout une comédie, et qu’il ne faut pas faire de musique qui va à l’encontre de l'humour du film.

A-t-on des chances de voir un jour vos musiques pour les premiers films WALLACE & GROMIT éditées en CD ?

Je l'espère. Il serait temps, mais ce n’est pas de mon ressort !

Entretien et traduction par Sylvain Rivaud, avec l'aide de Richard Holding.

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