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The Players est un service de création de BO crée à Londres en 2010 par Matt Robin avec deux partenaires à Paris : Jacques Denis (journaliste musical) et Fred Bellaiche (producteur de film).
Twitter : @LesPlayers
Notion / F.A.Q : Qui sont les Superviseurs musicaux ?
Cinezik : Pourquoi avoir eu l'envie de créer une entreprise de supervision musicale ?
J.D : Au départ, c'est une idée d'amis de vingt-cinq ans, à savoir Fred Bellaïche et moi. Fred Bellaïche est producteur de cinéma et moi je suis journaliste de musique, entre autre. On s'est rencontré à l'université, nos chemins ont divergé mais on est toujours resté bons amis. Je l'ai déjà aidé sur quelques B.O, je lui ai présenté le musicien Vincent Ségal. Et puis à un moment il a voulu que l'on crée une entreprise, je lui ai dit "pourquoi pas". Mais il fallait un troisième personnage pour l'aspect juridique et tout le côté business. J'ai ainsi parlé du projet à un ami basé à Londres qui s'appelle Mathias Robin, français installé à Londres depuis vingt ans, qui travaille dans le business de la musique. Il gère beaucoup de catalogues éditoriaux, notre projet l'a branché, et c'était parti !
Comment fonctionne votre travail en trio ?
Il faut savoir que c'est une activité guère lucrative pour l'instant. Nous avons nos activités les uns et les autres à côté, ce qui nous permet d'être relativement détendu par rapport à tout ça, et en même temps on amène une véritable expertise sur le domaine de la musique. On se confronte à la réalité du cinéma, qui sont des réseaux, des gens que Mathias et moi ne connaissons pas très bien. On a des amis dedans mais très peu. Fred est cette clé qui ouvre. Il a vingt ans de pratique, un peu comme moi à l'inverse dans la musique. Ce travail à trois repose sur une expertise juridique et de catalogues avec aussi une vraie connaissance de la musique en général qui est Mathias Robin. Il peut identifier le prix de tel catalogue très vite, il a tout les contacts internationaux, représentant des catalogues lui-même à l'international depuis Londres. Moi, j'ai plutôt l'expertise de la musique vivante, des musiciens ici et à travers le monde, je connais beaucoup d'américains, de brésiliens... dans tous les domaines. J'ai cette expertise-là et je suis un amateur de musique assez chevronné. Le troisième pilier, Fred, étant lui aussi un bon amateur de musique, a plutôt l'expertise du cinéma et de la connaissance de tous ces réseaux-là. Ca repose là-dessus et sur un désir de proposer des musiques autrement, avec des musiciens qui pour le moment sont peu exploités, voire pas du tout.
Quels ont été les premiers interlocuteurs pour vos premiers films ?
Pour l'instant tous les projets que l'on a eu sont des projets de réseaux, un tel parle à un tel qui dit à un tel... et on arrive. Pour le premier projet, LA PETITE VENISE, on a eu une opportunité parce que la musique du film envisagée initialement ne convenait pas. On nous a appelé un peu en pompier. Il s'est avéré que nos propositions étaient les bonnes.
Et donc sur LA PETITE VENISE, quels ont été les choix musicaux ?
Il n'y a pas eu de choix musicaux d'emprunt, les choix étaient déjà faits au moment où nous sommes intervenus. Andrea, le réalisateur, avait quand même une vision extrêmement précise de ce qu'il voulait. On s'est chargé de "clearer" (négocier les droits). En revanche, on devait trouver un compositeur pour le piano. Le réalisateur a choisit avec la production à partir d'une palette de cinq à dix pianistes relativement faciles d'accès que nous avons proposé. Ils ont donc pris Francois Couturier. Après nous avons supervisé l'enregistrement, et "booké" les studios car je connais très bien les studios sur Paris. La supervision musicale, ça va de la commande, c'est à dire la lecture du scénario, jusqu'à la livraison de la bande.
Quel a été votre travail sur un autre film de 2012 : JE SENS LE BEAT QUI MONTE EN MOI ?
Là il n'y avait pas de budget, c'est un moyen-métrage. Le réalisateur est plutôt amateur de la Northern Soul, et plusieurs titres qu'il proposait ne pouvaient pas être utilisés. On lui a sauvé un titre ("The Snake" de Al Wilson) mais tout le reste était trop cher. Notre travail était donc de remplacer des titres par d'autres pour que ça coûte moins cher et d'aller en quête des ayants-droits. Il ne faut pas déprécier la qualité et en même temps il faut déprécier le coût.
Quel regard portez-vous sur les choix de musiques dans les films en général ?
Je trouve qu'il y a beaucoup de musiques de film qui ne servent à rien. Il y a beaucoup de musiques qui ne font que tirer des larmes. Récemment j'ai vu la bande-annonce de QUAND JE SERAI PETIT de Jean-Paul Rouve, avec la chanson "Mistral Gagnant" de Renaud. Il faut sortir des clichés de ces titres qui ont une force d'évocation telle qu'ils polluent l'image. Il faut être malin et curieux. Tarantino avait réussi à faire découvrir des titres. Tout le monde se souvient aujourd'hui du titre "Across 110th Street" lors du plan séquence d'ouverture de JACKIE BROWN. Tout le monde se souvient de ce plan-là, personne ne connaissait le titre. Depuis c'est devenu un classique. Tarantino est un modèle pour les superviseurs musicaux.
Mais quand le réalisateur fait ce boulot-là il n'y a pas besoin de superviseurs ?
Tu ne peux être que l'aide pour "clearer" les droits. Mais un bon réalisateur, s'il est fan de musique, attend que toi aussi tu lui proposes d'autres musiques, c'est un échange.
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