Cannes 2014 : les BO entendues les 16, 17 et 18 mai au festival

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- Publié le 18-05-2014

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Au programme de ce deuxième focus sur les BO du Festival de Cannes : des biopics (Turner pour Mike Leigh, Yves Saint Laurent pour Bonello), du polar (Amalric), du thriller (Egoyan), du western (Tommy Lee Jones), de la comédie ("Relatos Salvajes", "Les Combattants")... Comment cela se traduit-il musicalement ?

En compétition : MR TURNER de Mike Leigh
BO : Gary Yershon

Le compositeur anglais Gary Yershon retrouve son fidèle compatriote Mike Leigh après ANOTHER YEAR, BE HAPPY et TOPSY-TURVY. Le cinéaste dresse de longs tableaux vivants du peintre Turner dans le privé, présenté par son caractère irrassible, mais aussi attendrissant lorsqu'il s'émeut soudainement. Nous sommes à la fois en antipathie et en empathie avec ce personnage. La partition a la qualité de ses apparitions discrètes mais néanmoins poignantes. Elle ne souligne jamais l'émotion, elle vient toujours en pointillé, davantage comme un point de suspension que comme une d'exclamation. 

 

Un Certain Regard : LA CHAMBRE BLEUE (Mathieu Amalric )
BO : Grégoire Hetzel

Grégoire Hetzel retrouve Mathieu Amalric, treize ans après leur première collaboration pour LE STADE DE WIMBLEDON (2001), avec une partition lyrique pour la relation passionnelle entre Amalric et sa maitresse. Lors des scènes finales de procès, nous entendons un piano de Bach. Après avoir eu les honneurs de la compétition avec TOURNEE, Amalric revient avec LA CHAMBRE BLEUE à une forme plus intime, plus minimaliste, dans deux lieux, 3 personnages principaux, et une voiture. Il s'agit pourtant d'un polar adapté de Simenon, mais ce caractère secret et dérobé du film est sa force, sa puissance, sa beauté. A côté de cela, le cinéaste ne s'est pour une fois pas privé d'une musique orchestrale en convoquant le compositeur Grégoire Hetzel. Il nous parle d'ailleurs dans notre interview de cette necessité de la musique dans ce film.

 Interview du tandem Amalric / Hetzel

 

Semaine de la critique : Darker than midnight (Sebastiano Riso )
BO : Michele Braga

Le compositeur italien Michele Braga écrit une musique pour le premier film de son compatriote Sebastiano Riso. Michele Braga a composé plusieurs thèmes, très courts pour certains, revenant pendant le film selon les actions et les séquences (une mélodie de cordes seules, ou des cordes suivies de piano...). Pendant les scènes de flashback avec la famille de David, on peut entendre un bruit sourd, comme un bourdonnement.

Le film raconte l'histoire de David, un garçon de 14 ans à l'allure très féminine, qui quitte le domicile familiale, et trouve refuge à la Villa Bellini. David a un rêve en tête : celui de devenir chanteur. Ainsi, à plusieurs reprises les personnages chantent (on peut notamment entendre "Au Clair de Lune" fredonnée), et la chanson "Amore Strella" de Donatella Rettore revient plus particulièrement.

 Voir le tracklist du film

 

ACID : Qui vive (Marianne Tardieu)
BO : Sayem (Sylvain Mignot)

Le compositeur Sayem (Sylvain Mignot) écrit une musique pour le premier long-métrage de la réalisatrice Marianne Tardieu. Il propose un thème planant omniprésent qui contribue à l'ambiance anxiogène en contrepoint de l'histoire d'amour. Le film suit le parcours du personnage incarné par Reda Kateb, capte ses moindres mouvements, ce qui confère au film un caractère étouffant. Ce travail près du corps suit sa logique lorsque nous voyons le personnage danser sur "Culo (Miami MIx)" de Pitbull Feat. Lil Jon et "Pull Up" de Mr Vegas. 

 

En Compétition : Captives (Atom Egoyan )
BO : Mychael Danna

Le compositeur canadien Mychael Danna retrouve son fidèle compatriote Atom Egoyan pour la 12e fois sur grand écran pour ce thriller haletant avec sa partition qui joue sur le suspens, et sur les émotions du père dont la fille s'est faite kidnapper.

Le réalisateur affirme : "J'imagine de quelle manière la musique va rehausser l'action, voire à certains moments suggérer l'invisible. Quand l'émotion est contenue devant la caméra, la musique peut indiquer que tout n'est pas montré"

En générique de fin : "Remembering" - Jennifer Castle

 

Le compositeur argentin Gustavo Santaolalla travaille pour la première fois avec son compatriote Damian Szifrón. Produite par Almodovar, cette comédie corrosive à Sketches fait penser à des comédies italiennes des années 60, violente et immorale, certains moments sont réjouissants, voués à devenir culte comme un film débridé d'Alex de la Iglesias, même si l'on peut trouver répétitif et rébarbatif la succession des épisodes et un peu vain le propos général (des histoires de revanche, entre automobilistes, entre jeunes mariés, qui finissent de manière sanglantes). Le compositeur y signe des musiques de pastiche, même si l'on reconnait sa guitare qui a fait fureur sur "Brockeback Mountain" ou "Babel", elle est bien souvent déguisée : on pense à Nino Rota ou Morricone, et elle se rapproche du cartoon dans le soulignement des actions. 

 

En Compétition : Saint Laurent (Bertrand Bonello)
BO : Bertrand Bonello

Comme pour la plupart de ses films précédents (L'APOLLONIDE, DE LA GUERRE, MY NEW PICTURE), Bertrand Bonello compose la musique de son propre film, un biopic consacré au couturier Yves Saint Laurent, avec quelques nappes discrètes. Le film laisse surtout entendre des titres des années 60/70 (Velvet Underground, Magali Noel...), des titres de Northern Soul (The Metros,  Luther Ingram) ainsi que des airs classiques (Bach). 

Yves Saint-Laurent chante habillé en femme ""Fais-moi mal Johnny" de Magali Noel, Léa Seydoux danse sur "Didn't Say A Word" de Patti Austin...

 Ecoutez le tracklist du film

 

Quinzaine des réalisateurs : Les Combattants (Thomas Cailley )
BO : Hit'n Run (Benoit et Lionel Rault)

Pour la musique de son premier long-métrage, le réalisateur Thomas Cailley fait appel au groupe Hit'n Run (formé de Benoit et Lionel Rault). Lionel Rault est par ailleurs connu sous le nom de Flairs en tant que musicien electro (et avait signé la BO des BEAUX GOSSES de Ryad Sattouf). La musique de cette comédie est justement très electro, que ce soit pour des morceaux au format pop (assez rythmés) que des passages plus bruitistes et atmosphériques qui accompagnent les instants plus "cosmiques" du film.

Propos du réalisateur : "Je ne voulais pas d'une musique "intérieure" qui donne une lecture des sentiments, des états d'âme des personnages. La musique d'Hit'n'Run m'a tout de suite plu car elle embarque tout, sans avoir ce côté froid, un peu bulldozer qu'a souvent la musique électronique. Leurs morceaux ont une vraie puissance épique, qui imprime une énergie aux plans. "

 Lire l'intégralité des propos du réalisateur

 Interview de Lionel Rault, l'un des compositeurs

 

En Compétition : The Homesman (Tommy Lee Jones )
BO : Marco Beltrami

Marco Beltrami retrouve Tommy Lee Jones après TROIS ENTERREMENTS pour une nouvelle production Europa Corp avec un thème au piano décliné, et des titres plus bruitistes. Les acteurs Tommy Lee Jones et Hilary Swank y chantent à l'écran quelques chansons.

Le film est assez lent dans son rythme, crépusculaire, sans véritable enjeu ni action, c'est plutôt le récit d'un quotidien et le portrait d'un homme qu'incarne le réaliateur lui-même. La partition de Marco Beltrami est comme une ballade. 

 

 


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