Nausicaä de la vallée du vent (Joe Hisaishi), une balade poétique entre Orchestre et Electronique

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par Quentin Billard

- Publié le 01-01-2008




'Nausicaä' marque la toute première collaboration entre Joe Hisaishi et Hayao Miyazaki, qui allait trouver en Hisaisi un fidèle complice qui le suivra tout au long de sa carrière, alignant chef-d'oeuvre après chef-d'oeuvre avec une maestria rare. 

Si la partition orchestrale/électronique de 'Nausicaä' n'a peut-être pas la puissance émotionnelle d'un 'Princesse Mononoké' ou la magie d'un 'Chihiro', le score n'en demeure pas moins une jolie première réussite pour ce long-métrage nippon. Le score repose sur un excellent thème principal considéré comme l'un des classiques du compositeur, exposé majestueusement dès l'ouverture du film, avec un piano et une harpe, des cordes amples et une petite rythmique légère. Le thème principal est associé à la grande quête de Nausicaä et capte à merveille toute la magie et la grandeur du film, un thème mélancolique quasiment épique qui a évidemment réussi à trouver sa place dans le coeur de tous les béophiles et les inconditionnels de l'oeuvre de Miyazaki. 'Chant de Ohm' évoque la fureur du Oomu au début du film avec une première introduction électronique et un premier morceau d'action électronique dominé par des synthés très années 80 et quelques sons de guitare électrique saturée et chaotique, évoquant la puissance et la fureur de l'insecte géant. A noter que l'utilisation de ces synthés rétro, que l'on retrouvera dans des BO comme 'Laputa' ou 'Mon Voisin Totoro', risquent mal de passer aux oreilles de certains béophiles. Mais ils constituent néanmoins la marque de fabrique d'un Hisaishi qui se plaisait à passer de l'orchestre à l'électronique dans les films d'animation de Miyazaki (par la suite, ses musiques resteront bien souvent très orchestrales).

'La vallée du vent' nous introduit dans une atmosphère indienne méditative et improvisée plutôt inattendue, avec cithare et derboukas accompagnant la scène de l'arrivée de maître Yupa dans la vallée du vent. On notera une reprise du thème de la vallée du vent à la cithare à la fin du morceau, renforçant le côté oriental attribué au village du roi Jhil. Dans 'la princesse qui aime les insectes', Hisaishi nous dévoile le superbe thème de la vallée du vent dans une superbe envolée pour cordes, un thème mélodique et mémorable comme Hisaishi sait si bien en écrire (scène où Nausicaa ramène un insecte volant chez lui afin d'apaiser sa colère), la seconde partie plus de type new-age/indienne étant absente du film. Plus particulier, 'L'invasion de Kushana' utilise les synthétiseurs dans un style un peu étranger, décrivant l'invasion des troupes de Kushana dans la vallée du vent, suivi d'un passage orchestral plus martial et cuivré. Dès lors, Hisaishi évoque le début de la guerre et variera ses ambiances avec aisance et diversité. Ainsi, 'Bataille' utilise l'orchestre pour un excellent morceau d'action martial plus massif durant une séquence de bataille aérienne. Dans 'Echange avec les Ohms', Hisaishi évoque la scène où Nausicaä communique avec le Oomu en mélangeant orchestre et synthétiseur new-age, accentuant la magie de la scène. C'est là que le compositeur fait intervenir le joli thème chanté par une enfant et associé à Nausicaä. Au passage, on pourra d'ailleurs reprocher le fait que l'enfant chante horriblement faux, un effet évidemment assumé afin de retranscrire l'innocence de l'enfant et d'évoquer habilement la pureté que recherche Nausicaa à travers sa quête.

'Dans la mer de corruption' se distingue par ses synthétiseurs new-age qui évoquent le fukai et le monde des insectes. On notera ici l'utilisation d'un orgue synthétisé qui déploie des sonorités mystérieuses et envoûtantes par-dessus les nappes de synthé. 'La destruction de Pejite' évoque la scène de la destruction de la citée de Pejite avec un ostinato de percussions électroniques et un nouveau passage new-age/indien associé à l'idée dévastation. Dans 'Une bataille entre Mehve et Corvette', Hisaishi retourne à l'orchestre pour illustrer une autre séquence de bataille aérienne vers la dernière demi-heure du film. On notera ici l'utilisation des cordes et des vents qui créent un plus grand climat d'urgence, avec quelques timbales lors de la poursuite entre Nausicaa et le vaisseau ennemi. Hisaishi change encore de registre dans 'La résurrection du Dieu guerrier' pour la scène, car, après une nouvelle allusion au thème principal mélancolique au hautbois/cordes, la pièce vire dans un style orchestral plus sombre lorsque Kurashana tente de ressusciter le menaçant et massif dieu guerrier. On notera ici le côté atonal de la pièce avec clusters de cuivres, glissendi de harpe et de cordes. A noter qu'Hisaishi fait une brève allusion tout à fait inattendue à la célèbre 'Sarabande' de Haëndel au début de 'Requiem de Nausicaa' lors de la résurrection finale de Nausicaa et la concrétisation de la prophétie, permettant au compositeur de reprendre la mélodie enfantine (toujours affreusement mal chantée sur des 'la-la-la') associée à Nausicaa symbolisant ici le triomphe de la pureté aboutissant à la superbe conclusion de 'L'être-oiseau' reprenant de manière triomphante le thème de la vallée du vent aux cordes avant une ultime reprise du thème principal pour piano et cordes.

Première grande partition symphonique/électronique pour un film d'animation d'Hayao Miyazaki, 'Nausicaä' fait assurément partie des oeuvres incontournables du compositeur qui, même s'il n'atteint pas ici l'émotion et la puissance de certaines de ses futures partitions pour le célèbre réalisateur japonais, signe malgré tout une oeuvre personnelle variée, tour à tour entraînante, émouvante, mystérieuse, sombre, mélancolique, etc. La musique de 'Nausicaä' se veut aussi comme une sorte d'hommage musical rendu au manga d'origine de Miyazaki, une musique qui permet de prolonger l'atmosphère complexe et profonde de ce gigantesque ouvrage de référence dans l'univers des mangas japonais. A noter qu'il existe une superbe édition symphonique (9 pistes) de cette musique, un album à posséder absolument afin de compléter l'écoute de cette bande originale très réussie et typique du grand Joe Hisaishi !

par Quentin Billard


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