Quentin Tarantino annonce Morricone pour “The Hateful Eight”, faut-il le croire ?

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- Publié le 13-07-2015




Le cinéaste Quentin Tarantino a indiqué lors du Comic Con de San Diego que le compositeur italien Ennio Morricone allait signer la musique de son western “The Hateful Eight”. ”Cela sera son premier western en 40 ans”, a-t-il ajouté. Rien d’étonnant pour le compositeur de Sergio Leone de figurer dans cet hommage au genre, surtout lorsque l’on sait que le réalisateur vénère l’oeuvre du Maestro au point de la compiler dans ses films. Mais cette hypothétique collaboration ne date pas d’aujourd’hui et a déjà été maintes fois avortée. 

Tout d'abord un rectificatif : suite aux propos de Tarantino énoncés lors du Comic Con, certains médias (qui ne font pas la distinction entre une musique originale et une musique d'emprunt) évoquent des retrouvailles entre le réalisateur et le compositeur. Faux : ces deux artistes n'ont jamais travaillé ensemble. Tarantino s'est juste contenté (avec grand talent) d'utiliser ses musiques pour d'autres films au sein des BO de "Django Unchained", "Inglourious Basterds" ou encore "Boulevard de la mort" et "Kill Bill".

Ce désir pour le cinéaste américain de proposer à Morricone une vraie collaboration pour la création d'une musique originale ne date pas d'aujourd'hui. Il avait déjà pensé à lui en 1994 pour "Pulp Fiction" mais l'intéressé lui avait répondu "Non, merci". Plus récemment, cette collaboration avait été envisagée pour "Inglourious Basterds" (2009), Morricone avait accepté comme nous l'indiquions ici, avant de se rétracter par la suite.

Une association entre ces deux tempéraments forts et intègres n'est pas aisée. Le cinéaste s'avère intransigeant sur la question musicale, préférant être le seul maître en compilant des titres existants. Il avait même affirmé lors d'une leçon de cinéma donnée à Cannes "Je ne fais pas confiance aux compositeurs de musiques de films".

Ennio Morricone de son côté est attentif à l'utilisation qui est faite de ses musiques. Pour UN CRIME (2006) de Manuel Pradal (réalisateur qui avait l'habitude de travailler avec Carlo Crivelli, mais le choix de Morricone avait été imposé par la production), le Maestro a souhaité se décréditer après avoir composé une partition maintenue dans le film (la mention "musique de..." n'apparait pas).
Et dernièrement, c'est avec Tarantino lui-même qu'il s'est faché. Il n'avait pas apprécié l'utilisation faite de ses musiques dans "Django Unchained" et avait alors affirmé qu'il n'autoriserait plus le cinéaste à utiliser ses musiques.

Ainsi, si cette collaboration (qui est devenue au fil du temps une vraie arlésienne) se confirme, cela marquera des réconciliations pour l'un et l'accomplissement d'un rêve pour l'autre. L'un et l'autre, comme un couple, devront faire des efforts pour marier leur art. Au cinéaste de laisser au compositeur sa marge de manoeuvre (en lui faisant confiance et en écoutant ses propositions), et au compositeur d'oublier son ego pour se mettre au service d'un film et d'un réalisateur.

Il se pourrait que Morricone n'écrive qu'un seul thème que Tarantino pourra utiliser à sa guise. Cela ne serait ainsi pas une véritable collaboration sur tout le récit d'un film, mais donnera tout de même lieu à une nouvelle musique de Morricone pour un western, réjouissant toutes les parties, et surtout les amateurs du compositeur.

Mentionnons au passage que nous entendrons Ennio Morricone dans "En mai, fais ce qu'il te plaît" de Christian Carion (sortie en novembre 2015), une nouvelle étape à une histoire également trouble entre le musicien et le cinéma français.

 


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