NAUSICAA marque la première collaboration entre les japonais Joe Hisaishi et Hayao Miyazaki, le début d'un univers unique dans l'animation jamonaise au sein du studio Ghibli (créé à l'issue de ce film).
[© Texte : Cinezik] •
Tracklist (de la BO en CD ou Digital)
1. Girl Who Fell from the Sky
2. Morning of Slag Valley
3. Funny Fight (- Pursuit)
4. Memories of Gondoor
5. Passo of Disappointment
6. Robot Army (Resurrection - Rescue)
7. Picking Up the Choir (Chorus / Suginami Children's Choir)
8. Theta's Determination
9. At the Tiger Moss Issue
10. A Sign of Ruin
11. Moonlight Sea of Clouds
12. Castle in the Sky
13. Collapse of Laputa (Chorus / Suginami Children's Choir)
14. Pointing You (Singing / Annie Inoue)
Avec les voix de Sumi Shimamoto, Mahito Tsujimura, Hisako Kyôda
Long-métrage japonais.
Genre : Animation, Drame, Science fiction
Durée : 1h56min
Année de production : 1984
'Nausicaä' marque la toute première collaboration entre Joe Hisaishi et
Hayao Miyazaki, qui allait trouver en Hisaisi un fidèle complice qui le
suivra tout au long de sa carrière, alignant chef-d'oeuvre après
chef-d'oeuvre avec une maestria rare. Si la partition
orchestrale/électronique de 'Nausicaä' n'a peut-être pas la puissance
émotionnelle d'un 'Princesse Mononoké' ou la magie d'un 'Chihiro', le
score n'en demeure pas moins une jolie première réussite pour ce
long-métrage nippon. Le score repose sur un excellent thème principal
considéré comme l'un des classiques du compositeur, exposé
majestueusement dès l'ouverture du film, avec un piano et une harpe, des
cordes amples et une petite rythmique légère. Le thème principal est
associé à la grande quête de Nausicaä et capte à merveille toute la
magie et la grandeur du film, un thème mélancolique quasiment épique qui
a évidemment réussi à trouver sa place dans le coeur de tous les
béophiles et les inconditionnels de l'oeuvre de Miyazaki. 'Chant de Ohm'
évoque la fureur du Oomu au début du film avec une première
introduction électronique et un premier morceau d'action électronique
dominé par des synthés très années 80 et quelques sons de guitare
électrique saturée et chaotique, évoquant la puissance et la fureur de
l'insecte géant. A noter que l'utilisation de ces synthés rétro, que
l'on retrouvera dans des BO comme 'Laputa' ou 'Mon Voisin Totoro',
risquent mal de passer aux oreilles de certains béophiles. Mais ils
constituent néanmoins la marque de fabrique d'un Hisaishi qui se
plaisait à passer de l'orchestre à l'électronique dans les films
d'animation de Miyazaki (par la suite, ses musiques resteront bien
souvent très orchestrales).
'La vallée du vent' nous introduit dans une atmosphère indienne
méditative et improvisée plutôt inattendue, avec cithare et derboukas
accompagnant la scène de l'arrivée de maître Yupa dans la vallée du
vent. On notera une reprise du thème de la vallée du vent à la cithare à
la fin du morceau, renforçant le côté oriental attribué au village du
roi Jhil. Dans 'la princesse qui aime les insectes', Hisaishi nous
dévoile le superbe thème de la vallée du vent dans une superbe envolée
pour cordes, un thème mélodique et mémorable comme Hisaishi sait si bien
en écrire (scène où Nausicaa ramène un insecte volant chez lui afin
d'apaiser sa colère), la seconde partie plus de type new-age/indienne
étant absente du film. Plus particulier, 'L'invasion de Kushana' utilise
les synthétiseurs dans un style un peu étranger, décrivant l'invasion
des troupes de Kushana dans la vallée du vent, suivi d'un passage
orchestral plus martial et cuivré. Dès lors, Hisaishi évoque le début de
la guerre et variera ses ambiances avec aisance et diversité. Ainsi,
'Bataille' utilise l'orchestre pour un excellent morceau d'action
martial plus massif durant une séquence de bataille aérienne. Dans
'Echange avec les Ohms', Hisaishi évoque la scène où Nausicaä communique
avec le Oomu en mélangeant orchestre et synthétiseur new-age,
accentuant la magie de la scène. C'est là que le compositeur fait
intervenir le joli thème chanté par une enfant et associé à Nausicaä. Au
passage, on pourra d'ailleurs reprocher le fait que l'enfant chante
horriblement faux, un effet évidemment assumé afin de retranscrire
l'innocence de l'enfant et d'évoquer habilement la pureté que recherche
Nausicaa à travers sa quête.
'Dans la mer de corruption' se distingue par ses synthétiseurs new-age
qui évoquent le fukai et le monde des insectes. On notera ici
l'utilisation d'un orgue synthétisé qui déploie des sonorités
mystérieuses et envoûtantes par-dessus les nappes de synthé. 'La
destruction de Pejite' évoque la scène de la destruction de la citée de
Pejite avec un ostinato de percussions électroniques et un nouveau
passage new-age/indien associé à l'idée dévastation. Dans 'Une bataille
entre Mehve et Corvette', Hisaishi retourne à l'orchestre pour illustrer
une autre séquence de bataille aérienne vers la dernière demi-heure du
film. On notera ici l'utilisation des cordes et des vents qui créent un
plus grand climat d'urgence, avec quelques timbales lors de la poursuite
entre Nausicaa et le vaisseau ennemi. Hisaishi change encore de
registre dans 'La résurrection du Dieu guerrier' pour la scène, car,
après une nouvelle allusion au thème principal mélancolique au
hautbois/cordes, la pièce vire dans un style orchestral plus sombre
lorsque Kurashana tente de ressusciter le menaçant et massif dieu
guerrier. On notera ici le côté atonal de la pièce avec clusters de
cuivres, glissendi de harpe et de cordes. A noter qu'Hisaishi fait une
brève allusion tout à fait inattendue à la célèbre 'Sarabande' de
Haëndel au début de 'Requiem de Nausicaa' lors de la résurrection finale
de Nausicaa et la concrétisation de la prophétie, permettant au
compositeur de reprendre la mélodie enfantine (toujours affreusement mal
chantée sur des 'la-la-la') associée à Nausicaa symbolisant ici le
triomphe de la pureté aboutissant à la superbe conclusion de
'L'être-oiseau' reprenant de manière triomphante le thème de la vallée
du vent aux cordes avant une ultime reprise du thème principal pour
piano et cordes.
Première grande partition symphonique/électronique pour un film
d'animation d'Hayao Miyazaki, 'Nausicaä' fait assurément partie des
oeuvres incontournables du compositeur qui, même s'il n'atteint pas ici
l'émotion et la puissance de certaines de ses futures partitions pour le
célèbre réalisateur japonais, signe malgré tout une oeuvre personnelle
variée, tour à tour entraînante, émouvante, mystérieuse, sombre,
mélancolique, etc. La musique de 'Nausicaä' se veut aussi comme une
sorte d'hommage musical rendu au manga d'origine de Miyazaki, une
musique qui permet de prolonger l'atmosphère complexe et profonde de ce
gigantesque ouvrage de référence dans l'univers des mangas japonais. A
noter qu'il existe une superbe édition symphonique (9 pistes) de cette
musique, un album à posséder absolument afin de compléter l'écoute de
cette bande originale très réussie et typique du grand Joe Hisaishi !
Joe Hisaishi a signé la musique d'autres films de Hayao Miyazaki : Le Château dans le ciel (1986) • Mon Voisin Totoro (1988) • Kiki la petite sorcière (1989) • Porco Rosso (1995) • Princesse Mononoké (2000) • Le Voyage de Chihiro (2002) • Le Château Ambulant (2005) • Ponyo sur la falaise (2009) • Le Vent se lève (2014) •
Joe Hisaishi a également écrit la musique de : Hana-Bi (1998) • A Scene at the Sea (1991) • Le Mecano de la General (1927) • Aniki, mon frère (2000) • Dolls (2003) • L'été de Kikujiro (1999) • Kids Return (1996) • Sonatine (1993) • Les Enfants de la mer (2019) • Sunny et l'éléphant (2008) • Departures (2009) • Villain (2011) • Tenchi meisatsu (2013) • Tokyo Family (2014) • Le Conte de la princesse Kaguya (2014) •
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